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Des membres des forces spéciales guinéennes paradent, acclamés par la foule, le 5 septembre à Conakry. |
Le comité désormais à la tête de ce pays important producteur de bauxite et de minerais "assure les partenaires qu'il respectera toutes ses obligations liées aux conventions minières, et rappelle son engagement à favoriser les investissements étrangers", a déclaré le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya lors de sa première apparition en public au lendemain d'un putsch éclair.
Il a promis l'installation d'un "gouvernement d'union nationale" chargé de conduire une "transition" politique. Ce gouvernement sera issu d'une "concertation" dont il n'a pas précisé les modalités, pas plus que la durée de la "transition".
Le commandant des forces spéciales s'adressait en uniforme aux anciens ministres et présidents des grandes institutions, sommés d'honorer ce rendez-vous sous une vaste tente à l'extérieur du Palais du peuple, siège du Parlement, sous peine d'être considérés en état de "rébellion".
L'apparent épilogue de plus de dix années de régime d'Alpha Condé a suscité une large réprobation internationale. Mais le nouvel homme fort du pays a été salué à son arrivée au Palais du peuple par des centaines de Guinéens accrochés aux grilles et criant "liberté, liberté !" ou "vive l'armée!".
"Poursuite normale des activités"
La capitale, qui s'est réveillée sous couvre-feu avec un palais présidentiel bouclé par des hommes armés et des barrages de soldats contrôlant les accès au centre-ville, a été parcourue durant la journée par des véhicules chargés de militaires et paradant sous les ovations des habitants.
Les forces spéciales disent avoir capturé le président Condé pour mettre fin à "la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique" ou encore "le piétinement des droits des citoyens" et vouloir rendre "la politique au peuple".
Elles ont dissous le gouvernement et les institutions et aboli la Constitution qu'avait fait adopter M. Condé en 2020 et dont il s'était servi pour briguer la même année un troisième mandat, malgré des mois de contestation meurtrière.
Les militaires ont instauré un couvre-feu et fermé les frontières mais annoncé lundi 6 septembre la réouverture des frontières aériennes.
Ce coup de force, dernier en date en un an en Afrique subsaharienne après ceux au Mali et au Tchad, plonge dans l'incertitude l'un des pays les plus pauvres du monde malgré des ressources minérales et hydrologiques considérables. Il a provoqué l'inquiétude des anciens tenants du pouvoir et les interrogations des partenaires.
La Guinée est l'un des premiers producteurs mondiaux de bauxite, principal minerai pour la production d'aluminium. Elle possède des gisements de fer, d'or et de diamant. Beaucoup de compagnies étrangères sont liées par contrat à la Guinée et Alpha Condé se targuait d'avoir attiré nombre d'entre elles.
Les évènements ont désarçonné une offre d'aluminium déjà défaillante et contribué à faire monter son prix à son plus haut en dix ans sur le marché des métaux à Londres.
Le comité assure "les partenaires économiques et financiers de la poursuite normale des activités" en Guinée, a dit le lieutenant-colonel Doumbouya. Il a demandé aux compagnies minières de continuer à travailler ; "à cet effet les frontières maritimes restent ouvertes pour les activités d'exportation". Le couvre-feu est levé dans les zones minières, a-t-il ajouté.
Foule en liesse à Conakry après le coup d'État contre le président Alpha Condé, le 5 septembre. |
Le coup de force surprise de dimanche 5 septembre parachève des mois de crise politique et économique, aggravée par la pandémie de COVID-19, sous la présidence de M. Condé, caractérisée par un exercice de plus en plus solitaire du pouvoir.
L'ancienne élite morigénée
Ce coup d'État s'inscrit dans l'histoire tourmentée de ce pays éprouvé, dirigé pendant des décennies depuis l'indépendance en 1958 par des régimes autoritaires, et coutumier des actions brutales de ses forces armées.
Aucun décès n'a été rapporté officiellement dans le putsch. Mais le journal électronique Guinéenews a fait état d'au moins cinq morts dans les rangs des forces présidentielles.
La junte a ordonné aux membres de la garde de M. Condé de se regrouper hors de Conakry.
L'ONG Amnesty International a pressé la junte de "protéger et garantir les droits humains de l'ensemble de la population guinéenne, victime depuis des années de violations et de répression".
Le lieutenant-colonel Doumbouya s'est employé à tranquilliser ses concitoyens.
Mais, malgré un gros attroupement auprès de la prison centrale, ces libérations se sont fait attendre tout l'après-midi.
AFP/VNA/CVN