Priorité aux soins des insulaires

Il suffit de regarder un atlas géographique : le Vietnam est un pays maritime. Ondulant comme un dragon de quelque 1.650 km du Nord au Sud, il étire ses côtes, ses milliers d'îles et d'archipels, sur plus de 3.260 km, le long de la mer Orientale.

Vaste étendue d'environ 3,5 millions de kilomètres, soit 8 fois plus que la mer Noire et 1,2 fois la Méditerranée, la mer Orientale fait partie de l'océan Pacifique, qui couvre presque la moitié de la planète. Les eaux territoriales du Vietnam regroupent de nombreuses îles et archipels, dont Hoàng Sa et Truong Sa qui occupent une position importante et sensible, à laquelle le pays est particulièrement attentif. Immense réservoir de ressources naturelles, la mer Orientale attire depuis toujours une nombreuse population, littorale et insulaire, qui a pour charge de les préserver en les exploitant rationnellement, et de respecter leur développement durable.

Les zones côtières comptent actuellement 28 villes et provinces d'échelon central, 148 unités administratives au niveau de districts, près de 30 millions d'habitants (soit un tiers de la population nationale), dont 8,3 millions de femmes en âge de procréer. Selon les prévisions, avec une croissance démographique annuelle de 1,6-1,7%, ces régions devraient représenter 34 millions d'habitants en 2015, la population active passant de 16,2 millions de personnes à 17 millions en 2020.

Ces derniers temps, le Parti et l'État se sont particulièrement intéressés aux questions socio-économiques des régions maritimes et insulaires, la vie des habitants n'ayant cessé de s'améliorer. Cependant, elle relève de nombreux défis à cause des conditions géographiques et climatiques, de la longue durée du travail de la pêche en mer, de la migration des habitants vers les zones économiques maritimes, des catastrophes naturelles, de l'invasion de l'eau de mer... "Les régions maritimes et insulaires sont particulièrement difficiles d'accès, isolées de la terre ferme, avec une population éparpillée, qui doit faire face à de nombreux risques sanitaires et naturels", indique le Docteur Nguyên Quôc Triêu, membre du Comité central du PC vietnamien et ministre de la Santé. Ainsi, l'accès aux services sociaux élémentaires, dont les soins médicaux, ceux de la santé des accouchées et des enfants, de la santé génésique et le planning familial, est-il encore limité. Certaines communes littorales n'ont même pas de postes médicaux et nombre de ceux-ci ne disposent pas de docteur... C'est pourquoi, le 27 février 2010, lors de la Journée des médecins du Vietnam, le ministre de la Santé a souligné l'une des priorités de son secteur : "…apporter et développer les soins aux habitants des régions maritimes et insulaires".

Il s'agira pour cela de créer et de développer une spécialité médicale et un réseau sanitaire national en faveur des régions maritimes, d'accélérer la mise en œuvre du projet de contrôle de la population maritime, insulaire et littorale pour la période 2009-2020 (Projet 52 du gouvernement). Conformément à une résolution du Parti sur la Stratégie maritime du Vietnam à l'horizon 2020, ce projet est considéré comme une politique ciblée particulièrement nécessaire. Sa mise en œuvre a une signification "extrêmement importante", manifestant "l'intérêt du Parti et de l'État" vis-à-vis de la population dans ces zones, une force qui "contribue considérablement" au développement économique du pays (plus de 50% du PIB national) et à la garantie de la sécurité des frontières maritimes de la Patrie, selon M. Triêu.

Pour le ministre, d'ici 2020, le secteur de la santé devrait fixer des objectifs concrets pour établir et développer le réseau sanitaire en faveur des régions maritimes et insulaires.

Environ 95% des insulaires auront accès aux services sanitaires

Il s'agit, entre autres, d'investir dans la construction de l'Institut de la médecine maritime du Vietnam, de faire de la Faculté de la médecine maritime de l'École supérieure de médecine de Hai Phòng (Nord) un Institut de cette spécialité de premier rang national, doté d'équipement moderne...

Il importe, en outre, de mettre en oeuvre le projet 52 pour que pendant sa première phase (2009-2015), la qualité des indicateurs démographiques, des services de soins de la santé des accouchées et des enfants, de la santé génésique, du planning familial... soit améliorée. La 2e étape (2016-2020) se concentrera notamment sur le fonctionnement du système d'information et de gestion de la démographie et du planning familial.

Grâce à ce projet, la population maritime, insulaire et littorale ne devrait pas dépasser les 32 millions de personnes en 2010, 34 millions en 2015 et 37 millions en 2020. Le taux de couples en âge de procréer utilisant des moyens contraceptifs atteindrait 70% en 2010, puis 72% de 2015 à 2020. Le taux d'insulaires et de travailleurs dans les zones industrielles, franches, touristiques et économiques implantées dans les régions maritimes et côtières, qui bénéficient des services de soins de la santé des accouchées et des enfants, de la santé génésique et du planning familial, devrait atteindre 60% en 2010, 80% en 2015 et 95% en 2020.

Le projet est certes ambitieux et nécessitera de gros investissements en moyens et en hommes, mais l'amélioration de la santé de la population littorale et insulaire est un défi à la hauteur de cette ambition. En effet, il s'agit de maintenir un point d'équilibre démographique et économique pour éviter une surpopulation qui paradoxalement appauvrirait le secteur maritime et augmenterait les risques de pollutions diverses, tout en maintenant un haut niveau de santé d'une population qui puisse se développer harmonieusement dans un environnement socio-économique dynamique et riche de perspectives. Depuis la nuit des temps, la population littorale et insulaire a pris soin de préserver les richesses de la mer au profit du pays, aujourd'hui c'est au pays de prendre soin de cette population.

Hông Nga/CVN

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