Priorité à la prévention du retour d'une inflation

L'économie mondiale va s'améliorer en 2010, et c'est donc le moment approprié pour assouplir les politiques financières et monétaires afin de s'assurer d'équilibres macroéconomiques stables, a indiqué Vu Viêt Ngoan, vice-président de la Commission de l'économie de l'Assemblée nationale, lors d'une interview accordée au journal en ligne VnExpress.net

* La reprise de l'économie nationale est le résultat des mesures du gouvernement prises pour soutenir l'économie. Comment les appréciez-vous ?

Pour une année de crise puis de récession mondiale, le pays a connu une croissance économique de 5,32% et un taux d'inflation de 6,52% seulement. Il s'agit d'un succès notable. Cela dit, les effets de cette crise comme des mesures gouvernementales sont davantage constatables en cette période de reprise. En effet, les politiques financières et monétaires qui ont été assouplies en 2009 pour soutenir l'économie entraînent une pression en termes d'inflation et d'équilibre macroéconomique. Ainsi, pour donner un exemple, la bonification d'intérêt des crédits destinés aux entreprises, en rendant possible la baisse de leur coût de production et prix de revient pour leur permettre de surmonter les difficultés, a eu pour revers une forte croissance des crédits, de l'ordre de 40%. Les entreprises demandant des prêts en dông, au lieu de crédits en devises afin de bénéficier de cette bonification d'intérêt, ce qui a entraîné un déséquilibre de l'offre et de la demande en devises, générant à son tour une pression sur le taux de change. Globalement, les mesures de soutien de l'économie sont adéquates, mais si nous avions mieux choisi le moment de leur application, les résultats auraient été bien meilleurs...

* Quelles perspectives, selon vous, pour l'économie nationale en 2010?

L'économie mondiale est en phase de relance, ce qui favorise celle de l'économie vietnamienne. Certains se préoccupent des risques qui demeurent, jusqu'à une nouvelle crise ou récession même. Je penche toutefois pour la relance, l'hypothèse d'une "rechute" m'apparaissant négligeable. Dès la reprise de l'économie mondiale, les exportations nationales bénéficieront de meilleures conditions en comparaison de celles de 2009. En particulier, le pétrole brut ainsi que les produits agricoles et alimentaires, parmi les exportations majeures du pays, disposeront de nouveaux avantages en raison de l'augmentation des cours mondiaux. Sur le marché domestique, les politiques de 2009 continueront de produire leur effet, sans omettre la mise en service de plusieurs projets qui sera bienvenue pour notre économie. S'agissant de l'investissement étranger, selon les estimations faites, de grands montants comme ceux d'avant la crise sont peu prévisibles. Mais nous disposerons néanmoins de bonnes opportunités car bon nombre d'investisseurs et groupes mondiaux recherchent de nouveaux sites d'implantation. Si croissance économique et stabilité sociopolitique sont maintenues, il y aura de réelles perspectives pour notre pays.

* Quels défis sont à affronter cette année ?

Résolument, taux de change et inflation sont les 2 premiers défis de 2010 pour notre économie. Ils résultent pour partie des effets de la crise économique mondiale, et pour l'autre, de ceux des politiques économiques d'assouplissement de 2009. Par ailleurs, notre but est également de ramener le déficit du commerce à 12 milliards de dollars. Mais on n'espère pas de forte augmentation des investissements indirects au Vietnam, ni même dans le secteur du tourisme. La balance des paiements ne peut à elle seule rétablir un équilibre. Ces points sont attentivement surveillés par le gouvernement qui souscrit des crédits de long terme auprès de la Banque mondiale, de la Banque asiatique pour le développement et du Japon, et émet par ailleurs des obligations gouvernementales à l'étranger afin de mobiliser des capitaux. L'inflation va se faire sentir aussi : les prix sur le marché domestique subiront l'influence non seulement de la tendance à la hausse des cours mondiaux mais aussi des réajustements des salaires, du coût de biens importants tels que électricité, charbon, eau...

* La banque Hong Kong-Shanghai HSBC prévoit pour le Vietnam un taux d'inflation à 2 chiffres et un taux d'intérêt de base d'entre 8 et 12%. Qu'en pensez-vous ?

À mon avis, il s'agit d'une estimation quelque peu pessimiste. Selon la Commission de l'économie de l'Assemblée nationale, le taux de l'inflation en 2010 pourrait dépasser celui de 2009 d'environ 1,5%. Si l'inflation atteint 8%, ce ne sera pas trop préoccupant. Evidemment, cela dépendra principalement de l'application des politiques gouvernementales. Si l'objectif principal est la stabilité des indices macroéconomiques avec une croissance économique de 6,5% et des politiques monétaires souples, il ne sera pas difficile de limiter l'inflation à 8%. Mais il faudra nécessairement suivre l'évolution du marché. Et même avant cela, prendre des mesures pour rééquilibrer l'offre et la demande sur le marché monétaire pour lui éviter une instabilité. Quant aux entreprises, je pense qu'elles ont bien surmonté les difficultés de la crise mais qu'elles devront poursuivre leurs efforts de maintien et de renforcement de leur production.

* Cao Sy Kiêm, ex-gouverneur de la Banque d'État du Vietnam et membre du Conseil national de consultation en matière monétaire
La majoration des prix du pétrole, de l'électricité, de l'eau et des billets d'avion en mars entraîne la hausse du prix des autres marchandises. Alors que l'activité en matière de mobilisation et de crédit bancaire n'a pas augmenté lors de ces 3 derniers mois, ce qui a des conséquences pour la production. Mais c'est l'annonce d'une majoration du prix des entreprises et des organisations qui menace d'un retour d'une forte inflation. Selon moi, il faut plus de rigueur dans l'investissement public et réduire les dépenses publiques. Mais l'investissement dans les projets urgents et la création d'emploi doivent être maintenus. Pour moi, une croissance des crédits de 25-27% et un taux d'inflation autour de 8% sont acceptables.
* Nguyên Bich Lâm, vice-directeur du Département général des statistiques
Avec l'évolution complexe de l'économie nationale sous les effets de la récession mondiale, l'objectif de limiter l'inflation en dessous de 8% est difficile à atteindre, mais les efforts en la matière doivent être maintenus en tout état de cause. Actuellement, la reprise de la consommation pousse à la hausse des prix. Parallèlement, le coût des matières premières pour la production industrielle a lui aussi tendance à augmenter. Mais cette année, le point particulier tient aux effets de la croissance des crédits et des moyens de paiement de 2009, à quoi il faut ajouter la majoration du prix des premières nécessités telles que électricité, eau, charbon... ainsi que le réajustement des salaires par les entreprises pour attirer des ouvriers. Ces derniers sont tous menacés en cas de forte inflation, laquelle m'apparaît difficile à maintenir en dessous de 8% cette année.

Tùng Chi/CVN

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