Présidentielle française : le vote du premier tour a commencé outre-mer

Silence, on vote ! De premiers électeurs ont commencé samedi 9 avril à se rendre aux urnes, outre-mer et à l'étranger pour le premier tour de l'élection présidentielle française, alors que la métropole devra attendre dimanche 10 avril pour départager les 12 candidats d'un scrutin qui s'annonce serré.

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Un électeur d'outre-mer dépose son bulletin dans l'urne lors du premier tour de l'élection présidentielle française, le 9 avril 2022 à Saint-Pierre-et-Miquelon.
Photo : AFP/VNA/CVN

Enorme inconnue de cette 11e élection présidentielle au suffrage universel de la Ve République: le taux d'abstention.

Nombre de politologues craignent que le record du 21 avril 2002 (28,4%), le plus haut niveau jamais enregistré pour un 1er tour d'une élection présidentielle, puisse être battu, soit bien plus qu'en 2017 (22,2%) qui n'était déjà pas un bon millésime.

L'élément nouveau est le taux important d'électeurs indécis, qui fait peser une incertitude "non négligeable" sur le scrutin, selon le politologue Pascal Perrineau.

En attendant les premiers résultats dimanche 10 avril à 20h00, réunions publiques, distributions de tracts et propagande numérique sont interdits.

Les bureaux de vote ouvriront à 08h00 dimanche 10 avril en métropole et aucune interview ni aucun sondage ou estimation ne pourra être publié avant les résultats.

Deux candidats, Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon se sont toutefois rendus à la marche organisée samedi à Paris pour le climat et la justice sociale.

Pour tenir compte du décalage horaire, certains électeurs d'outre-mer votent dès samedi 9 avril.

Privés de vote à Shanghaï

St-Pierre-et-Miquelon a ouvert le bal à 08h00 (midi à Paris), suivi de la Guyane, de la Martinique, de la Guadeloupe, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy.

Le Pacifique prend ensuite le relais, avec la Polynésie qui a commencé à voter alors qu'il était 20h00 à Paris, Wallis et Futuna et La Nouvelle-Calédonie.

Des électeurs votent pour le premier tour de la présidentielle française.
Photo : AFP/VNA/CVN

En Polynésie, le taux de participation était de 12,34% à midi contre 22,24% à la même heure en 2017, selon les estimations du Haut-commissariat.

"C’est important de voter, c’est le moment où tu choisis si tu veux le bien ou le mal, c’est quand même le président qui gère ta vie", a témoigné Annette Tehariki, une Polynésienne de 57 ans venue voter en fauteuil roulant.

Dans l’Océan indien, où le décalage horaire est moindre, La Réunion votera dimanche à 06h00 heure de Paris et Mayotte à 07h00.

Certains Français installés à l'étranger sont aussi en avance, mais ceux résidant à Shanghaï ne pourront pas voter, la plus grande ville de Chine étant confinée au nom de la stratégie chinoise du zéro COVID.

"Ce qui m’a marqué ce matin c’est de me dire finalement que dans le contexte de ce qui se passe en Ukraine et en Russie, la chance qu’on a en tant que Français de pouvoir aller voter en démocratie, d’avoir le choix", a déclaré à l'AFP à New York Antoine Jounet, un électeur installé là-bas depuis trois ans : "Cela m’a renforcé dans l’idée que c’était une obligation d’aller voter parce que c’est une chance que nous avons et que d’autres n’ont pas".

En France, des masques chirurgicaux seront à disposition dans tous les bureaux de vote. Leur port ne sera pas obligatoire, mais "fortement recommandé" pour les personnes fragiles et celles récemment testées positives au COVID-19.

"Rupture"

"Nous avons connu une étrange campagne qui s'est déroulée en rupture avec tout l'imaginaire des présidentielles", explique Frédéric Dabi, directeur de l'Ifop.

Une campagne "inédite" pour plusieurs raisons: la guerre en Ukraine qui l'a "anesthésiée", un "faible intérêt" qui tranche avec les élections précédentes, et l'absence de "l'habituelle confrontation des projets" entre les candidats en lice.

"Nous avons une sorte d'archipélisation des débats avec de petits duels", notamment entre le polémiste d'extrême droite Eric Zemmour et la candidate LR Valérie Pécresse ou entre l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon et les autres candidats d'une gauche fragmentée, l'écologiste Yannick Jadot, le communiste Fabien Roussel, la socialiste Anne Hidalgo ou les trotskystes Philippe Poutou et Nathalie Arthaud.

Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan et le député béarnais Jean Lassalle ont regretté une campagne sans débat.

Front républicain "érodé"

Pour conjurer l'indécision et l'abstention, les candidats se sont démultipliés la dernière semaine de campagne: derniers grands meetings, exposition médiatique, ultimes déplacements sur le terrain.

Le président sortant, qui s'est toujours maintenu en tête des sondages, est entré en campagne tardivement, empêché d'abord par la crise sanitaire, puis par l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Il s'est concentré sur un seul grand meeting national, samedi 2 avril à La Défense, mais a donné un coup d'accélérateur en fin de semaine, avec plusieurs interviews, effectuant même vendredi une visite impromptue sur un marché de Neuilly-sur-Seine.

Marine Le Pen, qui a effectué son dernier déplacement vendredi 8 avril dans l'Aude, a enclenché une dynamique ascendante après avoir été inquiétée par son rival d'extrême droite Eric Zemmour, se consolidant à la seconde place puis resserrant progressivement l'écart avec Emmanuel Macron.

Jean-Luc Mélenchon s'est hissé progressivement à la troisième place.

Mais les politologues n'excluent pas qu'une surprise puisse bousculer ce tiercé donné par les sondages.

Avant même l'issue du premier tour, plusieurs candidats se sont projetés dans la perspective d'un duel Macron-Le Pen au second tour, faisant apparaître des fissures dans le "front républicain" face à l'extrême droite.

"Cela fait un moment que le front républicain n'est plus ce qu'il était. Il a été érodé par le haut et par le bas", a expliqué le directeur de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein. "Ca reste un ressort", mais penser que ce ressort "suffira est une illusion".

AFP/VNA/CVN

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