Vu la faiblesse de la coalition gouvernementale à Prague et le pouvoir de nuisance du président eurosceptique Vaclav Klaus, certains diplomates redoutaient l'arrivée aux manettes de l'Union européenne de la petite République tchèque, dans la "famille" européenne depuis 2004 seulement. D'autant qu'elle succédait à une présidence française hyperactive, emmenée par Nicolas Sarkozy. Cédant la place avec regret, il avait prévenu qu'il continuerait à "prendre des initiatives".
Ce qu'il a d'ailleurs fait dès le 5 janvier, en sillonnant le Proche-Orient pour réclamer un cessez le feu et une trêve humanitaire. Il a ainsi relégué au "second rôle" la mission de l'UE emmenée par le chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg, partie elle aussi dans la région demander une trêve, souligne l'analyste Antonio Missiroli, du Centre de politique européenne. Mais la mission partait de toutes façons handicapée : les Européens n'ont pas l'influence des États-Unis dans la région et refusent tout contact avec le Hamas.
Pour ne rien arranger, le porte-parole de M. Topolanek a jugé initialement l'attaque israélienne "plus défensive qu'offensive".
Cette "bavure", rapidement rectifiée, montre que la République tchèque, est encore "en rodage" et doit savoir "transposer sa politique nationale sur le plan européen", selon le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn.
Mais c'est sur le conflit gazier russo-ukrainien - qui a entraîné la coupure des livraisons de gaz russe acheminé vers l'Europe via l'Ukraine - que la présidence tchèque a été la plus impliquée et la plus observée.
Elle a donné d'abord "une impression de flottement", en soulignant que l'UE n'avait rien à voir dans ce contentieux alors qu'elle est "partie prenante", analyse Thomas Klau, chercheur au Conseil européen pour les relations étrangères, basé à Londres. Mais Mirek Topolanek s'est repris depuis jeudi, poussé à l'action par son homologue polonais Donald Tusk notamment.
Après plus de 24 heures de navette entre Moscou et Kiev, il a fini par obtenir un accord des 2 parties qui devrait permettre une réouverture rapide des robinets de gaz russe - même si Moscou n'était toujours pas passé à l'acte le 11 janvier soir. Et si de nouveaux rebondissements ne sont pas exclus -le contentieux sur le prix que paie l'Ukraine pour son propre gaz russe reste entier- ce ne sera pas la faute des Tchèques, conviennent les analystes.
AFP/VNA/CVN