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La marque l'e-garage Revolte à Carquefou, le 30 novembre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Quand un propriétaire de voiture électrique tombe en panne, on lui propose souvent de changer entièrement la batterie ou le chargeur", explique Alexis Marcadet, 35 ans, directeur général et cofondateur de Revolte, présenté comme le premier "e-garage" de France.
"C’est comme si on allait chez le médecin pour un problème de toux et qu’il nous proposait une greffe de poumon", estime celui qui travaillait auparavant dans la location de scooters électriques.
La société Revolte, qui emploie une quinzaine de personnes, a été fondée en 2020, quand déjà plus de 300.000 véhicules électriques et hybrides rechargeables circulaient en France, selon les chiffres du ministère de la Transition écologique.
Après un prototype testé à Rennes, une soixantaine d’investisseurs privés ont permis l’ouverture de ce garage flambant neuf, plutôt silencieux et où aucune goutte d’huile n’est venue tacher le sol ni aucune odeur d’essence ne prend aux narines. Dans l'atelier, pour faire durer les véhicules, les e-mécaniciens veillent à détecter la cause précise de la panne parmi les composants ou sous-composants électriques.
"Il suffit parfois de remplacer une petite partie de la batterie, un simple contacteur ou une résistance", détaille Jérémie Noirot, 38 ans, cofondateur de Revolte, qui travaillait auparavant à la SNCF.
"Quand remplacer une batterie peut coûter jusqu’à 17.000 euros, remplacer une carte électrique à l’intérieur coûte dix fois moins cher", assure-t-il, en évaluant à environ 2.000 euros le montant moyen des devis proposés.
"Nous nous adressons aux pionniers qui ont acheté une voiture électrique avant 2015 et ne sont plus sous garantie", décrit Alexis Marcadet. "Ils font face à des services après-vente dédiés aux voitures thermiques qui n’ont pas les capacités, les outils ou les lieux pour réparer leur voiture", poursuit-il.
"Grande technicité"
Pointant du doigt la nécessité de "la création d’une véritable filière", l'expert en mobilité et environnement pour l’association 40 millions d’automobilistes, Fabrice Godefroy constate des difficultés pour "obtenir des informations auprès des équipementiers et des constructeurs" pour l'après-vente sur les véhicules électriques.
"Un véhicule électrique demande une plus grande technicité et il ne faudrait pas qu’à terme, ils deviennent trop coûteux en réparation" et par conséquent des "voitures jetables", fustige-t-il. Les voitures prises en charge par Revolte (des Renault Zoé, Peugeot iOn, Citroën C0, Nissan Leaf, Kia Soul ou encore une DS5 hybride) sont bien espacées les unes des autres pour des raisons de sécurité.
"Les batteries électriques étant en permanence sous tension, il faut faire attention à toutes nos manipulations", prévient M. Noirot, équipé de vêtements de sécurité et d’une visière pour protéger son visage.
Pour l’heure, il n’existe aucune filière de formation initiale pour devenir "e-mécanicien". Les membres de l’atelier possèdent donc soit des compétences en mécanique thermique, soit en électrotechnique.
Pour faire face à la demande - une centaine de voitures sont sur liste d’attente, selon le garage -, Revolte souhaite recruter une dizaine de "e-mécanos" sur l’année 2023. Une "académie Revolte" a d’ailleurs été créée pour former les nouvelles recrues et faire découvrir ce métier à des jeunes ou des professionnels en reconversion.
"Dans le secteur automobile, le recrutement est un vrai challenge mais on mise sur notre recherche de durabilité pour nous différencier", confie Pauline Toussaint, 32 ans, responsable de l’académie. La jeune entreprise espère prouver que ce concept de "e-garage" a de l’avenir avant d’essaimer ailleurs en France.
AFP/VNA/CVN