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Le logo de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi à Yokohama. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
C'est la confirmation d'une forte accélération de l'Alliance dans l'électrification, puisque ses trois membres ont investi au total plus de dix milliards d'euros dans ce domaine jusqu'à présent. Il s'agit aussi des premiers objectifs chiffrés livrés par l'Alliance depuis le renouvellement des dirigeants de Renault et Nissan après la chute de Carlos Ghosn fin 2018, laquelle avait provoqué une grave crise de confiance entre les deux partenaires.
"Il y a trois ans, l'Alliance traversait une crise sans précédent dans son histoire sur fond d'un manque de confiance", a rappelé jeudi 27 janiver le président de l'Alliance et de Renault, Jean-Dominique Senard, lors d'une conférence de presse en ligne. Mais "cette crise est révolue", et l'Alliance est aujourd'hui "plus forte que jamais", avec des "fondations solides" et une "coopération flexible", a insisté M. Senard.
"Longueur d'avance"
Les 23 milliards d'euros d'investissements de l'Alliance dans l'électrification prennent en compte les plans stratégiques respectifs déjà dévoilés par chacun de ses membres, a précisé la directrice financière de Renault, Clotilde Delbos. C'est à la fois beaucoup et peu comparé aux méga-investissements dans l'électrique annoncés par de grands rivaux mondiaux, comme l'allemand Volkswagen et l'américain Tesla.
Mais "nous avons une longueur d'avance de plus de dix ans" par rapport à Volkswagen en matière d'expérience dans les véhicules électriques, a plaidé Mme Delbos, en faisant allusion aux modèles pionniers de Renault (Zoé) et Nissan (Leaf) lancés dès le début des années 2010. La feuille de route 2030 de l'Alliance prévoit aussi le renforcement de l'utilisation de plateformes communes entre les trois constructeurs, devant concerner 80% de leurs 90 modèles en 2026 (toutes technologies de motorisation confondues), contre 60% aujourd'hui.
"Cela permettra à chaque entreprise de se concentrer davantage sur les besoins de ses clients, ses modèles emblématiques et ses marchés clés, tout en étendant à moindre coût les innovations à l'ensemble de l'Alliance", selon le communiqué. Même bâtis sur des plateformes communes, une "différenciation intelligente" restera de mise entre les modèles des différents constructeurs, afin de veiller à la "distinction" de chaque marque, a précisé le directeur général de Nissan Makoto Uchida.
Un futur modèle Nissan made in France
Concernant les 35 nouveaux modèles électriques des trois constructeurs d'ici à 2030, 90% d'entre eux seront produits sur cinq plateformes communes de l'Alliance au niveau mondial. La toute dernière de ces plateformes, CMF-BEV, doit être lancée en 2024 sur le site ElectriCity, le nouveau pôle industriel électrique du constructeur français dans le nord de la France.
Cette plateforme équipera 250.000 véhicules par an sous les marques Renault, Alpine et Nissan. Le groupe japonais a annoncé jeudi qu'un nouveau véhicule électrique compact de sa marque sera fabriqué sur le pôle ElectriCity pour remplacer la Nissan Micra, qui était produite dans l'usine Renault de Flins (Yvelines).
L'Alliance est repartie de l'avant il y a deux ans, en se dotant d'un nouveau schéma de collaboration, avec un constructeur "référent" pour chaque grande zone géographique et chaque grand domaine technologique, afin de mieux exploiter les points forts de chacun.
Ce système va être encore enrichi : Nissan va piloter le développement de sa technologie innovante de batteries électriques lithium-ion à l'état solide "au bénéfice de tous les membres de l'Alliance", tandis que Renault sera "leader sur le développement d'une architecture électrique et électronique commune", selon le communiqué des trois groupes.
Mitsubishi Motors va quant à lui tenter de se relancer en Europe en lançant deux nouveaux véhicules dans la région, dont son nouveau SUV ASX qui sera basé sur des modèles de Renault. Sur l'épineux sujet de l'équilibre des participations croisées entre Renault et Nissan (le constructeur français possède plus de 43% de Nissan, tandis que le groupe japonais détient seulement 15% de Renault, sans droits de vote), M. Senard a rappelé jeudi 27 janvier que ce sujet n'était "pas sur la table aujourd'hui".
AFP/VNA/CVN