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>>Afghanistan: pour les talibans, les pourparlers butent sur le retrait des troupes américaines
Des responsables afghans et des talibans réunis à Doha, capitale qataris, le 7 juillet. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Co-organisée par le Qatar et l'Allemagne, la rencontre entre talibans et divers hauts responsables afghans, qui a débuté dimanche 7 juillet, devait s'achever tard lundi soir 8 juillet.
Elle survient au moment où les États-Unis cherchent à se désengager d'Afghanistan, après 18 ans d'intervention militaire, soit la plus longue guerre de leur histoire.
Quelque 70 délégués afghans sont présents à Doha: outre les talibans, des membres du gouvernement et des élites politiques, dont des opposants, des représentants de la société civile et des médias ainsi que des femmes.
L'envoyé spécial du Qatar pour l'antiterrorisme, Mutlaq al-Qahtani, a fait état de "progrès" réalisés par chaque partie.
"D'ici à la fin de soirée, nous pourrons arriver à une conclusion positive acceptable pour chacun", a-t-il déclaré. "Nous sommes franchement surpris du sérieux des deux camps et de leur engagement à mettre un terme à ce conflit".
Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo s'était réjoui dimanche 7 juillet de la tenue de ce dialogue et a loué "le gouvernement (afghan), la société civile, les femmes et les talibans" pour leur participation.
Washington met les bouchées doubles afin d'arracher un accord politique avec les talibans avant l'élection présidentielle afghane, prévue le 1er septembre, et ouvrir la voie à un retrait des troupes américaines, arrivées fin 2001, selon les vœux du président Donald Trump.
"Conditions de la paix"
Pour les co-organisateurs qataris, l'objectif des discussions est de tracer "une feuille de route pour l'avenir de l'Afghanistan".
Asila Wardak (gauche), une membre du Haut conseil pour la paix, une instance de réconciliation afghane, lors de pourparlers interafghans, le 7 juillet à Doha. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Il s'agit de la troisième réunion du genre après deux rencontres à Moscou en février puis en mai.
"Le but est de négocier pour qu'ils se mettent d'accord entre eux sur les conditions de la paix", a expliqué dimanche 7 juillet le négociateur américain Zalmay Khalilzad.
Les entretiens interafghans se déroulent eux sans la participation directe des États-Unis ni la présence officielle de représentants du gouvernement de Kaboul, pourtant reconnu par la communauté internationale. Ces derniers ne sont là qu'"en leur qualité personnelle".
Les talibans refusent en effet de négocier avec le président afghan Ashraf Ghani.
Peu d'informations ont filtré de la première journée d'entretiens mais selon une déléguée, Asila Wardak, membre du Haut conseil pour la paix (HPC), une instance de réconciliation afghane, "tout le monde insiste sur un cessez-le-feu".
Tout accord de paix avec les talibans repose sur quatre piliers: un cessez-le-feu permanent, le retrait des forces américaines, l'assurance que l'Afghanistan ne servira pas de sanctuaire à des groupes insurgés et un dialogue interafghan.
Femmes et minorités
Selon la déléguée du HPC, Asila Wardak, les talibans ont discuté "du rôle des femmes, de développement économique et du rôle des minorités" dans tout règlement du conflit.
Mme Wardak s'est réjouit de progrès durant les discussions, tout en soulignant que les termes du communiqué final devraient être approuvés par l'ensemble des participants, ce qui pourrait s'avérer compliqué.
La rencontre interafghane survient après un dernier round de négociations directes entre Américains et talibans ces derniers jours à Doha, "le plus productif" à ce jour selon M. Khalilzad.
"Nous voulons un Afghanistan stable", a-t-il dit à des journalistes lundi 8 juillet.
Le porte-parole politique des talibans à Doha, Suhail Shaheen, s'est dit également "heureux des progrès" accomplis.
Les discussions bilatérales entre Américains et talibans reprendront le 9 juillet après une pause de deux jours.
Sur le terrain, les talibans, qui se considèrent en position de force, poursuivent leurs opérations.
Un attentat suicide revendiqué par les talibans a fait au moins douze morts et plus de 150 blessés, dont des dizaines d'enfants, dimanche 7 juillet dans l'Est de l'Afghanistan.