Pour l'ONU, l'austérité freine la sortie de crise

Les politiques d'austérité et de réduction budgétaire dans les pays développés freinent la sortie de crise sans réduire les déficits, estiment les Nations unies en prévoyant une croissance "de l'ordre de 1,5%" en 2013.

Les politiques d'austérité et de réduction budgétaire dans les pays développés freinent la sortie de crise. Photo : AFP/VNA/CVN

Selon la Conférence de l'ONU sur le commerce et le développement (CNUCED), la croissance mondiale devrait être "nettement inférieure" aux 2,3% attendus en 2012 (contre 4,1% en 2010 et 2,7% en 2011). Dans un rapport publié le 12 septembre, la CNUCED préconise une "redistribution du revenu par le biais d'une fiscalité progressive et des dépenses publiques" afin de réduire les inégalités.

L'austérité budgétaire et la compression des salaires affaiblissent la croissance dans les pays développés sans que soient obtenus les résultats escomptés en matière de réduction des déficits budgétaires, de création d'emplois et de rétablissement de la confiance des marchés financiers", écrit la CNUCED dans son "Rapport 2012 sur le commerce et le développement".

"Nous sommes dans une impasse : pour débloquer la situation, il faut que les salaires augmentent", a estimé Heiner Flassbeck, ancien ministre allemand des Finances et directeur du département Mondialisation et Stratégies de développement à la CNUCED en présentant le rapport à la presse, le 12 septembre à Genève. "Les gouvernements doivent envoyer un signal fort" : "imposer aux parties (patronat et syndicats) des hausses de salaires" et "indexer les salaires minimum sur la productivité et l'inflation pour les pousser vers le haut", a enchaîné M. Flassbeck.

L'économiste a rappelé qu'"après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs gouvernements avaient imposé ces hausses qui ont permis de faire repartir l'économie". "Si vous réduisez les salaires, ça déstabilise encore plus les marchés et la récession ne fait qu'empirer", a-t-il jugé. L'un des problèmes majeurs, selon lui, est l'absence d'investissements des gouvernements effrayés par la dette : "Le secteur privé épargne, chacun épargne et les gouvernements adoptent des mesures d'austérité. C'est très simple : l'économie va s'effondrer. On n'a pas les moyens d'exporter vers la Lune ou Vénus", a-t-il insisté. Il a dénoncé cette "religion de l'austérité" prônée par l'Allemagne et les autres pays européens de la zone euro.

Même la politique consistant à faire injecter massivement des fonds dans l'économie par les banques centrales (Quantitative Easing) n'a pas suffi à sortir de la paralysie, a poursuivi Heiner Flassbeck pour qui le monde s'est "engouffré dans un piège". Bien que plus faible que les années précédentes, la croissance dans les pays en développement devrait atteindre 5% en 2012 (et 4% dans les pays en transition). Selon le rapport, ils ont représenté 74% de la croissance mondiale entre 2006 et 2012.

AFP/VNA/CVN

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