Pollution : circulation alternée en place lundi en Île-de-France

Le gouvernement, accusé à la veille des départementales de frilosité pour mettre en place la circulation alternée en Île-de-France en dépit d'une pollution persistante, a finalement décidé que cette mesure rarissime serait appliquée lundi 23 mars dans la capitale et sa proche banlieue.

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"Je me réjouis que l'État ait accepté de mettre en place lundi 23 mars la circulation alternée, que je demandais depuis plusieurs jours", a annoncé samedi 21 mars sur Twitter, Anne Hidalgo, la maire de Paris, en visite à Tunis.

La pollution aux particules sévissant depuis cinq jours en Île-de-France, avec une nouvelle prévision de dépassement du seuil d'alerte samedi et du seuil d'information dimanche, le gouvernement n'avait plus guère le choix.

La circulation alternée à Paris a été mise en oeuvre seulement deux fois : en 1997 lors d'un pic d'ozone et le 17 mars 2014 lors d'une pollution persistante aux particules

Vendredi soir 20 mars, Ségolène Royal, la ministre de l'Écologie, avait en effet été affirmative : "La circulation alternée sera mise en œuvre lundi 23 mars, sauf s'il y a une baisse manifeste de pollution samedi 21 mars et dimanche 22 mars".

Afin que les Franciliens puissent s'organiser, la ministre s'était engagée à annoncer une décision "avant 20h00" samedi 21 mars. Mais Mme Hidalgo a été la première à divulguer l'information.

Lors d'une conférence de presse samedi 21 mars en fin d'après-midi, Ségolène Royal s'est défendue d'avoir trop tardé à mettre en place la circulation alternée, soulignant qu'elle ne voulait pas agir sous le coup "de l'émotionnel démagogique".

"Une décision de restriction des libertés, ça se fait dans le respect de l'État de droit. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation", a-t-elle déclaré.

"À ce stade, la circulation alternée ne s'applique que lundi 23 mars. Nous ferons le point lundi 23 mars en cours de journée", a-t-elle précisé, soulignant que les conditions météo devraient être plus favorables "à partir de mardi 24 mars".

La décision de mettre en place la circulation alternée est intervenue après deux jours de polémique, Ségolène Royal ne voulant pas "imposer si vite cette galère à la banlieue", au grand dam de certains élus Verts.

"Il est heureux qu'elle soit prise", a commenté samedi 21 mars la députée EELV de Paris Cécile Duflot, mais "c'est vraiment dommage qu'on ait attendu autant de temps et d'avoir eu cette espèce de dialogue assez surréaliste avec la ministre".

Techniquement, la circulation alternée est prévue en Île-de-France lorsqu'il y a deux jours de pollution constatée aux particules et une prévision de pollution pour les deux jours suivants.

Le précédent de mars 2014

L'épisode actuel a débuté en Ile-de-France mardi 24 mars (dépassement du seuil d'information). Le niveau de pollution a ensuite varié : mercredi (seuil d'alerte), jeudi (légèrement en dessous du seuil d'information), vendredi (seuil d'alerte).

Vue de Paris lors d'un épisode de pollution aux particules, le 18 mars
Photo : AFP/VNA/CVN

La pollution aux particules a touché cette semaine la moitié Nord du pays, ainsi que Rhône-Alpes et une partie du Centre depuis vendredi 20 mars. 34 départements dépassaient encore samedi 21 mars le seuil d'alerte.

Dans toutes les régions touchées, les préfets ont abaissé les limitations de vitesse de 10 à 20 km/h et demandé aux industriels de réduire leurs émissions de polluants.

Dans la région parisienne, la gratuité des transports a été mise en place dès samedi et se poursuivra au moins jusqu'au 23 mars inclus.

Samedi 21 mars, Anne Hidalgo a demandé au Premier ministre Manuel Valls de rendre automatique le déclenchement de la circulation alternée en cas de forte pollution d'au moins deux jours.

Cette mesure, qui interdit la circulation des véhicules ayant une immatriculation paire les jours impairs et vice-versa, a été mise en œuvre seulement deux fois : en 1997 lors d'un pic d'ozone et en mars 2014, en raison d'une pollution persistante aux particules.

Malgré les critiques, le dispositif avait été plutôt bien respecté l'an passé. La circulation avait fortement diminué et Airparif avait estimé qu'il avait permis de réduire de 6% la concentration en particules à proximité du trafic.

En dépit d'une certaine efficacité, la circulation alternée ne permet pas de cibler les véhicules les plus polluants. Elle est une réaction à une situation d'urgence, mais les professionnels de santé soulignent que c'est la pollution chronique qui a le plus d'impact sur la santé publique.

Les particules PM 10 (diamètre inférieur à 10 microns) sont à l'origine de cancers, de maladies respiratoires ou cardio-vasculaires et d'allergies.

AFP/VNA/CVN

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