"La région est en proie à une criminalité grandissante, à un gangstérisme qui appelle des mesures concertées de lutte. Des bandes armées ne se content plus de saboter des oléoducs, mais écument la mer en s'attaquant aux bateaux voire aux palais présidentiels comme ce fut le cas le 17 février 2009 à Malabo (en Guinée équatoriale)", s'alarme le ministère des Relations extérieures.
Depuis le début de l'année, ces opérations se multiplient dans les eaux territoriales du Cameroun. Ces derniers jours, un Malaisien et un Indien travaillant pour le compte d'une société agro-industrielle locale ont été enlevés par des individus inconnus à Bamuso, dans la presqu'île de Bakassi, annonce le ministère des Relations extérieures.
Auparavant, dans la nuit du 12 au 13 septembre, 6 marins d'origine belge, croate et philippine ont été kidnappés après l'attaque de 3 bateaux à l'entrée du port de Douala, la métropole économique. En mai dans la même zone, c'était 2 marins russes et un Ukrainien, libérés plus tard en juillet par des ravisseurs se réclamant d'un groupe rebelle du delta du Niger au Nigeria.
En outre, dans la nuit du 27 au 28 mars de 2 marins de nationalité camerounaise et ghanéenne (libérés plus tard par les forces de sécurité camerounaises) à bord d'un chalutier, Mv Seagull, avaient été capturés par des pirates réclamant une rançon de 1,5 million de dollars.
Dans la nuit du 28 au 29 mars, des assaillants venus par la mer avaient également attaqué le poste de gendarmerie de Bamuso, sans faire de victimes, mais une quantité importante de matériels militaires avait été emportée. S'y ajoute encore, l'enlèvement le 12 mars suivi de la libération 7 jours plus tard de 6 Chinois de la société Dalian Beuhai par un groupe dénommé Africa Commando. "Les derniers événements survenus dans le golfe de Guinée montrent que la menace est sérieuse et persistante. La piraterie maritime dans le golfe de Guinée a connu une augmentation de 25% entre 2006 et 2007, et près de 200 cas recensés dans le delta du Niger pour la seule année 2008", note un rapport du ministère des Relations extérieures dont Xinhua a obtenu copie à Yaoundé. "L'insécurité engendrée a provoqué la disparition de près d'un million de barils de pétrole brut par jour pour la même année", poursuit-il dans ce document présenté en marge d'une session spéciale le 13 septembre à Yaoundé du dialogue politique structuré entre le gouvernement camerounais et l'Union européenne (UE) avec au menu des discussions sur ce phénomène.
Comparable à un serpent de mer, ce fléau est lié, de l'avis des analystes, aux enjeux économiques du golfe de Guinée. Baptisée "zone d'intérêt vital" par les États-Unis, cette région d'Afrique qui se répartit entre une dizaine de pays, regorge d'hydrocarbures, de ressources halieutiques et forestières.
XINHUA/VNA/CVN