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Benoit Decron commissaire de l'exposition Picasso au Musée Soulages de Rodez, présente des |
"Avec Pierre Soulages, on a choisi les œuvres. C'est Picasso dans son intimité", a expliqué vendredi 10 juin au cours de l'accrochage le directeur du musée et commissaire de cette exposition temporaire Benoit Decron.
Pour cet artiste de l'abstrait en noir et outre-noir, il fallait que le musée offre "une vision simple d'un Picasso parmi les siens".
Un total de 33 peintures, six papiers et collages, une trentaine de lithographies et une sculpture réalisés entre 1907 et 1956 sont présentées sur fond blanc. Autour de chaque thème choisi, pour les différents panneaux de l'exposition, ont été installées des photos de l'artiste, de sa famille et de son univers prises par David Douglas Dunkan et Michel Sima.
Les œuvres exposées se trouvaient pour beaucoup dans les ateliers de Picasso. Une photo de Douglas Duncan montre d'ailleurs en 1957 l'atelier de La Californie à Cannes remplie d'œuvres. Picasso, qui en avait ainsi gardé environ 5.000 pour ses héritiers, "en faisait un bordel philosophique", souligne le commissaire.
Trois natures mortes proviennent du premier musée consacré à l'artiste, celui d'Antibes dans les murs du château Grimaldi.
D'autres ont été prêtées par ses proches et par le Musée national Picasso à Paris, dont le directeur Laurent Le Bon a joué un rôle déterminant dans cette exposition.
Parmi les œuvres présentées, il y a beaucoup de femmes, celles que Picasso a aimées : Dora Mar, Marie-Thérèse, Françoise et Jacqueline à la fin de sa vie, en 1973 à l'âge de 91 ans.
Deux géants, un même musée?
Une visiteuse regarde les |
On y voit ainsi deux très célèbres toiles : Le grand nu au fauteuil rouge, peinture lascive de 1929 (Musée national Picasso) et le portrait de Dora Mar (1937, même musée).
Il y a également une série de lithographies de Françoise Gilot. Elles montrent notamment comment l'artiste s'était amusé en griffant la plaque d'impression en pierre calcaire pour mieux faire ressortir les cheveux.
Interrogé, Pierre Soulages, 96 ans, s'est dit satisfait et fier de cette présentation temporaire. S'il précise en plongeant dans ses souvenirs de jeune peintre qu'il n'a "pas été nourri par Picasso", il raconte qu'il l'admirait. Et d'affirmer qu'il avait tout de suite apprécié la valeur de l'Espagnol alors qu'au même moment, dans les années 1940, certains artistes de l’École des Beaux-Arts voyaient "un fumiste" en Picasso.
"J'avais horreur de ce qu'ils faisaient (les artistes des Beaux-Arts) et je trouvais ça tellement épouvantable que j'avais décidé de ne pas y entrer. Je n'étais pas déçu par Picasso, au contraire", a-t-il rappelé.
Selon Aurore Méchain, directrice adjointe du Musée Soulages, c'est surtout Colette, l'épouse de Soulages, qui a connu Picasso. Les deux hommes "se sont croisés" mais ne se connaissaient pas personnellement.
Interrogé sur ses projets, l'artiste à la renommée mondiale a répondu avec simplicité : "Continuer à faire de bonnes toiles et rentrer à Sète (Hérault, son domicile) le plus vite possible pour continuer mes toiles. J'ai pas mal de toiles vierges qui m'attendent", a-t-il affirmé.
Le Musée Soulages a reçu depuis son ouverture en 2014 quelque 380.000 visiteurs. Avec l'exposition de Picasso qui s'achèvera le 25 septembre, la région escompte quelque 500.000 visiteurs.
Détesté au départ par les Ruthénois mais chéri aujourd'hui, le musée, installé à 300 m de son lieu de naissance a généré un boom économique dans la ville.
AFP/VNA/CVN