Dior à l'heure anglaise pour son défilé croisière

Après Chanel à Cuba ou Louis Vuitton à Rio, Dior a présenté mardi 31 mai à Blenheim, château à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Londres où naquit Winston Churchill, son défilé "croisière", une collection de mi-saison de plus en plus importante pour les grands noms de la mode.

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Défilé Dior à Blenheim, dans un château à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Londres, le 31 mai.

Le duo créatif à la tête du studio de la griffe, les Suisses Lucie Meier et Serge Ruffieux, qui assurent la transition en attendant la nomination prochaine d'un directeur artistique pour remplacer Raf Simons, ont mêlé les références aux classiques de la maison et les influences anglaises.

Dans ce majestueux château du début du 18e siècle près d'Oxford, en pleine campagne verdoyante, où la maison Dior avait déjà défilé deux fois dans les années 50, les mannequins ont foulé un podium représentant une scène de chasse à courre, sous le regard notamment des actrices Amira Casar, Kate Mara, Juno Temple.

Les basques formant le fameux tailleur Bar emblématique de Dior se détachent pour devenir des minijupes, se superposent à un pantalon, une robe... Les imprimés végétaux s'entremêlent, les couleurs s'entrechoquent pour donner une touche d'originalité toute britannique.

"On a pensé à la Parisienne de Dior qui va à Londres et devient plus excentrique", a expliqué Serge Ruffieux, qui y voit "une suite logique, en plus affirmé" des collections précédentes du duo, qui a pris la relève après le départ en octobre dernier de Raf Simons.

Un train de luxe "Dior Express"

La collection, qui se veut très fonctionnelle, comporte de nombreuses poches, des vestes qui se ferment avec des foulards, un sac banane qui se porte sur l'épaule.

Entrée du défilé Dior à Blenheim, dans un château à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Londres, le 31 mai.

Pour ce défilé "croisière", la maison, qui a inauguré une nouvelle boutique à Londres, l'une des plus grandes d'Europe, n'a pas lésiné sur les moyens, invitant plusieurs centaines de clientes et journalistes à se rendre au palais de Blenheim à bord d'un train de luxe "Dior Express".

Très importantes d'un point de vue commercial, les collections croisière, dont les présentations étaient traditionnellement réservées aux acheteurs, sont devenus ces dernières années des événements médiatiques majeurs entre deux périodes de Fashion Weeks.

"Nos clientes sont patientes mais elles veulent de la nouveauté! Ces collections croisière ont pris de l'importance aux yeux du public, et sont aussi créatives que les autres collections", estime le PDG de Dior, Sidney Toledano.

Pour ces shows spectaculaires, les grandes maisons rivalisent de destinations toujours plus extraordinaires. Chanel a récemment défilé à La Havane, Louis Vuitton à Rio de Janeiro, et Gucci présentera le 2 juin sa collection croisière à l'abbaye de Westminster à Londres.

C'est aussi l'occasion pour ces maisons de se rapprocher d'un marché important pour elles. Pour le défilé Dior, la majorité des clientes invitées étaient londoniennes.

Ces collections, disponibles en novembre, sont celles qui restent le plus longtemps dans les magasins, souligne Patricia Romatet, directrice d'études à l'Institut français de la mode. "Selon les maisons, c'est entre 60% et 80% du chiffre d'affaires de la saison en prêt-à-porter".

Après ce défilé outre-manche, le duo à la tête du studio de création de Dior présentera la collection de haute couture en juillet à Paris, alors que la maison doit nommer "bientôt" un successeur à Raf Simons.

"Les pages, on les tourne à notre rythme", commente Sidney Toledano. "Les enjeux sont extrêmement importants, il s'agit de voir quelle direction créative sera prise pour les années qui viennent. Et ça, on le dira bientôt".

Et à l'approche du référendum sur le Brexit au Royaume-Uni, ce défilé Dior au Royaume-Uni prend-il une dimension symbolique ?

"On n'a aucun mandat politique, pour faire passer des messages ! Mais les gens de mode, nous sommes des voyageurs, nous n'aimons pas les périmètres saturés", explique Sidney Toledano. "J'adore l'Angleterre, c'est un modèle d'ouverture, j'y vois des femmes et des hommes entreprenants. Je suis sûr qu'ils sauront prendre la bonne décision !"

AFP/VNA/CVN

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