Le comité du patrimoine mondial de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) se réunit à Paris du 19 au 29 juin pour choisir parmi les sites candidats ceux qui méritent d'être distingués pour leur "valeur universelle exceptionnelle".
Ils viendront s'ajouter aux 911 sites déjà inscrits, dont 704 sites culturels, 180 sites naturels et 27 sites mixtes, dans 151 pays, qui figurent à ce jour sur la liste initiée par la Convention de l'UNESCO de 1972 sur la protection du patrimoine mondial.
Six pays n'ayant pas encore été distingués présentent cette année des sites : Barbade, Congo, Émirats arabes unis, Jamaïque, Micronésie et Palaos.
Les sites proposés sont examinés par deux organes consultatifs, le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) pour les sites culturels et l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour les sites naturels, qui transmettent ensuite leurs recommandations, confidentielles, au comité, composé de représentants de 21 pays élus pour six ans.
La France, associée à cinq autre pays (Suisse, Argentine, Allemagne, Belgique, Japon) a présenté l'oeuvre de Le Corbusier, à travers 19 monuments symbolisant le renouveau urbanistique impulsé par l'architecte franco-suisse (1887-1965).
De son côté, le Vietnam veut voir classer la citadelle de la dynastie Hô, édifice de pierre datant du XIVe siècle, et la Colombie le "paysage culturel du café". Le Kenya défend son "Réseau des lacs dans la vallée du Grand Rift" et Bahreïn ses "activités perlières".
Les décisions du Comité sont à fort enjeu économique car le classement d'un site facilite le déblocage d'aides pour la préservation et entraîne généralement une hausse de la fréquentation touristique. "En Australie, on estime que les 17 sites sur la liste du patrimoine sont à l'origine de 50.000 emplois", indique Kishore Rao, directeur du centre du patrimoine mondial. "Avoir des sites sur la liste est aussi une question de fierté nationale", ajoute-t-il, notamment pour les pays en développement qui ont mis davantage de temps à déposer des dossiers, faute d'avoir eu les capacités techniques et financières. Mais aujourd'hui "le principal défi est la conservation des sites", souligne-t-il. Le Comité fait des recommandations qui, si elles ne sont pas suivies par les États, peuvent entraîner un retrait de la liste, sanction suprême qui n'a été appliquée qu'à deux reprises. Si aucun retrait n'est attendu cette année, le comité pourrait en revanche allonger sa liste "du patrimoine en péril", qui comprend 34 sites menacés, dont les îles Galapagos (Équateur) qui furent le premier site classé "patrimoine mondial" en 1978.
À l'UNESCO, on s'attend notamment à une "discussion difficile" sur le Machu Picchu, les experts étant préoccupés depuis longtemps par l'afflux incontrôlé de visiteurs sur le site péruvien. Mais jusqu'à présent le Pérou s'est toujours opposé à l'inscription de la citadelle inca sur cette liste du patrimoine en péril, craignant en conséquence une réduction de la manne touristique qui pèse d'un poids considérable dans l'économie du pays. "C'est vraiment une mauvais interprétation parce que l'inscription sur la liste en péril fait au contraire d'un site une priorité mondiale et facilite l'accès à des financements et des expertises", souligne-t-on à l'UNESCO.
AFP/VNA/CVN