Paris-Roubaix : la folie du printemps

Le soleil est revenu sur les pavés de Paris-Roubaix, la folie annuelle du sport cycliste que le Néerlandais Mathieu van der Poel aborde dimanche dans la position risquée de favori au départ des 257 kilomètres.

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Le peloton roule sur une portion pavée, lors de la 115e édition de Paris-Roubaix

Le peloton a encore en mémoire l'édition dantesque en octobre dernier, une date inédite à cause du report dû à la pandémie. Cette fois, l'Enfer (du Nord) présente un aspect plus avenant malgré la poussière qui remplace la boue et augure d'une course rapide, impitoyable pour les malchanceux qui subiront crevaisons ou chutes au long des 54,8 kilomètres des secteurs pavés.

"Quand c'est sec, cela va plus vite, on prend plus les bas-côtés", souligne Marc Madiot, le patron de l'équipe de l'un des plus sérieux prétendants, le Suisse Stefan Küng. Au-delà de la technique et de la difficulté plus ou moins grande de la course en fonction de la météo, Madiot insiste sur l'aspect mental : "On n'y va pas en sifflotant... Paris-Roubaix est la course de l'année où il faut être le plus prêt dans la tête."

Puissance et technique

Qui est prêt ? Van der Poel, si l'on se fie à sa troisième place après une débauche d'efforts l'année passée et à sa victoire, éblouissante, dans le Tour des Flandres voici deux semaines. Mais aussi Küng, à son avantage depuis le début de la période, les duettistes de Trek, le Belge Jasper Stuyven et le Danois Mads Pedersen, et aussi le chef de file d'une équipe Quick-Step en souffrance jusqu'à présent, le Danois Kasper Asgreen, assisté du Belge Yves Lampaert et du "régional" de la course Florian Sénéchal.

La question, en revanche, se pose pour les débutants (Ben Turner surtout) de l'équipe Ineos, le collectif le plus impressionnant sur le papier. Avec l'Italien Filippo Ganna et le Néerlandais Dylan van Baarle, la formation britannique possède deux cartes maîtresses qui ont suivi des approches totalement divergentes.

La joie de l'Italien Sonny Colbrelli, après avoir remporté Paris-Roubaix, devant le Belge Florian Vermeersch et le Néerlandais Mathieu Van Der Poel.
Photo : AFP/VNA/CVN

Quand van Baarle multipliait les expériences sur des pavés certes moins disjoints (2e du Tour des Flandres), Ganna se préparait sur les routes du Circuit de la Sarthe et enchaînait les tours de piste en Italie. En théorie, le champion du monde du contre-la-montre dispose de la puissance nécessaire pour succéder à son compatriote Sonny Colbrelli, contraint pour sa part à un arrêt médical (opération cardiaque). Et aussi de la technique pour franchir les pavés, au vu de sa victoire en espoirs en 2016.

"Marche ou crève"

L'état de forme est bien plus incertain pour Wout van Aert, dont la participation n'a été officialisée que jeudi. Le champion de Belgique, taillé pour cette course qui ne lui a jamais réussi lors de ses trois premières participations, risque de payer le contre-coup d'un arrêt dû au COVID-19.

Mais, en réalité, nul ne connaît son niveau du moment bien que l'équipe Jumbo affirme le cantonner à un rôle d'équipier à côté de Christophe Laporte, du Belge Nathan van Hooydonck et du Néerlandais Mike Teunissen.

Dans le grand bouleversement des codes traditionnels qui balaie le cyclisme, l'expérience pèse sensiblement moins. L'année passée, les trois premiers (Colbrelli, F. Vermeersch, van der Poel) découvraient les pièges de la "reine des classiques", et ses secteurs les plus ardus que sont la Trouée d'Arenberg, haut-lieu télégénique et mémoriel, Mons-en-Pévèle à l'entrée des 50 derniers kilomètres, l'épouvantable carrefour de l'Arbre dans le final.

"Paris-Roubaix, c'est un enfer dont on est fier de revenir", disait Jean Stablinski, l'ancien mineur de Wallers-Arenberg qui fut ensuite champion du monde dans les années 1960. D'une formule, Madiot tranche : "Paris-Roubaix, c'est marche ou crève."


AFP/VNA/CVN

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