>>JO-2020 : l'escrime française finit sa belle semaine de Tokyo sur un titre
>>JO-2020 : c'était l'heure de Cannone, et l'or de la France
L'escrimeur champion olympique Romain Cannone au Trocadéro, en face de la Tour Eiffel à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Bon anniversaire Romain !" À l'Insep mardi 12 avril, les tireurs qui le croisent ont un petit mot pour le champion olympique qui fête ce jour-là ses 25 ans et la fin d'une année folle. Il y a neuf mois, Romain Cannone, 47e mondial, faisait mentir tous les pronostics sous le toit du Makuhari Messe au Japon pour devenir le premier médaillé d'or français des JO de Tokyo.
"Personne ne l'avait vu venir, il faut être honnête", reconnaît le champion olympique par équipes à Rio en 2016, Gauthier Grumier, devenu entraîneur adjoint de l'équipe de France d'épée masculine. Une demande de Hugues Obry, de retour à sa tête après avoir dirigé la Chine de 2016 à 2021.
No1 mondial
Si personne n'avait vu venir Cannone en juillet, tout le monde le voit sur les podiums depuis. En quatre étapes de Coupe du monde, il s'est classé une fois deuxième et une autre fois troisième. De quoi le propulser No1 mondial, lui qui ne s'était jamais hissé dans le dernier carré d'une manche de Coupe du monde auparavant.
En un an, "Pano" - son surnom en référence à Peter Pan -, "pris dans un tourbillon", a bien grandi. D'inconnu, Romain Cannone est devenu une "personnalité publique", reconnaît-il "avec les défauts et les avantages" de la situation. Parmi ces derniers, la CIP (convention d'insertion professionnelle) qu'il a signée avec EDF. "Belles chaussures", lui glisse d'ailleurs un membre de la fédération. L'épéiste, paré de bottines en cuir et d'un pantalon à carreaux, arrive directement du travail après sa journée de contrôleur de gestion chez le fournisseur d'électricité. Il dépareille parmi les tireurs arrivant à l'entraînement en survêtement.
Romain Cannone sur le podium des Jeux de Tokyo à Chiba. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Pourtant le médaillé d'or ne souhaite surtout pas apparaître en décalage. Raison pour laquelle, malgré le titre olympique, il a repris "comme tout le monde" deux semaines après son retour en France. "Je ne voulais pas me placer au-dessus des autres", explique-t-il.
"Et reprendre l'entraînement vite, ça m'a fait justement surfer sur cette vague de confiance qui m'a plutôt bien réussi", observe le natif de Boulogne-Billancourt, dans la banlieue parisienne ouest. Comment expliquer cette transfiguration ? "Le déclic des Jeux a été de me dire +tu peux y arriver+, analyse-t-il. On se le dit tout le temps mais tant que qu'on ne l'a pas fait, on n'a pas cette confiance."
"Les Jeux ont déclenché quelque chose"
"Il a été incroyable le jour des Jeux et ça a déclenché des choses chez lui", résume Gauthier Grumier, également médaillé de bronze en individuel aux JO-2016. "Pour d'autres ça arrive dans un tournoi plus ordinaire, lui ça a été aux Jeux."
Le regard des autres aussi s'est métamorphosé dans un sport de duel où le statut compte. "Les adversaires te mettent un peu plus haut que tu ne l'es, décrit Hugues Obry. Évidemment ils ont envie de te battre mais ils se disent + c'est le champion olympique+ et ne tirent plus de la même manière." Pourra-t-il allonger sa "période d'euphorie", dixit Hugues Obry, jusqu'au Challenge Monal ce week-end ? Aucun Français ne s'est imposé à Coubertin depuis 2016 et un certain Gauthier Grumier.
"C'est la plus belle Coupe du monde à remporter, décrit Romain Cannone. C'est ici que ça crie le plus fort, qu'il y a le plus de supporters. Il y a une vraie magie. Si j'arrive à la gagner, ce sera l'équivalent d'être champion du monde dans ma tête." Avant de vrais Mondiaux au Caire du 15 au 23 juillet.
AFP/VNA/CVN