Paris appelle à réduire les effectifs de l'OTAN d'un tiers

Un an après son grand retour dans le commandement intégré de l'OTAN, la France a rendu public pour la première fois le 11 mai un objectif chiffré de réduction des effectifs de l'Alliance, se voulant aux avant-postes d'une "réforme en profondeur" de ses structures.

Supprimer "un tiers" des 12.500 militaires alliés : telle est la cible visée par Paris, a confié l'entourage du ministre de la Défense, Hervé Morin. Encore ne concerne-t-elle que les états-majors alliés. D'autres "rationalisations", affirme-t-on, pourraient être obtenues ailleurs, dans une institution frappée elle aussi par une crise budgétaire.

M. Morin est en terrain de connaissance après avoir lui-même initié une réforme des armées françaises qui se traduira, à terme, par la suppression de 54.000 postes et de plusieurs dizaines d'unités.

Dans un courrier adressé le 24 février à son homologue américain Robert Gates, le ministre déplorait sans ambages des structures alliées "trop marquées par le passé", autrement dit, par la guerre froide. M. Morin mettait l'accent sur le fonctionnement du secrétariat international de l'OTAN, "pas optimal", sa structure de commandement "trop territoriale et trop statique", les "redondances" entre ses états-majors ou encore "l'activité des multiples agences de l'OTAN mal évaluée".

"Il faut que le secrétaire général (de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen) présente (...) des options pour une réforme en profondeur", observait-il en des termes particulièrement directifs.

Une date butoir est même fixée : la prochaine réunion des ministres de la Défense de l'Alliance, prévue les 10 et 11 juin à Bruxelles, l'ensemble devant être achevé avant le prochain sommet de l'OTAN, en novembre à Lisbonne.

Alliée indocile de l'Alliance atlantique, la France, sous l'impulsion de son président Nicolas Sarkozy, y avait repris solennellement "toute sa place" le 17 mars 2009, avertissant qu'en contrepartie, elle entendait "peser sur sa stratégie".

Après de longs mois de silence, M. Morin s'est exprimé fin mars dans une tribune au journal français, Le Monde, appelant déjà M. Rasmussen à une mise en oeuvre "rapide" des réformes de l'alliance.

Cette tribune avait été précédée de courriers adressés à M. Gates mais aussi, dans des termes similaires, au ministre britannique de la Défense, Bob Ainsworth.

Depuis, la France cultive sa différence. Recevant M. Rasmussen "à sa demande" au ministère de la Défense, M. Morin s'était montré pour le moins sceptique sur ses projets de défense antimissile ou sa volonté de faire de l'OTAN un forum de la sécurité mondiale.

Vendredi, s'exprimant devant le gotha de la défense française, le nouveau chef d'état-major des armées, l'amiral Edouard Guillaud, décrivait une OTAN frappée d'une "crise de confiance et de solidarité en Afghanistan, d'une crise financière et budgétaire, et d'une crise structurelle d'obésité".

Devant un hôte de marque, le commandant en chef de l'OTAN en Europe, l'amiral américain James Stavridis, il contestait la vocation "globale" d'une Alliance que Paris conçoit comme une organisation transatlantique, appelait ses membres à "partager les risques sur le terrain", en particulier en Afghanistan, et invitait l'OTAN à affronter les nouvelles menaces (cyber-attaques, piraterie maritime...).

L'amiral Guillaud admettait cependant la pertinence d'une défense antimissile balistique "en complément - et non pas en substitution - de la dissuasion" nucléaire.

AFP/VNA/CVN

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