Grande-Bretagne : tractations pour la coalition dans une phase cruciale

Cinq jours après les élections législatives britanniques, les tractations pour la formation d'un gouvernement de coalition sont entrées le 11 mai dans une phase décisive, les libéraux-démocrates devant choisir entre les propositions concurrentes des Tories et du Labour.

Les discussions sont dans "une phase cruciale et finale", a indiqué dans la matinée le chef des Lib Dems, Nick Clegg, se disant "aussi impatient que tout un chacun". "J'espère vraiment que nous serons en mesure de faire une annonce (...) aussi rapidement que nous le pouvons", a-t-il poursuivi.

Son homologue du Parti conservateur, David Cameron, a quant à lui estimé que "l'heure (était) venue pour les libéraux-démocrates" de prendre une décision, soulignant que les Tories avaient mis sur la table une "proposition complète, très ouverte et très raisonnable pour former un gouvernement stable".

Le ministre de l'Éducation, Ed Balls, qui fait partie de l'équipe des négociateurs travaillistes, a été plus prudent. "Tout le monde veut aboutir le plus vite possible", a-t-il dit avant de s'engouffrer dans une salle de négociations. "Il y a certaines zones d'accord mais également certaines difficultés", a-t-il averti.

Après être arrivés en troisième position lors des législatives de jeudi dernier, celle de faiseurs de roi, les Lib Dems sont courtisés à la fois par les conservateurs, gagnants du scrutin mais sans réussir à dégager une majorité absolue, et les travaillistes du Premier ministre sortant Gordon Brown, qui se sont placés deuxièmes.

Tandis qu'on semblait s'acheminer le 10 mai vers un accord entre Tories et Lib Dems, Gordon Brown a annoncé dans un surprenant revirement l'ouverture de négociations parallèles avec les libéraux, offrant de démissionner de la tête son parti et donc du gouvernement, d'ici à l'automne, afin de faciliter les discussions. Nick Clegg avait à plusieurs reprises fait part de sa réticence de négocier avec un Labour dirigé par Gordon Brown.

Face à la surenchère travailliste, les Tories ont amélioré leur offre in extremis le 10 mai soir, proposant un référendum sur la réforme du système électoral jugé inique par les Lib Dems, s'alignant ainsi sur le Labour qui a déjà promis de revoir le mode de scrutin.

Courtisés de toutes parts, les Lib Dems se retrouvent ainsi hier à mener 2 négociations parallèles. Les premières, avec le Labour, ont démarré en milieu de matinée. Elles devaient être suivies de tractations avec les Tories, à une heure indéterminée.

Une alliance Lab/Lib (Labour et Lib-Dems) ne rassemblerait que 315 sièges, au lieu des 326 nécessaires pour la majorité absolue, mais cela la placerait devant le groupe conservateur (306 députés). En revanche, une entente Cons/Lib (conservateurs et libéraux) dépasseraient la barre fatidique, avec 363 sièges. De ce fait, si le Labour voulait réunir un gouvernement stable, il n'aurait d'autre choix que de recourir à une multitude de petits partis : les nationalistes gallois ou écossais, les démocrates ou les unionistes nord-irlandais, les indépendants...

Outre la complexité de cette construction, une alliance Lab/Lib pourrait être difficile à vendre auprès des membres des Lib Dems, largement divisés entre une aile droite et une aile gauche. Nick Clegg va devoir "défier son propre parti", résume le Times.

Mais il faudra également rassurer des marchés -la Bourse de Londres reculait d'un pour cent environ dans la matinée- et convaincre la population du bien-fondé de la "volte-face" de Nick Clegg, comme le dit le Times.

AFP/VNA/CVN

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