Papiers votifs : les raisons de l’élimination

Le Comité central de l’Église bouddhique du Vietnam (EBV) vient de publier la circulaire N°31 qui demande aux fidèles d’abandonner la pratique de brûler des papiers votifs dans les établissements religieux bouddhiques. Quelques avis et recommandations de chercheurs et de bonzes.

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L’Église bouddhique du Vietnam fait appel à la limitation du brûlage des papiers votifs.
Photo : Nhât Anh/VNA/CVN

"Renforcer les stratégies de communication"

Le chercheur en culture Trân Dinh Son, chef adjoint du Comité chargé des affaires culturelles du Comité central de l’Église bouddhique du Vietnam

Je pense que les autorités locales devraient davantage serrer la vis en ce qui concerne le fait de brûler des papiers votifs dans les établissements cultuels ainsi que les quartiers résidentiels. D’autant plus que cette pratique n’est pas conforme aux préceptes du bouddhisme.

Il est nécessaire de mettre en place une communi-cation adaptée et de publier des réglementations sur la limitation de brûler de tels papiers. La collaboration entre l’EBV et les services chargés de la gestion des activités culturelles est absolument nécessaire.

"Un rituel superstitieux qu’il faut abandonner"

Le bonze supérieur Thich Duc Thiên, secrétaire général du Conseil d’administration de l’Église bouddhique du Vietnam

La pratique de brûler des objets votifs en papier ne figure nulle part dans les principes spirituels inculqués par Bouddha. Il ne s’agit que d’une coutume folklorique inventée il y a longtemps. Grâce à ladite circulaire publiée par l’EBV, cette dernière pousse les adeptes et habitants à abandonner cette pratique dans les établissements cultuels bouddhiques.

Cependant, nous souhaitons également que les Vietnamiens renoncent à cette pratique de manière générale, pas uniquement dans les pagodes mais également chez eux. Il faut que les gens comprennent que les ancêtres ne recevront aucune de ces choses que nous brûlons.

"Interdire la production de papiers votifs"

Le chercheur en culture Huynh Ngoc Trang

À Hô Chi Minh-Ville, le bonze Duy Trân de la pagode Liên Hoa, située dans le 11e arrondissement, a lancé, il y a plusieurs dizaines d’années, l’interdiction formelle de brûler des papiers votifs dans cet établissement bouddhique. Ce qui a apporté des résultats positifs et encourageants.

D’après moi, l’État a suffisamment de compétences pour mettre un terme à cette pratique. Dans un premier temps, je pense qu’il faudrait interdire la production de ces articles. Ou tout du moins, il faudrait élever la taxe de manière conséquente pour les articles de ce genre et, enfin, réfléchir à des sanctions possibles.

"Brûler les papiers votifs n’apporte rien"

Le bonze supérieur Thich Duc Truong, de l’antenne de l’Église bouddhique du Vietnam à Hô Chi Minh-Ville

Brûler les papiers votifs est une pratique folklorique existant de longue date. Selon la tradition, tous les 1er et 15e jours de chaque mois lunaire ou à l’anniversaire de la mort de quelqu’un (compté toujours selon le calendrier lunaire), ou encore pendant les fêtes traditionnelles y compris le Têt Nguyên Dan (Nouvel An lunaire), on brûle des biens en papier (logements, motos, voitures, téléphones portables…) dans le but de transmettre ses vœux aux morts et aux ancêtres.

Les papiers votifs mis en vente dans la rue Hàng Ma, à Hanoï.
Photo : Hoàng Phuong/CVN

On pense en effet que les morts ont plus ou moins une vie similaire aux vivants, cela veut dire qu’ils ont aussi besoin d’objets du quotidien. Brûler ces "biens" exprime ainsi l’idée suivante : envoyer des offrandes aux génies pour apporter bonheur et prospérité aux ancêtres. Les vivants pensent qu’au travers de cet acte, les ancêtres recevront ces objets et pourront ainsi les utiliser dans l’au-delà.

C’est une conception erronée car les morts ne peuvent naturellement pas recevoir ces "biens" que les vivants ont brûlés.

D’après moi, après la publication du texte de l’EBV, il est nécessaire que les autorités centrales et locales travaillent ensemble pour la bonne réalisation de cette circulaire.

Brûler les papiers votifs n’apporte rien. C’est un geste inutile, disons-le. Primo, il s’agit d’un gaspillage. On dépense d’importantes sommes d’argent pour acheter ces articles, et après on les flambe. Son argent part littéralement en fumée. Secundo, il y a des personnes qui ne comprennent pas clairement cette coutume et ne font qu’imiter les autres. Dernier point mais non des moindres, les papiers votifs brûlés participent à la pollution de l’air et représentent un risque d’incendie sérieux.

"L’État n’interdit pas de brûler les papiers votifs"

Le Professeur Dô Quang Hung, ancien directeur de l’Institut d’étude religieuse

Je me félicite de la décision de l’EBV pour deux raisons. Premièrement, le fait qu’un texte officiel de ce genre ait été rendu public. Deuxièmement, ce document va créer une force sociale en la matière. J’ai cherché à comprendre cette coutume pendant une vingtaine d’années. Selon de nombreux vénérables bonzes, brûler les papiers votifs ne concerne aucun rite religieux du bouddhisme. Mais il demeure un culte folklorique qui influe sur un grand nombre d’adeptes ainsi que sur la majeure partie de la population vietnamienne.

L’État n’interdit pas de brûler ces papiers, mais incite plutôt les gens à en limiter la pratique. Il s’agit dans un premier temps de sensibiliser la population. Cet appel de l’EBV à travers la circulaire est un acte courageux. C’est la première fois qu’une organisation religieuse de cette envergure s’exprime sur ce sujet. Un changement dans le bon sens est espéré.


Tuân Lôc Khôi - Hoàng Phuong/CVN

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