Depuis 2 jours, une ville d'environ 100.000 habitants, Shahdadkot, ainsi que de nombreux bourgs et villages de cette zone de la province méridionale du Sind, ont été évacués par l'armée et les secouristes, ou ont quitté les lieux par leurs propres moyens.
Il restait cependant le 23 août quelques habitants à Shahdadkot. "Nous avons lancé un dernier avertissement aux gens pour leur demander de partir car le risque d'une montée des eaux s'accroît", a déclaré le 23 août par téléphone Yasin Shar, haut fonctionnaire du district, précisant que 90% des habitants de la ville et ses environs ont déjà été évacués.
Les eaux de l'Indus, mais aussi de nombreux affluents, sont gonflées par les pluies diluviennes qui persistent dans cette région méridionale du Pakistan près d'un mois après les premières inondations dans le Nord.
À plus de 250 km au sud de Shahdadkot, la grande ville de Sajawal ainsi que des villages alentour continuaient également le 23 août d'être évacués, a indiqué Hadi Kalhoro, un des responsables du district de Thatta.
Selon lui, les eaux de l'Indus ont inondé la zone et "quelque 100.000 personnes ont dû être évacuées en 5 ou 6 jours dans le district et les plantations de bananes et de canne à sucre ont été dévastées".
Les autorités de la province du Sind, dont Karachi est la capitale, n'ont rapporté pour l'heure aucun décès dans les zones nouvellement inondées le long de l'Indus, mais les bilans parviennent généralement avec retard.
Le 22 août, le ministre de l'Irrigation du Sind avait expliqué que l'évacuation de Shahdadkot était "une mesure préventive" car les digues protégeant la ville des affluents de l'Indus menaçaient de céder.
Les inondations provoquées depuis près d'un mois par des pluies de mousson d'une ampleur exceptionnelle ont affecté un cinquième du territoire pakistanais. Elles ont tué pour l'heure plus de 1.500 personnes, la majorité dans le Nord-Ouest, et affecté à divers degrés quelque 20 millions de Pakistanais, dont au moins 4,8 millions sont encore sans abri, selon une nouvelle estimation de l'ONU.
Dans le Nord-Ouest et le Nord-Est, les zones les plus touchées au début des inondations, ainsi que dans le centre, les eaux ont commencé à refluer, laissant des villages dévastés et des champs de boue à perte de vue.
En plein ramadan, des millions de Pakistanais survivent péniblement, dans des camps régis par les autorités, l'ONU ou des ONG, pour les plus chanceux, sans toit ou dans des habitats très précaires pour le plus grand nombre, la plupart en manque de nourriture, d'eau potable, de soins et à la merci d'épidémies dont le risque s'accroît.
"Nous estimons à 4,8 millions le nombre de personnes sans abri maintenant", a déclaré le 23 août Maurizio Giuliano, porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) à Islamabad.
Selon lui, l'ONU a déjà distribué des tentes et des bâches à un million d'entre elles depuis le début de la catastrophe et en a commandé de nouvelles pour plus de 2,4 millions de sinistrés supplémentaires.
M. Giuliano a également indiqué que l'Ocha avait recensé pour l'heure 1,5 million de personnes qui ont dû être soignées pour des pathologies infectieuses diverses (affections de l'appareil respiratoire, de la peau ou des diarrhées aiguës pour la majorité).
Les autorités pakistanaises disent depuis plusieurs jours redouter des épidémies de choléra, de typhoïde et d'hépatites.
Par ailleurs, les inondations continuent de faire des morts. Dans le Centre du Pakistan le 23 août, au moins 20 personnes ont péri noyées et une vingtaine ont disparu quand leur autobus a été emporté par les eaux.
AFP/VNA/CVN