Otages tués au Niger : la France et le Mali accusent Aqmi

La France et le Mali ont accusé le 10 janvier Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) d'être derrière l'enlèvement au Niger de deux Français tués samedi, lors d'un assaut des forces françaises en territoire malien contre les ravisseurs.

En visite à Niamey le 10 janvier, le ministre français de la Défense, Alain Juppé, a dit avoir "absolument" la confirmation de l'implication d'Aqmi dans l'enlèvement des deux Français dans la capitale.

Une source sécuritaire malienne a également affirmé qu'il y avait "des preuves irréfutables qui accablent" Aqmi.

Aussitôt après le rapt le 7 janvier dans un restaurant de Niamey d'Antoine De Léocour et Vincent Delory, deux amis d'enfance âgés de 25 ans, les soupçons s'étaient portés sur cette mouvance, qui retient depuis septembre 2010 cinq Français kidnappés dans le Nord du Niger.

Le Premier ministre français François Fillon a déclaré à Paris que les otages ont été "éliminés froidement" par leurs ravisseurs et que le rapt était "une commande d'Aqmi exécutée par des gens très divers, une douzaine de types".

L'assaut final a eu lieu au Mali et a été l'oeuvre des seules forces françaises après accord préalable de Bamako, a-t-il dit, alors que les premières informations avaient fait état d'une opération de sauvetage en territoire nigérien, près de la frontière malienne.

Évoquant une "prise d'otages particulièrement brutale et barbare", M. Juppé a indiqué être venu pour exprimer la "détermination commune" du Niger et de la France "à lutter contre le terrorisme et adresser les remerciements du président français (Nicolas Sarkozy) et du gouvernement aux autorités nigériennes pour leur engagement".

Le ministre, qui s'est entretenu avec le chef de la junte au pouvoir au Niger, le général Salou Djibo, a dit avoir demandé "des mesures complémentaires" de sécurité à Niamey, notamment pour les 1.500 Français et binationaux sur place.

Il a cité le lycée et le centre culturel français mais aussi "certains lieux publics fréquentés par tout le monde, dont nos ressortissants, comme l'aéroport". Les autorités nigériennes l'ont "assuré qu'elles allaient revoir leur dispositif pour améliorer les choses", a-t-il déclaré, avant de rencontrer la communauté française.

M. Juppé s'est recueilli à son arrivée à Niamey sur la dépouille des deux jeunes hommes à la clinique privée de la capitale où les corps ont été transférés.

Selon des élus, les corps devaient être rapatriés le 11 janvier. Des policiers antiterroristes français ont été envoyés ce week-end au Niger pour prendre part à l'enquête, alors que les circonstances de la mort des otages sont encore entourées de zones d'ombre.

Le drame a suscité une vague d'indignation et d'émotion en France, où l'heure était à l'union nationale dans la classe politique.

Paris a mis en garde ses ressortissants contre la menace accrue de "terrorisme" dans trois pays du Sahel : Mauritanie, Mali et Niger. "Au regard de la menace terroriste qui pèse sur la région, aucun endroit ne peut désormais plus être considéré comme sûr", a averti le ministère des Affaires étrangères.

La paisible Niamey était jusque-là considérée comme une capitale sans risque mais l'enlèvement des deux jeunes hommes le 7 janvier a changé la donne.

Aqmi a revendiqué il y a trois mois le rapt de cinq Français, d'un Togolais et d'un Malgache travaillant pour la plupart pour le groupe nucléaire français Areva et un sous-traitant du groupe de construction Vinci dans le Nord du Niger.

En juillet avait été annoncée l'exécution de Michel Germaneau, un humanitaire français de 78 ans qui avait été enlevé le 19 avril dans le Nord du Niger.

AFP/VNA/CVN

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