Opération "Morses" au Groenland pour le voilier polaire Vagabond

Le voilier polaire Vagabond (photo ci-contre), support logistique depuis 10 ans de nombreuses expéditions scientifiques en Arctique, mettra le cap en mai prochain sur l'extrême Nord du Groenland pour une mission d'étude des morses et leur système de communication acoustique.

La population de ces molosses de la glace (800 kg à près de deux tonnes) aux deux longues défenses d'ivoire est estimée à quelque 220.000 individus autour de l'océan glacial Arctique.

"Notre nouvelle mission de support logistique et itinérant d'expéditions scientifiques en Arctique partira de Brest (Ouest de la France) le 1er mai et durera deux années, aux confins du Passage du Nord-Ouest où nous ferons deux hivernages", a expliqué Eric Brossier, 41 ans, le capitaine du bateau polaire.

Vagabond (15,30 m de long) et son équipage familial -Eric Brossier, ingénieur en génie océanique et géophysicien, son épouse, France Pinczon du Sel, artiste aquarelliste et leurs deux petites filles, Léonie et Aurore (4 et un an)- est bien connu des scientifiques et explorateurs du monde polaire.

En 2002-2003, ils réussirent la première circumnavigation arctique. Dans la foulée, ils effectuèrent jusqu'en 2009 cinq hivernages dans les glaces de la côte Est du Spitsberg pour étudier, dans le cadre du programme européen Damoclès, l'évolution du climat dans les hautes latitudes.

Deux chercheurs du CNRS, Isabelle Charrier et Thierry Aubin, embarqueront à bord de Vagabond, équipés d'appareils d'enregistrement sophistiqués pour capter et décrypter les signaux sonores de communication entre les femelles morses et leurs progénitures.

Le Morse du morse

"Nous savons déjà que la mère reconnaît, dans la multitude, le cri de son bébé, mais ignorons si l'inverse est vrai. C'est ce que nous allons essayer de déterminer", explique Isabelle Charrier.

Pour ce faire, les deux scientifiques devront s'approcher à quelques mètres de ces gros mammifères de mer vivant sur des plaques de glaces en eau peu profonde, où ils pêchent les mollusques (praires, palourdes, clams...) dont ils se nourrissent.

Avec la possible augmentation du trafic maritime dû à la fonte massive de la banquise en été, les deux chercheurs se pencheront aussi sur l'impact de la pollution sonore des moteurs de bateaux sur le comportement des morses et l'éventuelle désorganisation de leur système de communication acoustique.

Grise Fjord, terre de malheur

Vagabond mettra ensuite le cap plus à l'ouest, à la pointe australe de la Terre d'Ellesmere, dans le Nunavut canadien, à proximité du village Inuit de Grise Fjord (le fjord des cochons en norvégien).

"Nous y passerons deux hivers, cette fois, pour y suivre la croissance et la décroissance de la banquise selon un programme de recherche de l'Université canadienne d'Alberta", ajoute Eric Brossier.

Par 76° de latitude Nord, Grise Fjord, dont le nom en langue Inuit est Aujuittuq (le lieu qui ne dégèle jamais), compte 140 habitants.

Une poignée de familles Inuits du Nord-Québec y fut installée par le gouvernement canadien en 1953 dans le but d'assurer, en pleine guerre froide, la souveraineté du pays dans les îles arctiques. Il leur fut promis un retour au bercail au bout d'un an, en cas de non acclimatation.

Ces déracinés découvrirent un environnement inconnu, hostile, plongé dans la nuit six mois par an, très difficile à pêcher et à chasser. Quand ils voulurent rentrer au Nord-Québec, le gouvernement ne tint pas sa parole de "rapatriement".

Quarante ans plus tard, en 1993, la Commission royale canadienne sur les peuples aborigènes estima que cette affaire fut "l'une des pires violation des droits de l'homme de l'histoire du Canada".

AFP/VNA/CVN

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