Offensive sociale de Bruxelles face aux populismes

La Commission européenne a lancé mercredi 26 avril une offensive sociale dans le but de regagner la confiance des Européens, en plein entre-deux-tours de l'élection présidentielle française.

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La Commissaire européenne Marianne Thyssen lors d'une conférence de presse, le 26 avril à Bruxelles. Photo : AFP/VNA/CVN

"Le populisme se nourrit de la fracture sociale. La Commission fait des propositions aujourd'hui pour renforcer les droits sociaux de tous les Européens", a expliqué le Commissaire européen aux affaires économiques, le Français Pierre Moscovici.

"Regardez ce qui se passe en France pendant la campagne électorale, la politique sociale est au centre de l'intérêt des gens : ce que nous devons faire, c'est regagner leur confiance", a renchéri sa collègue chargée des affaires sociales, la Belge Marianne Thyssen.

Après la victoire des partisans de la sortie du Royaume-Uni de l'UE en juin 2016 et la montée de l'extrême droite dans nombre de pays européens - comme l'illustre l'accession de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle en France -, la Commission européenne se veut déterminée à placer le dossier social au cœur de ses préoccupations.

Problème : ses pouvoirs en matière sociale sont extrêmement limités et ses initiatives dépendent du bon vouloir des États membres.

À cet égard, le Brexit pourrait être une opportunité, Londres ayant toujours été vent debout contre une trop grande implication de l'UE dans ce domaine.

Pour ouvrir ce chantier, la Commission a publié mercredi 26 avril un "socle européen des droits sociaux", où sont énumérés vingt principes visant à répondre aux grands défis du 21e siècle, tels que la mondialisation, le vieillissement de la population et la numérisation qui ont bouleversé les équilibres au sein de l'UE.

Cette sorte de charte aux grands principes non contraignants est conçue pour les 19 pays de la zone euro mais elle pourrait être appliquée par tous les États membres de l'UE.

"Fossé abyssal"

Cependant, pour les eurodéputés sociaux-démocrates et écologistes, l'exécutif européen ne va pas assez loin.

"Les droits sociaux sont à nouveau à l'agenda européen, mais une action concrète est urgemment nécessaire", se sont emportés les premiers.

"Il y a un fossé abyssal entre la vision annoncée en grande pompe aujourd'hui et la réalité des mesures que la Commission Juncker propose de mettre en œuvre", ont fustigé les seconds.

Outre la proclamation de grands principes, l'exécutif européen fait une série de propositions législatives concrètes pour mieux concilier travail, congé parental et paternel ainsi que les soins aux parents âgés.

L'idée générale est d'accroître les possibilités pour les hommes de prendre leurs responsabilités parentales et par conséquent d'améliorer la situation sur le marché du travail des femmes, en général toujours plus sollicitées que leurs conjoints pour garder les enfants.

Ces propositions devront encore être discutées, voire amendées avant leur approbation par le Conseil (qui représente les États membres de l'UE) et le Parlement européen. Le texte de l'exécutif européen instaure notamment un nouveau droit pour les pères de prendre au moins un congé de 10 jours de travail autour de la naissance de leur enfant.

C'est un peu plus qu'actuellement en France par exemple, où les pères peuvent prendre au maximum 11 jours consécutifs au plus (samedi, dimanche et jour férié compris). Ces dix jours non travaillés seront rémunérés au moins au niveau des indemnités maladies, stipule la Commission dans son texte. Elle propose également d'étendre la possibilité de prendre un congé parental de quatre mois pour s'occuper d'enfants jusqu'à ce qu'ils aient 12 ans (pour l'instant, il prend fin à leurs 8 ans).

Ce congé parental devient un droit individuel pour les mères et pour les pères (sans qu'il s'agisse d'un transfert de 4 mois pour l'autre parent), une forte incitation pour les hommes de recourir à ce droit, écrit la Commission.

Pour la première fois, est également instaurée la possibilité de prendre un congé de 5 jours par an, en cas de maladie d'un proche. Une réponse directe au vieillissement de la population, où de plus en plus d'actifs sont sollicités pour prendre soin de leurs parents âgés et souffrants.


AFP/VNA/CVN

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