Brexit
May reçoit Juncker, l'Union européenne durcit sa position

La Première ministre britannique Theresa May a reçu mercredi 26 avril à Londres lors d'un "dîner de travail utile" les principaux acteurs européens du Brexit, à quelques jours d'un sommet des 27 à Bruxelles destiné à fixer les lignes rouges des négociations.

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La Première ministre britannique Theresa May reçoit le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le 26 avril à Londres.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mme May a accueilli le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker pour leur premier face à face depuis qu'elle a lancé le 29 mars le processus de sortie des Britanniques du giron européen.

Michel Barnier, négociateur en chef de l'Union européenne, et les ministres britanniques en charge du Brexit, David Davis, et des Finances, Philipp Hammond, ont participé à ce que les services de Madame May ont qualifié de "rencontre constructive".

À la suite de l'invocation de l'article 50, point de départ de deux ans de négociations à l'issue desquelles la Grande-Bretagne fera ses adieux à l'Union européenne (UE), Madame May "a réaffirmé l'engagement du Royaume-Uni à parvenir à un partenariat étroit et singulier avec l'Union européenne", a indiqué d&ans la soirée un bref communiqué de Downing Street.

Depuis son activation, plusieurs hauts responsables européens se sont succédé dans la capitale britannique : le président du Parlement européen Antonio Tajani la semaine dernière, et le président du Conseil européen Donald Tusk le 6 avril.

Ce ballet diplomatique montre que le Royaume-Uni envisage "les négociations d'une manière constructive et avec bonne volonté", a assuré mardi 25 avril le porte-parole de Theresa May.

La cheffe de l'exécutif britannique avait déjà indiqué qu'elle souhaitait conserver une relation "spéciale" avec l'UE, tout en optant pour ce qui est généralement présenté comme un Brexit "dur" incluant notamment la sortie du marché unique.

Mais l'affaire est loin d'être pliée, comme l'a rappelé la commissaire européenne au Marché intérieur et à l'industrie, Elzbieta Bienkowska, qui a déclaré dans le journal allemand Die Welt que Londres ne pouvait avoir "le beurre et l'argent du beurre".

Des compromis "nécessaires"

Signe des complications à venir, l'UE a durci sa position sur plusieurs dossiers clefs - les droits des citoyens après la sortie du Royaume-Uni, l'avenir des services financiers et la facture du divorce -, comme le montre un projet d'"orientations de négociations" consulté par l'AFP.

Commerce, population, économie, migrations : données chiffrées clés entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.

L'UE, qui a fait de la défense des droits des citoyens de l'UE au Royaume-Uni (et inversement des ressortissants britanniques dans le reste de l'UE) l'une de ses trois priorités, cherchera à garantir "le droit d'acquérir la résidence permanente" pour les personnes ayant vécu légalement cinq ans sur le territoire britannique, selon ce document.

Sur ce point, Theresa May pourrait s'accorder avec les dirigeants européens. Un porte-parole de Downing Street a fait savoir qu'elle devrait profiter du dîner pour "réaffirmer son souhait d'obtenir rapidement des garanties sur les droits des citoyens européens vivant au Royaume-Uni, ainsi qu'un engagement réciproque" de la part de l'UE.

Le projet est plus ferme également sur la question du secteur financier, que l'UE veut protéger de toute perturbation liée à la sortie de la City, principale place financière européenne, du marché unique.

Quant à la facture que devra régler Londres en quittant l'UE, c'est l'un des dossiers les plus sensibles, Bruxelles ayant déjà indiqué qu'elle serait "salée". Elle a été évaluée côté européen à environ 60 milliards d'euros.

"Nous aurons des questions difficiles à régler. Des compromis seront nécessaires des deux côtés", a reconnu mercredi 26 avril David Davis, tout en ajoutant : "Mais le Royaume-Uni a de bonnes raisons de se sentir optimiste".

Le texte négocié à Bruxelles par les représentants des 27 États membres, dont une première version a été présentée fin mars, doit encore être finalisé jeudi 27 avril en conseil des ministres, avant d'être signé samedi au cours du sommet extraordinaire des dirigeants, hors Royaume-Uni, dans la capitale belge.

Les États membres devront ensuite adopter des "directives" plus détaillées le 22 mai, lors d'une réunion qui confiera également au Français Michel Barnier son mandat de négociateur en chef pour les 27.

L'UE espère entamer les négociations sur l'article 50 après les élections générales anticipées prévues au Royaume-Uni le 8 juin. Ce scrutin a été convoqué par Theresa May, qui espère en sortir renforcée pour négocier le Brexit.


AFP/VNA/CVN

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