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Le site antique de Hatra. |
Le Hachd al-Chaabi "a libéré le site antique de Hatra (...) après de violents combats avec l'ennemi", ont indiqué dans un communiqué ces forces paramilitaires dominées par des milices chiites.
Elles avaient lancé leur offensive mardi 25 avril à l'aube et ont depuis repris au groupe jihadiste sunnite cinq villages et le site antique, au sud-ouest de Mossoul.
La localité voisine du même nom n'a pas été entièrement reprise mais les forces progouvernementales ont affirmé avoir "pénétré la ville après que la défense de l'EI s'est effondrée".
Le Hachd al-Chaabi (Mobilisation populaire) a indiqué avoir tué 61 jihadistes en deux jours, dont 19 kamikazes, et évacué quelque 2.500 civils qui ont fui leur maison.
Parallèlement à l'offensive lancée le 17 octobre par les forces irakiennes pour reprendre Mossoul, dernier grand fief de l'EI en Irak, le Hachd al-Chaabi tente de prendre aux jihadistes la ville de Tal Afar, à l'ouest, et des secteurs désertiques qui s'étendent jusqu'à la frontière syrienne.
Selon un correspondant de l'AFP sur place, l'avancée des forces progouvernementales est rapide face à une faible résistance des jihadistes. Le Hachd al-Chaabi a indiqué s'être emparé de 800 km².
Située dans une région désertique, la cité de Hatra construite au IIe ou IIIe siècle avant J.-C. était un important centre religieux et commercial sous l'empire perse des Parthes. Elle était dotée d'imposantes fortifications et abritait de magnifiques temples, associant l'architecture occidentale et orientale.
Position stratégique
À l'apogée du "califat" proclamé en 2014 par l'EI en Irak et en Syrie, plus de 4.000 sites archéologiques irakiens étaient sous la coupe des ultraradicaux sunnites.
Les forces irakiennes reprennent le 26 avril à l'EI le site antique de Hatra. |
Photo : AFP/VNBA/CVN |
Les jihadiste se sont aussi livrés à des destructions sur plusieurs sites archéologiques dans les territoires conquis dans ces deux pays, quand ils ne pratiquaient pas le trafic d'antiquités pour financer leurs activités.
L'organisation jihadiste avait publié une vidéo montrant ses combattants détruire à Hatra les sculptures des murs d'un bâtiment, leur tirer dessus et s'attaquer à une statue avec une pioche. L'étendue des dégâts du site n'est toujours pas connue. Mais au-delà du poids historique et culturel de Hatra, la zone revêt une importance stratégique car elle se trouve entre les provinces de Ninive, Salaheddine et Anbar.
Depuis plusieurs mois, la reconquête progressive de vastes pans de territoire par les forces irakiennes, avec l'aide d'une coalition internationale, permet de découvrir l'étendue des dégâts, "plus importants que redouté", selon l'UNESCO.
Pour la seule région de Mossoul, dans le nord du pays, "au moins 66 sites archéologiques ont été détruits, certains ont été transformés en parkings, des lieux de culte musulmans et chrétiens ont subi des destructions massives, des milliers de manuscrits ont disparu", avait témoigné le vice-ministre irakien de la Culture, Qaïs Rachid, lors d'une conférence organisée en février par l'UNESCO à Paris.
En novembre, un mois après le lancement de l'offensive sur Mossoul, deuxième ville d'Irak, les forces irakiennes avaient repris à l'EI le site de Nimrod, joyau de l'empire assyrien fondé au XIIIe siècle et détruit par les jihadistes au bulldozer, à la pioche et à l'explosif. Puis en mars, avec l'avancée des troupes gouvernementales à Mossoul-Ouest, celles-ci remettent la main sur le musée de Mossoul, dévasté. Deuxième plus important du pays, ce musée abritait des objets inestimables de la période assyrienne ainsi que de l'ère hellénistique, datant de plusieurs siècles avant l'ère chrétienne.
AFP/VNA/CVN