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Tirs contre des policiers à Dallas. |
Obama reviendra à Washington dimanche soir, 10 juillet, soit "un jour plus tôt que prévu" et se rendra à Dallas "en début de semaine" prochaine, à l'invitation du maire de la ville texane Mike Rawlings, a annoncé vendredi soir 8 juillet la Maison Blanche.
Le suspect a été identifié par la police comme Micah Johnson, un ancien soldat noir de 25 ans. Avant d'être tué par une unité d'élite au terme d'une longue confrontation avec la police, Micah Johnson a expliqué qu'il voulait "tuer des Blancs, en particulier des policiers blancs".
Il semble avoir agi seul, selon le ministre américain de la Sécurité intérieure, Jeh Johnson, qui a, comme la Maison Blanche, exclu tout lien avec une "organisation terroriste" à ce stade de l'enquête. À son domicile, la police a retrouvé un véritable arsenal : du matériel servant à fabriquer des bombes ainsi que des fusils, des munitions et un journal personnel de tactiques de combat.
La fusillade a également fait jeudi soir 7 juillet neuf blessés, dont sept agents des forces de l'ordre. C'est le pire bilan enregistré par la police américaine depuis les attentats du 11 septembre 2001. L'attaque a eu lieu à quelques rues de Dealey Plaza, l'endroit où avait été assassiné le président John F. Kennedy en 1963, lui aussi par un tireur isolé.
Disparités raciales
Sur un compte Facebook attribué à Micah Johnson et désactivé depuis, ce dernier semble soutenir des organisations de défense des Noirs prônant la haine, selon le Southern Poverty Law Center qui suit ces mouvements aux États-Unis. Sur des photos de ce compte, on le voit le poing serré en l'air, un geste symbole des luttes d'émancipation des Noirs en Amérique. Dépourvu de casier judiciaire, Micah Johnson avait servi dans l'armée de terre, notamment en Afghanistan de novembre 2013 à juillet 2014, selon le Pentagone. Il vivait à Mesquite, en banlieue de Dallas.
Le président Barack Obama a dénoncé depuis Varsovie "des attaques haineuses, calculées et méprisables", pour lesquelles il n'existe "pas de justification". Les drapeaux seront en berne aux États-Unis jusqu'au 12 juillet.
Il a aussi semblé évoquer une initiative contre l'accès aux armes de guerre en vente libre: "lorsque les gens sont porteurs d'armes puissantes, malheureusement, cela rend ce genre d'attaques encore plus meurtrières et plus tragiques. Dans les jours qui viennent nous devrons prendre cette réalité en considération".
Le président entend aussi discuter "de mesures politiques qui répondent aux disparités raciales persistantes dans notre système pénal", selon la Maison Blanche.
Du matériel servant à fabriquer des bombes retrouvé au domicile du suspect |
Du matériel servant à fabriquer des bombes retrouvé au domicile du suspect. Photo : AFP/VNA/CVN |
Les deux candidats à l'élection présidentielle américaine, Hillary Clinton et Donald Trump, ont annulé vendredi leurs meetings de campagne. C'est "une attaque contre notre pays", a jugé M. Trump, dénonçant "l'horrible attaque, à la manière d'une exécution". "Je pleure pour les policiers tués en accomplissant leur devoir sacré de protéger des manifestants pacifiques", a écrit Mme Clinton.
"Péché de l'esclavage"
Devant des milliers de personnes rassemblées pour un moment de recueillement écuménique, le maire de Dallas a appelé à guérir les blessures du racisme. "Notre communauté peut-elle, sincèrement et profondément, comprendre la souffrance que la discrimination raciale et le plus grand péché de l'Amérique, l'esclavage, ont créée à travers l'histoire ?", a déclaré Mike Rawlings.
La police de Dallas avait initialement évoqué deux snipers et interpellé plusieurs suspects, mais n'avait plus mentionné l'hypothèse d'une opération coordonnée vendredi. Le massacre s'est produit pendant une manifestation dénonçant les brutalités policières contre les Noirs, faisant basculer le centre de Dallas dans le chaos.Des témoins ont relaté des scènes de panique, des tirs nourris, des habitants s'enfuyant dans toutes les directions.
"Il y avait des Noirs, des Blancs, des Latinos, tout le monde. Et il y a eu (les coups de feu) sortis de nulle part", a relaté un témoin. "C'était le chaos total". Les médias américains ont diffusé une vidéo où le tireur épaule un fusil d'assaut et fait feu sur des cibles non identifiées.
Micah Johnson s'est retranché ensuite durant des heures dans un bâtiment où il a finalement été tué avec un robot télécommandé de la police qui a fait détoner une bombe. Le drame a eu lieu au moment où plusieurs manifestations étaient organisées dans le pays après la mort de deux Noirs abattus par la police cette semaine, l'un en Louisiane (Sud), l'autre dans le Minnesota (Nord), des scènes filmées qui ont choqué l'opinion.
En pointe de ces protestations, le mouvement Black Lives Matter ("Les vies des Noirs comptent") s'est défendu d'avoir jeté de l'huile sur le feu. "Black Lives Matter combat pour la dignité, la justice et la liberté. Pas le meurtre", a fait savoir l'organisation.
AFP/VNA/CVN