Le ministre irakien de l'Intérieur présente sa démission après l'attentat de Bagdad

Le ministre irakien de l'Intérieur, Mohammed Al-Ghabbane, a présenté mardi 5 juillet sa démission deux jours après un attentat qui a fait plus de 200 morts à Bagdad et provoqué la colère de la population face à l'impuissance de l'État à prévenir de telles attaques.

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"J'ai remis ma démission au Premier ministre" Haider al-Abadi, a annoncé Mohammed Al-Ghabbane lors d'une conférence de presse, en reconnaissant des failles dans les mesures de sécurité mises en place dans la capitale.

Au moins 213 personnes ont été tuées et plus de 200 blessées dimanche 3 juillet lorsqu'un véhicule piégé a explosé dans un quartier commerçant de la capitale irakienne, l'un des attentats les plus meurtriers qu'ait connu le pays.

Un Irakien recherche des personnes dans les décombres le 4 juillet au centre de Bagdad, au lendemain d'un attentat suicide

L'attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste État islamique (EI), chassé une semaine plus tôt de son bastion de Fallouja, mais qui parvient toujours à commettre des attentats au cœur même de la capitale.

Elle a provoqué la colère des Irakiens face à l'incapacité du gouvernement à protéger les populations civiles et à mettre en œuvre des mesures de sécurité efficaces.

Le ministre de l'Intérieur a reconnu que le véhicule piégé venait de la province de Diyala, au nord de la capitale, ce qui signifie qu'il est parvenu à franchir sans encombre les checkpoints de sécurité lors de son trajet.

M. Ghabbane, dont la démission doit encore être acceptée, a estimé que ces points de contrôle disséminés à travers Bagdad, l'une des mesures symboliques de l'État pour sécuriser la ville, étaient "absolument inutiles", sans toutefois assumer directement la responsabilité de l'explosion.

Il a également appelé à une série de changements, notamment le renforcement des pouvoirs du ministère de l'Intérieur pour sécuriser la capitale irakienne.

Tentative d'apaisement

L'annonce de la démission de M. Ghabbane semble être une nouvelle tentative pour apaiser la colère de la population contre le gouvernement.

Dès dimanche 3 juillet, le Premier ministre avait annoncé la modification des mesures de sécurité, notamment le retrait des détecteurs d'explosifs dont l'efficacité avait été mise en doute.

M. Abadi a également ordonné au ministère de l'Intérieur d'accélérer le déploiement du "dispositif Rapiscan pour la recherche de véhicules" à toutes les entrées de Bagdad, et interdit l'utilisation des téléphones portables au personnel de sécurité en service.

Mardi 5 juillet, de nombreux Irakiens étaient toujours à la recherche des corps au milieu des décombres dans le quartier de Karrada, alors que le pays a déclaré trois jours de deuil national.

Des banderoles noires portant le nom des victimes -dont plusieurs membres de certaines familles- ont été accrochées aux façades recouvertes de suie pour indiquer le lieu et la date de leurs funérailles.

Près de 150 corps doivent encore être identifiés par analyse ADN après avoir été brûlés dans l'explosion, a indiqué mardi 5 juillet la ministre de la Santé, Adila Hammoud, qui a fait état d'un bilan de 250 tués.

Par ailleurs, une vingtaine de personnes donnaient leur sang au centre national pour aider les blessés. "Sur les trois derniers jours, nous avons eu 3.800 donneurs", a souligné Yaqub al-Mussawi, directeur du centre.

Depuis la chute du régime de Saddam Hussein, en 2003, l'Irak est en proie à l'instabilité politique et sécuritaire avec des crises gouvernementales à répétition et des attentats qui continuent d'endeuiller le pays.

L'EI s'est emparé en 2014 de larges pans du territoire irakien mais a depuis perdu du terrain au profit des forces gouvernementales, soutenues par les frappes de la coalition internationale sous commandement américain.

AFP/VNA/CVN

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