>>Attentats de Paris : Hamza Attou pourra être transféré en France sous conditions
La police belge devant le tribunal de Bruxelles pendant l'audition de Mohammed Amri, le 20 novembre. |
Mohamed Amri, Belgo-Marocain de 27 ans et Ali Oulkadi, un Français de Molenbeek de 31 ans, ont été mis en examen à Paris pour "association de malfaiteurs terroriste" criminelle et "recel de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" par les juges parisiens chargés de l'enquête, selon une source judiciaire. Ils ont tous les deux été écroués.
Les deux hommes ont été livrés à la justice française en exécution du mandat d'arrêt européen délivré à leur encontre dans l'enquête sur les attentats qui ont fait 130 morts, avait annoncé plus tôt dans la journée le parquet fédéral belge dans un communiqué.
L'enquête franco-belge a montré qu'un solide réseau de complicités et d'amitiés avait permis à Salah Abdeslam de se cacher pendant quatre mois dans des quartiers de Bruxelles pourtant quadrillés par la police, jusqu'à son arrestation le 18 mars à Molenbeek, la commune de son enfance au cœur de la capitale belge.
À l'aube du 14 novembre, Mohamed Amri, accompagné de l'un de ses amis de Molenbeek, Hamza Attou, était venu de Belgique récupérer en région parisienne Salah Abdeslam, seul membre des commandos des attentats encore en vie. Parce que son "véhicule était en panne", avait raconté Amri aux enquêteurs belges.
Abdeslam l'avait appelé à la rescousse vers 22h30, soit peu après le début des attaques jihadistes, après avoir probablement convoyé les kamikazes au Stade de France et abandonné une ceinture d'explosifs. Son frère Brahim Abdeslam venait de se faire exploser dans un restaurant parisien.
"Je suis surpris que vous pensiez que (Salah Abdeslam) ait pu être impliqué dans ces attentats", avait déclaré aux enquêteurs cet accompagnateur au Samu social. Mais il est soupçonné d'avoir eu connaissance des projets des frères Abdeslam, qu'il considère tantôt comme des amis tantôt comme des "connaissances" : il était avec Brahim le 9 novembre quand ce dernier a loué la Seat utilisée par un des commandos jihadistes et a été en contact par téléphone avec Salah à plusieurs reprises entre le 9 et 11 novembre, explique une source proche du dossier.
"Tout était sur son nom"
Le 14 novembre au matin, sur la route vers la Belgique, le trio Attou-Amri-Abdeslam avait été contrôlé à trois reprises, sans être jamais inquiété. Si le nom d'Abdeslam figurait dans le Système d'information Schengen (SIS II) pour des faits de droit commun, le renseignement belge qui connaissait sa radicalisation n'avait pas inscrit cette donnée dans le fichier consulté par les gendarmes français.
Photo de Salah Abdeslam transmise par la police française, le 15 novembre 2015 dans le cadre d'un appel à témoins. |
Une fois à Bruxelles, Hamza Attou avait emmené Salah Abdeslam rejoindre Ali Oulkadi dans un café. De là, Oulkadi avait déposé le fugitif dans la commune bruxelloise de Schaerbeek.
Salah Abdeslam "m'a dit que tout était sur son nom. Il m'a aussi dit qu'il ne devait pas être là au moment des faits", avait déclaré Oulkadi devant les enquêteurs belges, selon une source proche du dossier.
Les enquêteurs pensent qu'Oulkadi, qui se présente comme "l'ami" de Brahim Abdeslam dont il fréquentait le bar Les Béguines, a aussi conduit ce dernier à l'aéroport avant son décollage pour la Turquie le 27 janvier 2015.
Contrairement à ses déclarations, les enquêteurs considèrent qu'il ne pouvait ignorer la préparation des attentats, son ADN ayant été retrouvé dans l'un des appartements "conspiratifs" de la cellule franco-belge ayant servi à la confection des ceintures explosives, à Schaerbeek, a précisé une source proche du dossier.
L'arrivée en France de ces deux nouveaux suspects s'ajoute à celle d'Abdeslam, remis à la justice française le 27 avril et mis en examen pour "assassinats terroristes", et d'Attou, transféré la semaine dernière par la Belgique.
D'autres personnes visées par un mandat d'arrêt des juges français doivent être prochainement remis à la France : Mohamed Bakkali, soupçonné d'avoir loué une BMW et des planques belges ayant servi à la préparation des attentats de Paris et de Bruxelles (32 morts le 22 mars). Mohamed Abrini sera remis aux autorités françaises mais pas dans l'immédiat, du fait de son implication dans les attentats de la capitale belge.