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>> Droits de douane, Iran et Gaza au menu d'une visite de Netanyahu à Washington
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L'envoyé américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff (gauche), le 6 mars 2025 à la Maison Blanche, et le ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi, le 7 mars 2025 à Jeddah. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doivent piloter ces discussions à huis clos à Mascate, la capitale de ce pays du Golfe voisin de l'Iran.
Les pourparlers seront les premiers à ce niveau entre les deux pays ennemis depuis le retrait américain en 2018, sous la première présidence de Donald Trump, d'un accord conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances pour encadrer son programme nucléaire en échange d'une levée des sanctions internationales.
Une initiative surprenante
Signe de la distance qui sépare les deux camps, même le format n'est pas confirmé : la Maison Blanche a encore affirmé vendredi 11 avril qu'il s'agirait de négociations directes "dans une même pièce", tandis que Téhéran parle de discussions menées via un médiateur.
Selon l'agence de presse iranienne Tasnim, les délégations devraient arriver samedi 12 avril à Oman et débuter des négociations dans l'après-midi par l'intermédiaire du chef de la diplomatie omanaise Badr al-Busaidi.
Le président Donald Trump a créé la surprise en annonçant lundi 7 avril la tenue de ces discussions, après des semaines de guerre des mots entre les deux pays, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.
"Ligne rouge"
"Je veux que l'Iran soit un pays merveilleux, grand et heureux. Mais il ne peut pas avoir d'arme nucléaire", a prévenu vendredi 11 avril M. Trump à la veille des discussions, à bord de l'avion Air Force One.
M. Witkoff, qui était en visite vendredi 11 avril en Russie, a déclaré au Wall Street Journal que la "ligne rouge" pour Washington était "la militarisation de la capacité nucléaire" de l'Iran.
"Notre position commence par le démantèlement de votre programme. C'est notre position aujourd'hui. Cela ne veut pas dire qu'à la marge nous n'allons pas trouver d'autres moyens pour tenter de parvenir à un compromis", a-t-il dit en parlant du message qu'il livrerait aux Iraniens.
Mercredi 9 avril, le président américain, qui ne cesse de menacer d'attaquer l'Iran, a encore fait monter la pression, en déclarant qu'une intervention militaire contre ce pays était "tout à fait" possible en cas d'absence d'accord.
"S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force. Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file", a averti M. Trump, un allié du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui agite régulièrement le spectre d'une attaque contre le programme nucléaire iranien perçu comme une menace contre son pays.
L'Iran a menacé en retour d'expulser des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), une mesure qui constituerait "une escalade" selon Washington.
Le poids des sanctions
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Une personne passe devant une fresque sur l'ancienne ambassade américaine à Téhéran, le 8 avril 2025. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Affaibli par les sanctions qui étranglent son économie et les revers infligés par Israël à ses alliés régionaux, le Hezbollah au Liban et le Hamas à Gaza, l'Iran a intérêt à négocier selon des experts.
Téhéran "cherche un accord sérieux et équitable", a déclaré vendredi 11 avril Ali Shamkhani, un conseiller du guide suprême iranien Ali Khamenei.
Les États-Unis cherchent à mettre fin au programme nucléaire de l'Iran, qu'ils accusent de vouloir se doter de l'arme nucléaire.
Téhéran a toujours nié avoir un tel objectif, assurant que son programme nucléaire n'est qu'à visée civile.
"Un peu d'oxygène"
Le premier point à l'agenda, "et l'un des plus importants", sera de définir le champ des discussions, affirme Ali Vaez, du groupe de réflexion International Crisis Group.
"L'Iran ne veut pas d'un ordre du jour élargi lors des premières étapes. Mais aucun accord ne sera viable s'il n'est pas global", poursuit-il.
Selon lui, l'Iran pourrait "s'engager à prendre des mesures pour limiter son programme nucléaire" en échange d'un allègement des sanctions, "mais pas le démanteler entièrement".
Pour Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris, "les négociations ne se concentreront pas exclusivement (...) sur le programme nucléaire". "L'accord devra inclure l'arrêt du soutien de l'Iran à ses alliés régionaux".
Les États-Unis ont adopté une politique de "pression maximale" à l'égard de l'Iran, et imposé cette semaine de nouvelles sanctions visant son programme nucléaire et son secteur pétrolier.
Les conflits à Gaza et au Liban ont attisé également les tensions entre l'Iran et Israël, qui ont mené des attaques militaires réciproques pour la première fois après des années de guerre par procuration.
Pour M. Bitar, "la seule et unique priorité est la survie du régime et, idéalement, l'obtention d'un peu d'oxygène, d'un allègement des sanctions, afin de relancer l'économie...".
AFP/VNA/CVN