Nucléaire : le Japon se lance dans une série de démantèlements précipités par Fukushima

Privé depuis des mois d'énergie nucléaire, le Japon se lance dans le démantèlement d'installations atomiques, précipité par le désastre de mars 2011 qui a déjà condamné les six réacteurs de la centrale accidentée Fukushima Daiichi.

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Des travailleurs de Tepco retirent les restes de combustible d'une piscine d'un des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Dai-ichi, dans le Nord du Japon.
Photo : AFP/VNA/CVN

Mardi 17 mars, la compagnie d'électricité Kansai Electric Power, qui alimente une partie de l'ouest de l'archipel, a opté pour la démolition de deux de ses réacteurs trop vieux et dont la prorogation de durée de vie, en théorie possible, serait trop coûteuse.
Kansai Electric prévoit de déconstruire les unités Mihama 1 et 2 respectivement mises en exploitation en 1970 et 1972 dans la région de Fukui (Ouest) où se trouvent plusieurs centrales atomiques.
La société Japan Atomic Power Company a aussi décidé mardi 17 mars le démantèlement de Tsuruga 1 (datant de 1970), également dans l'Ouest.
Manifestation contre l'utilisation de l'énergie nucléaire, le 8 mars à Tokyo, à la veille du 4e anniversaire du désastre de Fukushima.
Photo : AFP/VNA/CVN

Deux autres compagnies régionales, Chubu Electric Power et Kyushu Electric Power, pourraient sous peu annoncer des résolutions similaires pour leurs unités respectives Shimane 1 (1974) et Genkai 1 (1975).
Une première depuis Fukushima
C'est la première fois qu'une telle décision est prise depuis l'accident de Fukushima qui entraîne de facto le démantèlement de toutes les tranches du complexe exploité par Tokyo Electric Power (Tepco) dans le Nord-Ouest de l'archipel.
Le ministre japonais de l'Industrie, Yoichi Miyazawa, a déclaré mardi 17 mars étudier des dispositions particulières pour aider les localités qui hébergent les réacteurs concernés par ces décisions.
Le Premier ministre Shinzo Abe observe le départ d'un groupe de surveillance du niveau de radioactivité de la centrale sinistrée de Fujushima Dai-ich.
Photo : AFP/VNA/CVN

"En tant que pionnier dans le développement de moyens de démantèlement des réacteurs à eau pressurisée (PWR), nous poursuivons les recherches avec le concours des entreprises, universités et centres de recherches de la région", a souligné Kansai Electric.
Depuis le drame de Fukushima provoqué par un tsunami en mars 2011, les réacteurs nucléaires au Japon ne doivent pas fonctionner plus de quatre décennies. Mais, moyennant des contrôles poussés et modifications techniques, ils peuvent en théorie obtenir une dérogation pour 20 ans supplémentaires.
Le gouvernement a demandé l'an passé à tous les producteurs d'électricité du pays de déclarer rapidement leurs intentions au sujet des installations atteignant la limite d'âge, à savoir grosso modo les unités lancées dans les années 1970, au nombre d'une douzaine en plus des six de Fukushima Daiichi.
Tous doivent faire de savants calculs pour comparer les différentes options (démantèlement, travaux de mise en conformité...) en fonction des avantages et inconvénients matériels et financiers qu'il y a à faire tourner ou non chacun de leurs réacteurs.
Pour les cinq, dont le démantèlement est décidé ou en voie de l'être, le coût d'une éventuelle prolongation serait trop élevé au regard de leurs capacités, car il s'agit de modèles de faible puissance (moins de 600 mégawatts pour chaque).
Localisation des zones toujours évacuées à Fukushima, quatre ans après la catastrophe.
Photo : AFP/VNA/CVN

À l'inverse, trois autres tranches, d'un âge voisin, Takahama 1 et 2 et Mihama 3, pourraient bénéficier d'un prolongement d'activité. C'est le souhait de Kansai Electric qui devrait déposer une demande en ce sens mardi après-midi auprès de l'autorité de régulation nucléaire.
Priorité au redémarrage
Actuellement, les 48 réacteurs de l'archipel (sans compter les 6 condamnés de Fukushima-Daiichi) sont arrêtés. Si tous étaient définitivement stoppés au bout de 40 ans, la capacité potentielle nucléaire de l'archipel chuterait à 15% de l'électricité produite à horizon 2030, selon les calculs des organismes spécialisés, soit deux fois moins qu'avant le sinistre de mars 2011.
D'où la volonté de proroger l'usage des plus puissants à défaut d'en construire de nouveaux.
Dans l'immédiat, la priorité du gouvernement de Shinzo Abe est le redémarrage des réacteurs jugés sûrs.
Deux, Sendai 1 et 2 (Sud-Ouest), qui ont obtenu un feu vert relatif à leur sûreté de la part de l'Autorité de régulation et l'accord indispensable des autorités locales, sont censés reprendre du service dans l'année.
Deux autres, Takahama 3 et 4, exploités par Kansai Electric, ont reçu l'imprimatur technique de l'autorité, mais il leur manque encore l'approbation politique des élus de la région.
AFP/VNA/CVN

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