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Après cinq jours de négociations acharnées, la percée espérée n'est pas intervenue malgré les efforts redoublés des deux acteurs clés dans ce dossier, le secrétaire d'État américain John Kerry et le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, qui ont multiplié les entretiens jusque tard dans la soirée de vendredi 21 novembre.
"Je vais être honnête, des divergences demeurent (?), d'importantes divergences demeurent", a reconnu Eric Schultz, porte-parole du président américain Barack Obama, à l'issue de cette journée marathon.
Les grandes puissances du "5+1" (Chine, États-Unis, France, Russie, Royaume-Uni et Allemagne) et l'Iran s'efforcent de conclure d'ici lundi 24 novembre un accord qui mettrait fin à douze ans de tensions internationales.
Réunion des chefs de la diplomatie européenne, américaine, britannique et française au Palais Coburg, lors des négociations sur le nucléaire iranien, le 21 novembre à Vienne. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La communauté internationale souhaite que l'Iran réduise ses capacités nucléaires afin d'exclure tout débouché militaire. Téhéran, qui soutient que son programme nucléaire est strictement pacifique, revendique son droit à une filière nucléaire civile complète et demande la levée des sanctions économiques qui frappent le pays. "Nous sommes engagés dans une course contre la montre, la date-limite est lundi (24 novembre) et nos équipes travaillent sans relâche pour y arriver", a assuré M. Schultz.
Laurent Fabius et Philip Hammond, les ministres des Affaires étrangères français et britannique, se sont rendus à Vienne vendredi 21 novembre pour jeter leur poids dans la balance, et leurs homologues allemand et russe y sont attendus au cours du week-end. Les points d'achoppement sont connus : rythme de levée des sanctions d'une part, capacités iraniennes à enrichir de l'uranium de l'autre.
La chance "très rare" d'un accord
"Tout le monde tente de trouver un accord sur un cadre général pour qu'ensuite on puisse travailler et affiner les détails. Il n'y a pas d'autre scénario possible à ce stade. Ensuite on pourra se donner un peu de temps", a assuré une source proche de la délégation iranienne.
"Tous les ingrédients pour un accord sont sur la table", a de son côté assuré, depuis Moscou, le ministre russe Sergueï Lavrov. "Peut-être existe-t-il une tentation, à ce stade avancé des négociations, de lancer quelques idées supplémentaires afin d'obtenir un peu plus que ce dont on a besoin", a-t-il estimé.
M. Fabius a invité vendredi 21 novembre l'Iran à "saisir l'opportunité" d'un accord. La République islamique aurait "énormément à y gagner, a renchéri M. Hammond : l'accès à des montants très importants d'avoirs gelés, la capacité de commercer de nouveau librement avec le monde, et de faire redémarrer les relations avec la communauté internationale".
Le secrétaire d'État américain John Kerry (centre), le 21 novembre à Vienne, lors des négociations sur le nucléaire iranien. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Un accord redonnerait du souffle à l'économie iranienne, en particulier grâce à la levée de l'embargo occidental sur le pétrole iranien. Il ouvrirait aussi la voie à une normalisation des relations entre l'Iran et l'Occident, rendant possible des coopérations, notamment dans les crises en Irak et en Syrie.
Les difficultés restant à surmonter amènent de nombreux experts à envisager un nouvel accord intérimaire faute d'entente définitive lundi 24 novembre. Mais cette formule pourrait faire le jeu de ceux qui dans les deux camps, occidental et iranien, sont opposés à un accord. "C'est un moment crucial, et le laisser passer serait une grave erreur, avec d'assez lourdes conséquences", a averti le négociateur russe Sergueï Riabkov.
À partir de janvier, les opposants républicains à Barack Obama contrôleront l'ensemble du Congrès américain, alors que jusqu'à présent, le président a eu les mains libres pour négocier sans interférence des parlementaires à Washington.
Un échec de la négociation de Vienne fragiliserait aussi le président iranien modéré Hassan Rohani. Celui-ci joue une grande partie de sa crédibilité dans le succès de cette ouverture vers les grandes puissances, menée à bien afin de relancer l'économie iranienne en crise.