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Jeudi 20 novembre, une enquête a été ouverte à Paris par la justice après la diffusion d'une nouvelle vidéo postée la veille par le groupe État islamique, dans laquelle trois jihadistes appellent en français leurs "frères musulmans" à les rejoindre et menacent leur pays d'origine d'attentats.
Capture d'écran fournie le 19 novembre par le Centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE) montrant Abou Maryam, Abou Osama et Abou Salman dans une video de propagande |
"La vidéo est depuis mercredi soir 19 novembre en analyse par les experts de la DGSI", la Direction centrale du renseignement intérieur, a confié une source proche du dossier.
Ils vont tenter de mettre un nom sur les visages de trois jeunes hommes barbus, en treillis, armés de kalachnikovs qui, sous les pseudonymes de Abu Osama al-Faranci ("père d'Osama, le Français"), Abu Maryam al-Faranci, et Abu Salman al-Faranci, appellent les musulmans de France à émigrer "dans le Califat, la terre d'islam".
Plus inquiétant, ils demandent à ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas les rejoindre dans les régions de Syrie et d'Irak tombées aux mains de l'EI à passer à l'action sur le sol français, à "tuer des mécréants" par tous les moyens possibles, à semer l'angoisse et la peur dans la société française.
La vidéo de sept minutes, filmée, montée et produite pour atteindre une qualité professionnelle, se termine par un gros plan sur un feu dans lequel les jihadistes, certains le visage découverts et d'autres portant cagoules, brûlent leurs passeports français, symbole de leur refus de revenir en arrière.
Pour parvenir à mettre un nom sur ces visages et derrière ces pseudonymes, les experts vont faire appel à une technique mêlant l'utilisation de logiciels, notamment de reconnaissance faciale, et enquêtes classiques des services de renseignement.
"France particulièrement touchée"
Deux Français, Maxime Hauchard et Mickaël Dos Santos, avaient été identifiés en début de semaine par la justice française comme faisant partie des bourreaux de plusieurs Syriens présentés comme des soldats syriens et d'un Américain, membre du personnel humanitaire.
Le Français Maxime Hauchard (droite) sur capture d'écran tirée d'une vidéo du groupe État islamique, diffusée le 16 novembre |
Certains experts des mouvements jihadistes gardent toutefois un doute sur l'identité du second, estimant notamment qu'il s'exprime trop bien en arabe pour être un converti d'origine portugaise.
Jeudi soir 20 novembre, des sources proches du dossier ont toutefois indiqué que les services spécialisés français restaient sur leur position selon laquelle des "indices précis et concordants" avaient permis d'identifier Mickaël Dos Santos.
Outre l'analyse des photographies, une de ces sources a insisté sur le fait qu'il a été reconnu par des proches, dont sa mère.
Confrontée à la menace jihadiste, la France prend désormais la mesure d'un phénomène qui ne cesse de s'amplifier malgré l'adoption récente d'une loi anti-terroriste venue durcir une législation déjà parmi les plus répressives en Occident.
Avec plus d'un millier de personnes concernées, près de 400 jeunes français dans les rangs de mouvements jihadistes en Syrie ou en Irak, 118 de retour en France et 51 tués dans des combats ou des attentats-suicide, la France est, avec la Belgique, au premier rang des pays occidentaux pour le nombre de volontaires ayant rejoint l'EI.
"La France est particulièrement touchée par ce phénomène parce que d'une part, il y subsiste des réseaux qui ont envoyé de nombreux volontaires se battre contre les Américains en Irak à partir de 2003", explique Louis Caprioli, ancien chef du contre-terrorisme à la DST (ancien nom du service de renseignement intérieur français).
AFP/VNA/CVN