Négociations suspendues, la menace d'un Grexit se renforce en Grèce

Les ministres des Finances de la zone euro se retrouvent le matin du 12 juillet à Bruxelles, après avoir été incapables la veille de trouver un début d'accord sur un plan de sauvetage de la Grèce, et avant un sommet crucial pour le maintien du pays dans la monnaie unique.

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"Fin de la session de l'Eurogroupe. À continuer demain", a indiqué le soir du 11 juillet le ministre finlandais Alexander Stubb dans un tweet laconique, après neuf heures de discussions "toujours très difficiles", selon le patron de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.

Le commissaire européen pour les affaires économiques et financières Pierre Moscovici (gauche), le ministre finlandais Alexander Stubb (centre), le commissaire européen pour l'euro Valdis Dombrovskis (droite) face au président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem, le 11 juillet 2015 à Bruxelles.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les ministres des Finances doivent se retrouver à 09h00 GMT pour tenter de transmettre quelque chose de constructif aux sommets des dirigeants des 19 pays de la zone euro puis des 28 États membres de l'UE qui se tiennent dans la foulée. Cette échéance est régulièrement présentée comme la dernière limite pour sauver la Grèce de l'effondrement financier.

Dans un climat de défiance envers Athènes, et avec certains pays évoquant ouvertement un Grexit, les ministres ont échoué le 11 juillet à accoucher d'un texte. "Le climat n'est pas facile pour les Grecs", a observé une source européenne.

"Je garde toujours l'espoir", a commenté à la sortie de la réunion le commissaire européen aux affaires économiques, le Français Pierre Moscovici.

"Plusieurs pays qui bloquent"

"Il y a plusieurs pays qui bloquent" et ne veulent pas d'un troisième plan d'aide, a résumé une source européenne, alors qu'Allemagne et Finlande, deux faucons vis-à-vis d'Athènes, semblent près de dire ouvertement qu'ils ne veulent plus de la Grèce dans la zone euro.

Des sources gouvernementales grecques ont également estimé auprès de l'agence de presse ANA que "certains pays, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les réformes et le programme, ne veulent pas d'un accord".

Une proposition allemande d'une sortie temporaire de cinq ans de la zone euro a été rendue publique, même si elle n'a pas été formellement débattue le 11 juillet selon des diplomates.

Le texte est cinglant pour Athènes : "Si la Grèce ne peut garantir une mise en oeuvre crédible de mesures et une dette soutenable, il faudrait lui offrir de rapides négociations pour une période hors de la zone euro, avec une possible restructuration de sa dette, si nécessaire (...) pendant cinq ans", indique ce document.

De son côté, le Finlandais Alexander Stubb a été sommé le 11 juillet par le Parlement de son pays de négocier une sortie de la Grèce de la zone euro, selon la télévision publique Yle.

Mais ces deux pays ne sont pas les seuls écueils à un éventuel accord, tellement la défiance vis-à-vis d'Athènes semble grande.

"Largement plus de la moitié des pays membres pensent que les propositions grecques (pour obtenir un troisième plan d'aide) ne vont pas assez loin", a déclaré une source diplomatique. "C'est difficile pour beaucoup de ministres d'aller devant leur Parlement et d'obtenir un mandat pour un programme d'aide avec des mesures quasi semblables à celles de fin juin, mais pour une somme bien plus considérable", a expliqué une source européenne proche des discussions.

"L'inertie joue pour le Grexit"

Ces blocages rendent chaque fois plus plausible une sortie désordonnée de la monnaie unique de la Grèce, au bord de l'effondrement financier, dont l'économie sombre peu à peu, et dont les banques sont fermées depuis fin juin. Le ministre grec de l'Economie, Giorgos Stathakis, a averti le soir du 11 juillet que le contrôle des capitaux en Grèce mettrait "quelques mois" à disparaître, même après un éventuel accord avec les créanciers.

"L'inertie joue pour le Grexit", a mis en garde un diplomate européen favorable à un accord avec Athènes.

Selon les calculs des créanciers, si le troisième plan d'aide demandé par Athènes voit le jour, la Grèce pourrait recevoir entre 74 et 82 milliards d'euros sur trois ans, dont 16 milliards déjà prévus dans un programme du FMI devant expirer en mars 2016.

L'Eurogroupe pourrait aussi étudier une solution transitoire, "un pont" financier qui permettrait à la Grèce de rembourser le 20 juillet la Banque centrale européenne (BCE). Il mobiliserait notamment quelque 3,3 milliards d'euros promis dans le passé à la Grèce et détenus par les banques centrales de la zone euro.

Mais cette aide ne pourrait se concrétiser qu'au prix de réformes difficiles et impopulaires. Ce sont peu ou prou ces mesures qui ont été rejetées par les électeurs grecs lors du référendum du 5 juillet.

Au cours de la semaine écoulée, certains acteurs de cette crise, dont la France, avaient salué les propositions grecques, mais le 11 juillet, ce sont les contempteurs d'Athènes qui ont donné de la voix.

"Il y a un gros problème de confiance" envers Athènes, a estimé M. Dijsselbloem à son arrivée à la réunion. "Est-ce qu'on peut faire confiance au gouvernement grec pour qu'il fasse ce qu'ils promettent dans les prochaines semaines, (les prochains) mois ou (les prochaines) années ?", s'est-il interrogé.

Leader du camp des durs, le ministre allemand Wolfgang Schäuble avait prévenu : "Nous ne pouvons pas avoir confiance dans des promesses".

Pendant les négociations, les ministres ont tenté d'obtenir chaque fois plus de garanties que la Grèce applique effectivement ses réformes, mais le bon vouloir d'Athènes n'a pas permis de conclure.

"La journée (le 12 juillet) va être longue", a prévenu le chef du gouvernement maltais Joseph Muscat.

AFP/VNA/CVN

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