Naufrage Concordia : une série d'audiences dressent le cadre du futur procès

Une série d'audiences préliminaires destinées à établir les circonstances du naufrage du Costa Concordia en Toscane devaient se terminer le 19 octobre, avant un procès attendu au plus tôt en 2013 contre les responsables de cette tragédie, qui avait fait 32 morts en janvier dernier.

Le Costa Concordia en naufrage en Toscane (Italie) a fait 32 morts en janvier dernier. 


L'audience du 19 octobre a mis un terme à une semaine de débats animés entre les avocats et les experts sur ce qui s'est passé la nuit du 13 janvier quand le paquebot s'est échoué tout près de la petite île du Giglio.
Le commandant Francesco Schettino a affirmé qu'après la collision du navire avec des récifs, il avait "laissé filer les ancres du navire pour qu'il se stabilise et évite de tomber sur le flanc droit", ce qui l'aurait entraîné vers le large et non vers le rivage.
Selon lui, sa conduite a permis de "donner assez de temps pour débarquer les passagers" et le bateau s'est finalement échoué à quelques dizaines de mètres du rivage.
L'attitude du capitaine Schettino, stigmatisé au lendemain du naufrage pour avoir quitté le navire avant l'évacuation complète des passagers, a été au centre des débats devant le tribunal.
"Il est beaucoup plus probable que la manoeuvre ait été volontaire plutôt que due au hasard", a argué l'un des avocats de Schettino, Francesco Pepe. Mais le 19 octobre plusieurs experts ont réfuté l'idée que Schettino aurait tout fait pour sauver des milliers de vies.
Alessandro Belardini a déclaré que "les ancres ne se sont jamais fixées et n'ont eu aucun effet sur l'orientation du bateau". "Il s'est retrouvé là seulement sous l'effet de l'élan, du vent et des courants", a-t-il ajouté.
Le rapport de M. Belardini, réalisé pour le cabinet défendant la famille d'un violoniste hongrois mort dans la catastrophe, confirme les analyses des données et enregistrements audios effectuées par d'autres experts.
"Il a été prouvé que le Concordia s'est retrouvé sans électricité (motrice) vers 21h48", trois minutes après la violente collision du navire avec un rocher devant l'île du Giglio (Toscane).
Les enquêteurs cherchent à savoir pourquoi le paquebot voguait si près de l'île à grande vitesse pour une parade tous feux allumés dite de "salut" à la côte ("inchino") et pourquoi l'évacuation n'a été entamée qu'une heure après la collision.
Le 18 octobre, l'avocat de la compagnie propriétaire du bateau Costa Croisières, Marco De Luca, a accusé Schettino de se décharger sur les autres officiers présents sur le pont. "Toutes les décisions sont du ressort du commandant du bateau", a-t-il dit, jugeant "peu honorable" l'attitude de Schettino.
L'audience du 19 octobre était la dernière d'une série entamée le 15 octobre, qui a permis de mettre au jour l'enjeu du procès à venir, à savoir déterminer les responsabilités respectives de Schettino et de la compagnie Costa. "Je ne crains qu'une chose, c'est que la vérité ne soit pas faite", a confié le commandant Schettino à la chaîne de télévision italienne Sky Italia.
Selon des participants aux audiences, la capitaine est apparu agité durant les débats, conduisant même ses avocats à intervenir pour le calmer. Face aux accusations affirmant que Costa
Croisières n'a pas informé en temps utile les autorités de l'accident, l'avocat de la compagnie Marco De Luca a soutenu qu'"il revient au capitaine du navire" de le faire "et non pas à la compagnie ou à son unité de crise".
Accusé d'avoir abandonné le navire, Schettino prétend être tombé à bord d'un canot de sauvetage lorsque le Concordia a basculé sur un flanc. Selon les enregistrements de ses échanges avec les garde-côtes, il ne voulait pas remonter à bord à cause de l'obscurité.
Selon Antonio Langher, avocat de Salvatore Ursino, l'un des cinq officiers sous enquête, Schettino est arrivé trop tard sur le pont de commandement : "Il n'aurait jamais dû prendre ce risque, ou sinon il devait augmenter la surveillance et mettre ses meilleurs hommes" sur le pont.
Francesco Schettino est mis en cause pour naufrage, homicide par imprudence et abandon de navire. Dix personnes au total, - Schettino, six membres d'équipage et trois dirigeants de Costa - font l'objet d'une enquête sur le naufrage du Concordia.
Quant à l'épave du paquebot, elle gît toujours sur le flanc devant le port du Giglio. Le calendrier pour le renflouage et le remorquage lancé le 15 mai a pris du retard et l'opération n'est pas prévue avant au plus tôt juin 2013.

APF/VNA/CVN

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