Chypre, dernière planche de salut pour les bébés tortues

C’est la fin de l’été : des centaines de bébés tortues de mer naissent sur les côtes chypriotes, pour le plus grand bonheur des touristes et des responsables de la protection de l’environnement.

«Courage, petite tortue, dix centimètres et tu y es», s’excite Elliott, un touriste britannique de 12 ans. Ce soir-là, il participe à une mise à l’eau avec la Society for Protection of Turtles (Spot), une association de protection des tortues d’Alagadi, une plage du Nord de Chypre.

Seul un bébé tortue sur mille réussit à atteindre l’âge adulte, alors on essaie d’augmenter au maximum leurs chances de survie.

Les bébés de 5 cm, une fois posés sur le sable, battent frénétiquement des nageoires pour rejoindre la mer. Ils ont été recueillis dans l’après-midi, au fond de leur nid sous un demi-mètre de sable.

«Seul un bébé tortue sur mille réussit à atteindre l’âge adulte, alors on essaie d’augmenter au maximum leurs chances de survie», dit Sara Toule, diplômée de biologie à l’université écossaise d’Aberdeen qui travaille avec le Spot.

Tous les petits reptiles n’ont pas la même vitalité : certains se lancent avec enthousiasme vers les vagues de la Méditerranée, d’autres restent inertes avant d’être emportés par les flots. «Ils vont se réveiller», dit l’un des touristes, peut-être trop optimiste.

Dans la nuit, les bébés tortues détectent la mer grâce aux reflets de la lune ou, quand ils sont trop ténus, comme ce soir-là, grâce à la torche frontale de l’un des volontaires qui se tient assez loin dans l’eau.

La famille d’Elliot Evlyn-Bufton a choisi de venir en vacances à Chypre pour qu’il puisse observer l’éclosion des tortues vertes (chelonia mydas) et des tortues caouannes (caretta caretta), les deux espèces qui nidifient en Méditerranée.

Chypre héberge en moyenne plus de 30% des nids de tortues vertes et près de 20% des caouannes en Méditerranée. Ces deux espèces sont en danger selon l’IUCN (International Union for Conservation of Nature), principalement à cause de la pêche intensive.

En amont de l’éclosion, il faut aussi placer des grilles sur les nids. «Si on ne les protégeait pas, 60% des œufs seraient dévorés, principalement par les renards», dit Chelsea Crossingham, étudiante en zoologie à l’université d’Exeter (Grande-Bretagne) et volontaire au Spot.

«Après 2006, il y a eu une explosion du nombre de bébés tortues dans les zones protégées. De toute la Méditerranée, seule Chypre a connu une telle augmentation», se réjouissent Andreas Demetropoulos et Myroula Hadjichristophorou, responsables du projet gouvernemental de protection des tortues de la République de Chypre.

«Le nombre de nids de tortues sur nos plages est très élevé, ce qui montre que nos efforts depuis les années 1990 ont payé», dit Hasibe Kuset-Oglu, responsable de la protection des tortues au sein du ministère de la Culture et de l’Environnement pour la partie Nord.

«Le plus difficile est de convaincre les politiciens d’interdire les constructions touristiques. Même si paradoxalement notre avantage, à Chypre-Nord, c’est d’avoir moins d’argent que du côté de la République de Chypre, et donc de moins attirer les promoteurs. On attend aussi une subvention d’un projet de protection de toutes les espèces du littoral de l’Union européenne».

Le tourisme menace les nids

Les plages de nidification doivent être protégées à long terme car les tortues, une fois atteint l’âge de la reproduction, reviennent pondre là où elles sont nées entre 20 et 40 ans plus tôt, «principalement grâce aux forces géomagnétiques qui leur fournissent une sorte de GPS», disent M. Demetropoulos et Mme Hadjichristophorou.

Des deux côtés de l’île, les organisations environnementales se battent pour faire protéger les plages de nidification et y empêcher les constructions et le tourisme de masse, qui menacent les nids ou leurrent les bébés tortues loin de la mer avec les lumières artificielles.

«La Grèce, la Turquie et Chypre sont des destinations de tourisme de masse, et c’est principalement sur ces plages que les tortues pondent», dit Robin Snape, doctorant au centre d’écologie et de protection animale de l’université d’Exeter et volontaire au Spot.

Dans la République de Chypre, ces deux espèces de tortue sont protégées depuis 1971 et le développement touristique et la pêche sont régulés. À Chypre-Nord, la sauvegarde a commencé plus tard et dépend plutôt de projets de recherches universitaires, tels Spot.

«On pourrait développer l’éco-tourisme, cela donnerait du travail aux gens de cette partie de l’île, mais pour le moment, ils s’intéressent plus aux stations balnéaires et aux casinos», déplore Robin Snape.

AFP/VNA/CVN

 

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