"L'Université de commerce extérieur de Hanoi soutient fermement ce projet de renouvellement", affirme Hoàng Van Châu, recteur de cette université. Si ce projet n'est pas adopté par l'Assemblée nationale, en ce sens que si les frais de scolarité ne sont pas augmentés, les universités, et plus particulièrement celles ayant une autonomie budgétaire, connaîtront nombre de difficultés pour assurer une qualité minimale de leur enseignement. Selon la grille des frais de scolarité en vigueur depuis 1998, le taux plafond dans les universités publiques est de 1,8 million de dôngs par an et par étudiant. "En réalité, sur ce revenu, elles doivent prélever 35% sur leurs recettes pour financer des bourses d'études et exempter de frais en totalité ou en partie", explique M. Châu.
Suivant le projet de renouvellement du système de financement, cette augmentation n'est pas considérable, affirme M. Châu, soulignant en revanche les importants investissements effectués chaque année par les universités pour moderniser leurs infrastructures et se doter en équipements pédagogiques. Il demande que le ministère de l'Éducation et de la Formation (MEF) devrait maîtriser le montant des frais de scolarité pratiqué dans les établissements publics et ceux bénéficiant d'une coopération étrangère. Celui-ci devrait de même fixer concrètement le montant pour les étudiants étrangers travaillant au Vietnam.
Surveillance financière
Toujours sur ce sujet, le professeur Pham Phu de l'Université nationale de Hô Chi Minh-Ville souligne que l'égalité sociale devra être garantie par ce projet. Le Vietnam devrait mobiliser davantage, ajoute-t-il, la participation du secteur privé à l'enseignement supérieur en appliquant des frais d'études plus élevés, offrant une assistance réelle aux élèves pauvres et leur permettant de souscrire des crédits, une bonne modalité selon lui pour régler cette question. Il considère également que le pays devrait augmenter la qualité de ses ressources humaines en raison de sa nouvelle qualité de membre de l'Organisation mondiale du commerce. "Le coût moyen d'un étudiant étranger est de 3.000 à 5.000 dollars par an, alors qu'il est de 500 dollars au Vietnam. À mon avis, ce montant devrait être doublé", conclut-il.
Soutenant le projet du MEF, le Docteur Nguyên Van Hùng, recteur de l'Université de construction de Hanoi, estime "nécessaire" cette augmentation des frais d’études, ce qui "encouragera les étudiants à bien travailler". Ceci dit, il met en avant la nécessité d'une surveillance financière stricte pour s'assurer de dépenses efficientes de la part des établissements d'enseignement. Il faut également rationaliser les frais d'études entre les régions de l'ensemble du pays dans chaque catégorie d'étudiants. Enfin, il insiste sur le fait que les étudiants en situation difficile devraient bénéficier de politiques privilégiées.
Pour sa part, la vice-directrice du Service de l'éducation et de la formation de la ville de Hanoi, Pham Thi Hông Nga, affirme son soutien au projet du MEF. "Hanoi est prête à mettre en œuvre expérimentalement ce projet", dit-elle. Elle précise que la capitale a l'intention d'appliquer 5 catégories de frais d’études dans l'enseignement secondaire qui seront adaptées aux capacités financières des foyers. Les élèves pauvres seraient exemptés de la totalité de ces frais et bénéficieraient en outre d'une aide mensuelle de 73.000 dôngs. Les frais pour les élèves de parents agriculteurs seraient de 20.000 à 30.000 dôngs par mois, et de ceux du centre-ville, de 100.000 à 120.000 dôngs par mois. Elle souligne également la nécessité de politiques d'assistance des établissements situés dans les régions pauvres du pays.
Phan Anh/CVN