Afghanistan
MSF se retire de Kunduz après le bombardement de son hôpital

Médecins sans frontières (MSF) a évacué son personnel de la ville afghane de Kunduz et réclamé une enquête indépendante sur des "soupçons de crime de guerre" au lendemain de la mort de 22 personnes dans le bombardement de son hôpital, qui pourrait être dû à un raid américain.

>>Afghanistan : les raids aériens sur l'hôpital de MSF "possiblement criminels", selon l'ONU

L'hôpital de MSF à Kunduz après son bombardement, le 3 octobre en Afghanistan.

La fermeture du centre de soins Kunduz est un coup terrible pour la population civile prise dans les combats entre l'armée afghane et les rebelles talibans pour le contrôle de cette ville du Nord afghan. C'est le seul établissement capable de soigner les blessures de guerre les plus graves dans la région.

"L'hôpital de MSF n'est plus en état de fonctionner. Les patients qui se trouvent dans un état critique ont été transférés vers d'autres établissements médicaux. Plus aucun employé de MSF ne travaille dans l'hôpital", a déclaré Kate Stegeman, porte-parole de l'ONG en Afghanistan.

"À l'heure actuelle, je ne peux pas vous dire si le centre de traumatologie de Kunduz rouvrira ou pas", a-t-elle ajouté.

La tragédie a vite viré à la polémique. Le soir du 4 octobre, le directeur général de MSF, Christopher Stokes, a réclamé qu'une "enquête exhaustive et transparente" soit menée par un "organisme international indépendant" pour faire la lumière sur de "forts soupçons de crime de guerre", qualifiant d'"insuffisante" l'enquête américaine annoncée par le président Barack Obama.

Des chirurgiens afghans de MSF travaillent dans une partie de l'hôpital de l'ONG non touchée par les bombardements, le 3 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'ONG affirme avoir transmis préventivement les coordonnées GPS de son hôpital aux armées afghane et américaine. Or les bombardements se sont poursuivis "pendant plus de 45 minutes" après que l'ONG a averti les armées afghane et américaine que son établissement avait été touché par de premiers tirs.

"Les impacts étaient très ciblés, toujours sur le même bâtiment. L'avion est parti, puis il est revenu pour redonner suite à une série d'impacts, exactement sur le même bâtiment", a expliqué le Dr Bart Janssens, directeur des opérations de MSF.

"Dommages collatéraux"

Le président américain Barack Obama a présenté ses "plus profondes condoléances" après l'attaque dans laquelle 12 employés de MSF et dix patients, dont trois enfants, ont péri, mais il a dit attendre les résultats de l'enquête "avant de porter un jugement définitif sur les circonstances de cette tragédie".

Cartes de localisation de Kunduz et de la ville où l'hôpital de MSF a été touché par une frappe aérienne américaine.

Une prudence sémantique déjà de mise dans la bouche de la mission de l'OTAN en Afghanistan, qui compte encore 13.000 soldats, dont 10.000 Américains.

L'Alliance atlantique a évoqué des "dommages collatéraux" qui pourraient avoir été engendrés par un raid américain visant des insurgés talibans. Ces derniers se battent depuis le 5 octobre contre l'armée afghane pour le contrôle de Kunduz.

Pourtant, l'ONU est vite montée au créneau, qualifiant ce bombardement d'"inexcusable". La frappe aérienne pourrait relever du "crime de guerre" si elle était jugée "délibérée par la justice", a déclaré le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.

AFP/VNA/CVN

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