Quelle est votre réaction devant le recul ces derniers temps du pouvoir d'achat des ménages ?
En 2008, la bouffée inflationniste et le ralentissement de la croissance des revenus ont plombé le pouvoir d'achat des ménages. En plus, lorsque le niveau de confiance envers le développement économique baisse, le réflexe des habitants est de freiner leurs dépenses et d'épargner en attendant des jours meilleurs. Une question se pose actuellement : Comment faire pour renforcer la consommation des produits "made in Vietnam" ? Dans le passé (période 1998-1999), le pays s'efforçait d'accélérer les investissements étatiques. Une solution classique pour créer des emplois et perfectionner les infrastructures. Mais, dans la période actuelle, renforcer seulement les investissements publics s'avérera inefficace. Il faut aussi s'appuyer sur d'autres facteurs pour relancer la machine économique, dont le soutien au pouvoir d'achat des ménages.
Quels sont les effets sur la consommation suite à la bonification des taux d'intérêt en faveur des entreprises ?
Le programme de bonification des taux d'intérêt bancaires vise à favoriser l'accès des entreprises aux capitaux. Il contribue aussi à abaisser les coûts de production ce qui entraîne une baisse des prix et donc donne une bouffée d'oxygène au pouvoir d'achat des ménages.
Quelles sont d'après vous les meilleures solutions pour soutenir le pouvoir d'achat des ménages ?
La réduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et le rééchelonnement de l'impôt sur le revenu individuel constituent de bonnes mesures. Il faut aussi élargir les débouchés pour les produits. Car si les marchandises trouvent des marchés, les travailleurs trouvent des emplois. Ils ont des revenus stables et donc leur pouvoir d'achat reprend des couleurs. Pour ainsi dire, on peut affirmer que la recherche de débouchés est un facteur décisif pour contrecarrer la récession économique.
Pourriez-vous nous faire partager votre analyse sur les potentiels du marché intérieur ainsi que sur les opportunités offertes aux entreprises nationales ?
Selon moi, les entreprises vietnamiennes doivent se réorienter vers le marché intérieur. Pourquoi ? Parce qu'à l'heure actuelle, les exportations rencontrent des difficultés liées à la crise économique mondiale. Les entreprises nationales doivent revenir vers le marché intérieur qui recèle, avec un PIB de près de 90 milliards de dollars, un potentiel immense. Le marché de la vente au détail attire maintenant de nombreux groupes étrangers de la grande distribution. Ceux-ci s'intéressent au marché national tandis que nos entreprises, elles, veulent à tout prix exporter. Il faut que les entreprises nationales cherchent à mieux cerner les goûts des consommateurs vietnamiens pour produire des marchandises répondant à leurs attentes en termes de qualité et de prix.
Autre point crucial : augmenter les revenus des travailleurs. Mais, dans ce contexte de récession économique, il est difficile de relever les salaires. Ainsi, il faut que l'État cherche à assurer un revenu minimum pour que les salariés puissent subvenir décemment à leurs besoins. À présent, dans la société vietnamienne, les écarts de revenus sont très importants. Le fossé entre riches et pauvres s'élargit. Il faut ainsi des politiques pour changer cette situation et accélérer l'émergence d'une classe moyenne. Les politiques sur les revenus sont également une des solutions pour soutenir la consommation.
Le ministère de l'Industrie et du Commerce table cette année sur une hausse de 25% de la vente au détail. Selon vous, est-ce un objectif réalisable ?
Il ne faut pas avancer de chiffres précis. Car le pouvoir d'achat des ménages est en baisse, c'est une réalité. Ce qui est important, c'est de cerner la cause de cette baisse et de prendre des solutions pour renverser la tendance. Devant la frilosité des consommateurs, qui limitent leurs dépenses voire même se serrent la ceinture, l'État doit prendre des mesures. La relance du pouvoir d'achat dopera la consommation et donc la production.
Phuong Mai/CVN