Médecine : mieux vaut prévenir que guérir

La surcharge récurrente des hôpitaux depuis des années est la conséquence inévitable d’un certain nombre d’erreurs dans la détermination des politiques de santé, en particulier le fait d’avoir négligé la médecine préventive au seul profit des soins médicaux.

La dépense d’un dông pour la campagne de vaccination permettra d’en économiser 21 pour le traitement des maladies.


La médecine préventive est la branche de la médecine consistant à donner des conseils d’hygiène au sens large (propreté, diététique, encouragement à un sport ou une activité physique, ergonomie et manière de faire des efforts, prévention des conduites à risque…) ainsi qu’en matière de dépistage des maladies. Elle fait également beaucoup appel aux médias pour des campagnes de sensibilisation, d’information et de conseils.
Cette branche spécialisée enregistre d’excellents résultats en termes de prévention des maladies, avec pour effet de limiter le nombre de patients en établissements hospitaliers. Il est grand temps de la développer de sorte de former un maillage complet et efficace dans le pays et tenter de soulager ainsi les hôpitaux.
Un vaccin contre la surcharge des hôpitaux
Depuis une dizaine d’années, les efforts déployés par le secteur de la santé pour résoudre le problème de surcharge dans les hôpitaux restent vains, la plupart des établissements - centraux comme provinciaux - y étant très largement confrontés. Il n’est pas rare de voir trois, voire quatre patients contraints de partager un seul et même lit… Une situation intenable, ne serait-ce que sur le plan sanitaire.
Répondant aux interpellations devant l’Assemblée nationale en 2012, la professeur-Dr Nguyên Thi Kim Tiên, ministre de la Santé, a affirmé que «la résolution de ce problème est l’une des principales tâches du secteur de la santé pour la période 2011-2016». De nombreuses solutions et mesures ont été précisées dans le projet de lutte contre la surcharge des hôpitaux pour la période 2013-2020, qui a été récemment approuvé par le Premier ministre Nguyên Tân Dung.
Selon un rapport du ministère de la Santé, la lourde surcharge observée dans les grands hôpitaux à Hanoi et à Hô Chi Minh-Ville s’explique en majeure partie par l’apparition imprévisible et répétée de certaines maladies contagieuses ces dernières années.
Par ailleurs, le rythme de croissance du nombre de personnes contractant des maladies non transmissibles est alarmant. Selon les dernières statistiques en date, le fardeau de ces maladies représente 71% du total, et est six fois plus élevé que celui des maladies contagieuses. Chaque année, le Vietnam déplore en moyenne plus de 350.000 décès dus à des maladies non transmissibles (70.000 provoqués par des maladies cardio-vasculaires, 66.000 par un cancer, 13.000 en raison du diabète...). Causes incriminées principalement : manque d’activité physique, tabagisme, abus d’alcool, mauvaise alimentation (excès de lipides, de protéines), pollution.
Un esprit sain dans un corps sain
Et c’est bien là que la médecine préventive prend tout son sens. Le Dr Trân Tuân, directeur du Centre de recherche et de formation pour le développement communautaire, pense que «si elles bénéficient d’un travail de prévention efficace et d’un traitement précoce, 90% des maladies pourront être guéries par des méthodes douces, c’est-à-dire sans médicaments». Il suffit d’initier les patients à la pratique d’un sport, à la psychothérapie, à la lutte contre les mauvaises habitudes... «Évidemment, seul un réseau de médecine préventive complet peut aider les habitants à prévenir les maladies - en particulier non transmissibles - de manière efficace», affirme-t-il.
Le ministère de la Santé a mené une enquête sur la réalisation de la résolution N°18 adoptée le 3 juin 2008 par l’Assemblée nationale, laquelle demande de consacrer au moins 30% du budget de la santé à la médecine préventive. Force est de constater qu’on est loin du compte, puisque les fonds alloués par les localités à ce secteur ne représentent en moyenne que 15,8% de leur budget total consacré à la santé, et l’on tombe parfois à 7-8%...
«La plupart des localités n’investissent dans leurs centres de médecine préventive qu’une fois que surviennent des épidémies. Les investissements sont axés principalement sur la lutte contre les épidémies et non sur leur prévention», regrette le professeur-Dr Nguyên Trân Hiên, directeur de l’Institut central d’hygiène et d’épidémiologie.
Un point de vue que ne saurait contester le prof.-Dr Trinh Quân Huân, ancien vice-ministre de la Santé : «Le secteur de la santé n’y a pas accordé une attention suffisante. Alors que le système de traitement bénéficie d’investissements qui se chiffrent à plusieurs milliers de milliards de dôngs dans la construction, la rénovation et la modernisation d’hôpitaux au niveau des provinces et des districts, rien ou presque, en comparaison, n’est prévu pour construire et moderniser les installations du réseau de médecine préventive».
Le professeur et docteur ès sciences Pham Manh Hùng, président de l’Association générale médicale du Vietnam, a eu la chance et l’honneur de participer à la première greffe de l’intestin réalisée dans le pays. Une prouesse qui lui a fait comprendre qu’il fallait privilégier de telles techniques, dans la perspective de sauver de nombreuses vies humaines. Ce n’est que plus tard, une fois à la tête du Service de la médecine générale, qu’il s’est rendu compte que «le développement d’une haute technologie, d’un coût de centaines de millions, voire de milliards de dôngs, ne peut sauver qu’une personne, même si cela honore un hôpital et l’ensemble du secteur de la santé. Toutefois, si l’on consacre cette somme à la médecine préventive pour aider les habitants à comprendre et à éviter les risques de maladie, on pourra aider des centaines, voire des millions de personnes à s’en prémunir, améliorant ainsi leur qualité de vie, leur capacité de travail et leurs contributions à la société».
De nombreuses études ont confirmé que la dépense d’un dông pour la médecine préventive permettait d’en économiser beaucoup dans le traitement des maladies lorsqu’elles se déclarent. Selon une étude récente de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Institut central d’hygiène et d’épidémiologie sur l’efficacité de la vaccination élargie au Vietnam, la dépense d’un dông pour cette campagne prophylactique permettra d’en économiser 21 pour le traitement des maladies. Tout est dit.

Minh Quang/CVN

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