Déserts médicaux, quelles solutions ?

La pénurie de médecins dans les hôpitaux ruraux est tout sauf récente. Mais la situation ne cesse de s’aggraver, et cause une surcharge de patients en ville. Le gouvernement en a conscience, et a décidé de prendre le problème à bras-le-corps, en mettant en place des mesures concrètes.

>>Un projet pour diminuer la surcharge des hôpitaux
Comme bien d’autres pays dans le monde, le Vietnam doit aujourd’hui faire face à de nombreux défis dans le domaine de la santé, à commencer par une pénurie de ressources humaines et une répartition non homogène des médecins.
Selon les statistiques du ministère de la Santé, le pays recense quelque 349.500 personnels de santé, soit une moyenne de 40,5 pour 10.000 habitants, et de 7 médecins pour 10.000 habitants. Hô Chi Minh-Ville de son côté compte 12,4 médecins pour 10.000 habitants. Le problème est que 50% des agents de santé sont installés en ville alors que les citadins ne représentent que 27,7% de la population. Il y a donc carence à certains endroits, et notamment dans les régions montagneuses, à Tây Nguyên (sur les hauts plateaux du Centre). Et le problème ne fait que s’aggraver.

Certaines régions, reculées notamment, manquent cruellement de médecins.
Photo : Dinh Trân/VNA/CVN


Selon le vice-ministre de la Santé, Nguyên Thanh Long, parmi les 62 districts recensés comme étant les plus pauvres du Vietnam, le mieux doté compte 28 médecins pour 10.000 habitants et le moins pourvu seulement 6. Cette absence est dommageable pour la santé des habitants tant en terme quantitatif que qualitatif. Car le manque de médecins empêche ceux qui sont présents de prendre du temps pour s’informer et améliorer la qualité des soins qu’ils dispensent. Par ailleurs, investir dans des hôpitaux modernes sans fournir le personnel compétent pour le faire fonctionner est un grand gaspillage.
Faire venir des médecins dans les régions pauvres
Selon les prévisions, d’ici 2015, le pays aura besoin de 444.500 agents de santé. D’ici là, il faudra donc recruter plus de 95.000 personnes supplémentaires. «D’ores et déjà, les capacités d’accueil en centres de formation ont été élargies, dans le public comme le privé. En attendant cette+ main-d’oeuvre+ supplémentaire, un projet expérimental a été mis sur pied, afin d’inciter les médecins à s’installer dans l’un des 62 districts les plus pauvres du pays», a noté le vice-ministre de la Santé. Et d’ajouter : «D’après nos prévisions, entre 2013 et 2016, environ 500 médecins volontaires seront envoyés dans les 20 provinces abritant les districts les plus démunis».
Il s’agira de jeunes diplômés avec mention bien ou excellente. Ils devront y rester entre 3 et 5 ans, avant de pouvoir espérer être recrutés en ville. En échange, le ministère de la Santé leur octroiera une prime sur leur salaire, un logement gratuit et une formation lorsqu’ils reviendront en ville. Pour l’heure, 100 médecins se sont inscrits pour partir volontairement. La plupart sont issus de l’École supérieure de médecine de Hanoi et des écoles de médecine de Thai Binh, Hai Phong et Thai Nguyên.

D’ici 2016, environ 500 médecins volontaires seront envoyés dans les districts les plus démunis du pays.


Cette nouvelle mesure s’ajoute à un premier programme déployé en 2008 visant à favoriser la rotation du personnel : le projet 1816. Les médecins exerçant en hôpital de ville doivent passer un certains temps dans les établissements sanitaires de la commune ou du district, pour former ceux de la campagne qui souvent ne connaissent pas les nouvelles techniques, ou ne savent pas utiliser des équipements dont ils sont dotés. L’objectif étant de restaurer la confiance des habitants des zones rurales en leurs hôpitaux et en leurs médecins, et ainsi décharger ceux de la ville. Pour l’heure, 72 hôpitaux urbains ont déployé ce projet avec des milliers de médecins.
Selon Nguyên Truong Son, médecin à l’hôpital Bach Mai de Hanoi : «Partir former les médecins de province demande également un savoir-faire et ne s’improvise pas. Ces derniers sont d’abord très mal équipés en infrastructures modernes, il faut donc s’adapter avec les moyens disponibles. Et bien sûr, le personnel manque cruellement. Il faut donc bien évaluer quels sont les besoins prioritaires. Jusqu’à présent, on a eu de bons retours sur les formations que nos médecins ont dispensées. Dans les hôpitaux Hung Yên et Nam Dinh, dans le domaine de gastro-entérologie, ils ont notamment travaillé avec les praticiens sur l’intervention chirurgicale par ultrasonothérapie, ainsi que sur la radiothérapie».
Enfin, ont également été construits des hôpitaux satellites dans les provinces pour décharger ceux des grandes villes. Ainsi, l’hôpital Viêt Duc a réussi une première phase de projet, avec ses six établissements satellites à Bac Ninh, Phu Tho, Son Tây, Nam Dinh, Hai Phong et Thanh Hoa. Ils permettent notamment de réduire la mortalité due aux accidents de la circulation et du travail.

Diêu An/CVN

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