S'adressant à la soixantaine de ministres et aux quelque 1.800 délégués réunis pour le premier jour de la 64e Assemblée générale de l'organisation, Mme Chan a reconnu que les systèmes de santé mondiaux étaient désormais confrontés "à une grande complexité et des changements permanents" . L'OMS, elle-même, a vu son rôle changer "de façon spectaculaire au cours de ces dix dernières années" , a-t-elle ajouté.
Son rôle n'est plus cantonné aux questions "de germe, d'hygiène, de médicaments" ou encore "d'approvisionnement en eau et assainissement" , a-t-elle poursuivi.
C'est pourquoi "une réforme est indispensable" , a insisté la responsable appelant à "entreprendre les plus larges réformes dans l'administration, la gestion et les finances" de l'histoire de l'OMS, fondée il y a 63 ans.
Dans un document publié sur Internet, la directrice explique ainsi que l'organisation a besoin "de nouvelles stratégies et de nouvelles compétences" allant de la "prévention aux traitements individuels et à la maîtrise des coûts, et supposant notamment une collaboration avec d'autres secteurs et parties intéressées" .
De fait, la crise a ouvert "une nouvelle et éprouvante ère d'austérité économique" , a poursuivi Mme Chan dont l'organisation est déjà confrontée à un déficit de 300 millions de dollars pour l'année.
Elle a ainsi du revoir à la baisse le "budget de 4,8 milliards de dollars (3,4 milliards d'euros) prévu" initialement pour 2012-2013 à 3,95 milliards, soit une amputation de près d'un milliard de dollars.
Ces coupes sont déjà ressenties dans les bâtiments de l'agence surplombant le lac Léman où le train de vie en a pris un coup. Mais l'OMS a également annoncé une saignée dans ses effectifs. Officiellement, ce sont 300 postes qui ne seront pas reconduits sur 2.600 à Genève. Mais dans les couloirs de l'agence, certains évoquent des écrémages plus drastiques, de 20% du personnel.
En tout état de cause, "nous devons réduire certaines activités traditionnelles, avec un profond regret" , a reconnu le 16 mai la directrice générale, pesant ses mots pour sa dernière assemblée avant une éventuelle reconduction de son mandat en 2012.
Alors que l'OMS estime ne pas pouvoir s'en sortir sans nouvelle donation y compris des industriels, la question de ses relations avec le secteur privé devrait faire l'objet de débats animés cette semaine.
De fait, certains États membres mais aussi des ONG disent craindre que la réforme n'ouvre plus grande la porte des conflits d'intérêts, plus particulièrement avec les pharmaceutiques.
Le projet "s'il est accepté cantonnerait l'organisation onusienne à un rôle essentiellement technique avec une influence croissance des pouvoirs économiques sur les priorités de santé dans le monde. L'indépendance de l'OMS est donc en jeu" , estime l'ONG helvétique, La Déclaration de Berne.