>>Malnutrition chez les enfants : un souci permanent
Une dizaine de minutes avant le début des cours, plusieurs restaurants autour des écoles primaires et des collèges de Hô Chi Minh-Ville sont bondés. Une boîte de riz gluant, quelques brochettes de viande grillée et une bouteille de soda... sont au menu du petit déjeuner des élèves.
Nguyên Thi Th. est domiciliée dans l’arrondissement de Tân Binh, Hô Chi Minh-Ville. Cette maman de deux élèves, très occupée, n’a pas de temps de préparer le petit déjeuner de ses enfants. «Quelques fois, ils n’arrivent pas à prendre un petit déjeuner complet avant d’aller à l’école. Je sais que ce régime alimentaire déséquilibré influera sur leur santé. Pourtant, je n’ai pas d’autre choix», confie Mme Th.
Une alimentation déséquilibrée a des impacts négatifs sur la santé des élèves. |
Photo : Huong Linh/CVN |
Selon le Docteur Lê Nguyên Bao Khanh, de l’Institut national de la nutrition, beaucoup de mères ne peuvent pas s’occuper des repas familiaux en général et de l’équilibre alimentaire de leurs enfants en raison d’une vie trop chargée.
Actuellement, les Vietnamiens ont tendance à utiliser la malbouffe avec une alimentation trop riche, pleine de graisses. Conséquence : le taux d’obésité dans les grandes villes comme Hanoi et Hô Chi Minh-Ville progresse rapidement. Les chiffres de l’Institut de nutrition national de Hô Chi Minh-Ville montrent que la nutrition scolaire ne répond pas encore aux normes et que la taille et le poids des enfants vietnamiens sont bien inférieurs aux normes de croissance de l’OMS. Le Vietnam se trouve encore dans la liste des 36 pays où le taux de malnutrition est le plus élevé dans le monde.
Un manque d’oligo-éléments
Le résultat des enquêtes menées dans certaines écoles primaires des grandes villes montre la mauvaise qualité nutritionnelle des repas scolaires. Concrètement, les aliments utilisés pour les repas dans les écoles n’atteignent que 9 à 11 sortes tandis que le ministère de la Santé en recommande 15 au minimum. De plus, la valeur énergétique des repas scolaires n’atteint que 61-76% des besoins, s’y ajoutant un manque d’oligo-éléments comme le calcium (28,8%), le fer (75%), la vitamine A (80%)...
Selon le Docteur Lê Nguyên Bao Khanh, cette situation est due au fait que la plupart des cuisiniers des écoles ne sont pas formés à la nutrition et l’hygiène alimentaire. Le menu quotidien dépend du savoir des cuisiniers et essentiellement de la contribution des parents. Dans plusieurs localités où les conditions de vie sont difficiles, les frais pour les repas payés par les élèves restent modestes. C’est pourquoi, il est difficile de faire un menu diversifié et complet.
Face à cette situation, un projet sur l’amélioration des repas scolaires a été mis en oeuvre depuis l’année scolaire 2011-2012 par le Service de l’éducation et de la formation de Hô Chi Minh-Ville, en coopération avec le Centre de nutrition de la ville. L’accent est mis sur l’élaboration d’un ensemble de menus conformes aux besoins nutritionnels des élèves de primaire.
La restauration scolaire joue un rôle important dans la l’amélioration de la taille des élèves. |
Photo : VNA/CVN |
Selon Nguyên Tài Dung, responsable du Service muni-cipal de l’éducation et de la formation, après deux ans de mise en oeuvre, plusieurs arrondissements et districts ont appliqué cet ensemble de menus. Certains, plus récalcitrants, n’en utilisent qu’une partie. Nguyên Lê Thu, chef adjointe du Bureau de l’éducation et de la formation du 11e arrondissement, fait savoir que la réalisation de cet ensemble de menus demande un niveau de qualification plus élevé aux cuisiniers des écoles. «Pour bien les réaliser, nous nécessitons davantage d’aide du Centre de nutrition», explique Huynh Thi Thanh Tu, cuisinière à l’école primaire Trung Trac.
Des cours de formation
Face à cette situation, une des tâches les plus importantes dans les années à venir sera d’organiser davantage de cours de formation sur la nutrition en faveur des cuisiniers des écoles. Trân Thi Kim Thanh, directrice ajointe du Service de l’éducation et de la formation de Hô Chi Minh-Ville, précise que malgré des difficultés dans sa mise en oeuvre, cet ensemble de menus permet d’améliorer les connaissances d’une partie des parents et élèves sur la nutrition. Son service continue d’élaborer des menus communs pour les écoles maternelles.
Selon le Docteur Nguyên Trong An, chef adjoint du Département de la protection et des soins des enfants (ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales), «l’alimentation a une influence sur le développement psychique, les compétences et la créativité des élèves. La période allant de la naissance à 12 ans est cruciale pour le bon développement physique et psychologique du futur adulte, et exige un régime nutritionnel adéquat où les oligo-éléments jouent un rôle important».
Toujours selon lui, le ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales envisage de soumettre au gouvernement un projet sur l’amélioration de la forme physique des enfants d’ici 2030, doté d’un budget de 210.000 milliards de dôngs. Objectif : atteindre en 2020 une taille moyenne de 167 cm pour les hommes, de 156 cm pour les femmes, et respectivement de 168,5 cm et 157,5 cm en 2030.
Huong Linh/CVN