Malvoyants, des Hongkongais manœuvrent le bateau-dragon

Sur les instructions de leur entraîneur de bateau-dragon, des sportifs malvoyants membres d’une même équipe “défient l’impossible” et pagayent à l’unisson sur une rivière de Hong Kong (Chine), tout en retrouvant confiance en eux.

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Kitty Lau (centre) s’entraîne avec son équipe des Darkness Fighters, à Hong Kong (Chine). 
Photo : AFP/VNA/CVN

Les Darkness Fighters (“Combattants de l’obscurité” en français) sont la seule équipe de la mégapole financière à faire naviguer côte à côte des personnes malvoyantes et des bénévoles voyants pour concourir lors de la fête des bateaux-dragons à Hong Kong. Cette manifestation à la fois culturelle et sportive est une tradition vieille de plus d’un siècle en Chine.

“Nous devons être unis” et attentifs, “les mouvements de rame de chacun doivent être synchronisés”, explique Samrid Wongchan, 62 ans, qui s’exerce avec son groupe sur la rivière Shing Mun, dans le Centre du territoire.

Là où les rameurs voyants recourent à la vue autant qu’à l’ouïe pour voguer, l’oreille des Darkness Fighters malvoyants joue, elle, un rôle plus que crucial.

“Nous devons écouter attentivement (notre) environnement”, explique la sportive.

Des bateaux-dragons disposés pour l’entraînement, à Hong Kong (Chine). 
Photo : AFP/VNA/CVN

La sécurité est également un point essentiel, et ce, ne serait-ce qu’à l’embarquement dans ces pirogues à l’assise basse. L’équipe, formée en 2018, compte aujourd’hui quelque 50 membres pour beaucoup retraités, dont la forme physique et l’acuité visuelle varient.

Leur discipline, née dans l’ancienne Chine, s’est propagée sur la planète et Hong Kong en est aujourd’hui un haut-lieu. Outre des efforts physiques, elle impose une coordination rigoureuse des 20 rameurs - parfois même plus - que compte chaque embarcation, guidée au son d’un tambour pendant les courses.

Yung Chi-wah, entraîneur des Darkness Fighters et pompier sur la terre ferme, explique enseigner à son équipe les mouvements de rame en guidant leurs mains.

Le bord de leurs poings doit frôler l’eau à chaque rapide coup de pagaie. Et gare à toute variation de vitesse, même minime. Elle peut mener au désastre, raconte l’entraîneur.

Des membres et bénévoles de l’équipe Darkness Fighters se rendent vers le lieu d’entraînement de bateau-dragon. 
Photo : AFP/VNA/CVN

“À chaque fois, après l’entraînement, ma voix est enrouée parce que je dois crier”, ajoute M. Yung.

“Défier l’impossible”

Et si l’équipe a déjà remporté plusieurs prix, gagner ne constitue pas l’unique objectif, relate-t-il : “Nous voulons encourager les personnes aveugles à se rencontrer et pratiquer un sport collectif pour qu’elles cessent de se cacher”.

Hong Kong compte près de 200.000 personnes malvoyantes, dont environ trois quarts âgées d’au moins 65 ans, selon des données officielles.

En créant les Darkness Fighters, Endy Chan, qui a lui-même perdu la vue à l’adolescence, cherchait à “défier l’impossible” et constituer une communauté. Le sport “aide les personnes malvoyantes à reprendre confiance en elles et retrouver la forme physique”, observe-t-il.

Kitty Lau (centre) discute avec des amis avant un entraînement de son équipe de bateau-dragon, à Hong Kong (Chine). 
AFP/VNA/CVN

Selon M. Chan, les rameurs ont, dans leur vie, souvent l’impression de se retrouver dans la position de celui qui reçoit l’aide d’un tiers. Mais à bord d’un bateau-dragon, tous les rameurs dépendent les uns des autres et sont en cela égaux. “Ils travaillent ensemble pour un même objectif : atteindre la ligne d’arrivée dans le temps le plus court”, dit-il.

Kitty Lau a perdu la vue il y a deux ans et raconte à l’AFP en avoir été bouleversée.

Nombre de ses amis déficients visuels ont tendance à vivre reclus à leur domicile. Mais contrairement à eux, cette femme de 65 ans passe chaque samedi matin à s’entraîner aux courses de bateau-dragon avec son époux. “Ça me remonte le moral”, assure Mme Lau, qui raconte faire la fierté de son fils, pourtant sceptique à ses débuts.

AFP/VNA/CVN

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