>>Mahmoud Abbas va demander à l'UE de reconnaître l'État de Palestine
Le président de l'autorité palestinienne Mahmoud Abbas s'exprime au côté de la cheffe de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, le 22 janvier à Bruxelles |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Nous considérons vraiment l'Union européenne comme une véritable partenaire et amie et pour cette raison, nous appelons ses États membres à reconnaître rapidement l'État de Palestine", a plaidé M. Abbas, venu chercher le soutien des Européens après la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme la capitale d'Israël.
Le président de l'Autorité palestinienne (AP) a été reçu par la cheffe de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, et les 28 ministres des Affaires étrangères en marge de leur réunion mensuelle, comme l'avait été le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 11 décembre.
En l'accueillant, Mme Mogherini a redit "l'engagement ferme de l'UE pour la solution à deux États" (israélien et palestinien), "avec Jérusalem comme capitale partagée".
"Ce n'est pas le moment de se désengager" du processus de paix, a lancé Mme Mogherini alors que la direction palestinienne refuse désormais de considérer les États-Unis comme un médiateur "légitime" et que Mahmoud Abbas a accusé Israël d'avoir "mis fin" aux accords de paix d'Oslo (1993), censés conduire à un règlement négocié du conflit israélo-palestinien.
La visite de Mahmoud Abbas à Bruxelles coïncidait avec une tournée sous tension du vice-président américain Mike Pence au Proche-Orient (Égypte, Jordanie et Israël), boycottée par les Palestiniens.
Au moment où le président Abbas s'exprimait à Bruxelles, M. Pence annonçait devant le Parlement israélien que l'ambassade américaine en Israël ouvrirait à Jérusalem avant fin 2019.
"Masse critique"
L'UE veut contribuer à relancer les négociations de paix pour sauvegarder la solution à deux États, mais la reconnaissance d'un État palestinien n'est pas aujourd'hui sur la table.
"Il n'y a pas de +masse critique+ pour reconnaître un État palestinien", a reconnu le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères Jean Asselborn. Certains États membres pourraient cependant bientôt franchir le pas, comme la Slovénie, selon des sources palestiniennes.
Tout au plus, les Européens envisagent de proposer la perspective d'un "accord d'association" entre l'UE et l'AP, comme il en existe un avec Israël.
La France et l'Espagne, notamment, y sont favorables. "Nous voulons passer d'un accord intérimaire à un accord d'association et qu'on engage dès à présent un processus dans cette direction", a plaidé le Français Jean-Yves Le Drian.
Mais l'idée n'a pas été discutée avec M. Abbas, selon Mme Mogherini, précisant que la discussion se poursuivrait entre les 28 "dans les prochaines semaines".
"Nous n'en sommes qu'à une étape très préliminaire", avait déjà prévenu un haut responsable européen, expliquant qu'un accord d'association ne pourrait être signé qu'à condition que l'UE ait reconnu la Palestine comme un État indépendant.
Mme Mogherini a néanmoins promis que l'UE, premier bailleur de l'AP, poursuivrait son aide financière après le gel partiel des fonds américains à l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNWRA). Une sanction qui, selon M. Abbas, revient à "abandonner les réfugiés palestiniens".
Une réunion du groupe international des donateurs pour la Palestine est d'ailleurs programmée le 31 janvier à Bruxelles.