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Le président Emmanuel Macron à l'Elysée, le 29 octobre à Paris. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Mon rôle est d'apaiser les choses" mais aussi "de protéger" la liberté d'expression en France, explique le chef de l'État dans cette longue interview de près d'une heure diffusée doublée en arabe par la chaîne qatari, très regardée au Moyen-Orient et au Maghreb.
Il regrette les "malentendus" et "beaucoup de manipulations", "parfois de dirigeants politiques et religieux", qui sont, selon lui, à l'origine des appels à manifester et à boycotter les produits français dans plusieurs pays musulmans, du Pakistan au Mali en passant par le Qatar.
Cette campagne antifrançaise "indigne" et "inadmissible" repose, selon lui, sur le fait "que les gens ont cru comprendre que moi, j'étais favorable" aux caricatures de Mahomet publiées dans la presse, en particulier par l'hebdomadaire Charlie Hebdo, estime-t-il.
Les protestations ont éclaté en réaction à ses déclarations défendant le droit à la caricature au nom de la liberté d’expression, après la décapitation le 16 octobre par un islamiste d'un enseignant français qui avait montré à ses élèves des caricatures du prophète de l'islam, en plein procès de l'attentat de 2015 contre Charlie Hebdo.
Le Premier ministre Jean Castex s'est rendu samedi 31 octobre à Rouen pour exprimer son soutien à la communauté catholique, d'abord à la cathédrale de Rouen puis à Saint-Etienne du Rouvray, endeuillé en 2016, par l'assassinat du père Hamel.
La presse est libre
Manifestation contre le président français Emmanuel Macron après ses propos sur les caricatures du prophète, le 30 octobre à Dacca, au Bangladesh. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Emmanuel revient longuement sur l'importance du principe de laïcité, "ce terme si compliqué qui donne lieu à tant de malentendus" et qui "fait de la France un pays où nous souhaitons que chacun soit citoyen quelle que soit sa religion".
"Contrairement à ce que j'ai beaucoup entendu ces derniers jours, notre pays n'a de problème avec aucune religion", et notamment l'islam, affirme-t-il, alors qu'il a été présenté comme "un ennemi de Dieu" par des manifestants à Jerusalem-est vendredi 30 octobre.
Détaillant les "fondements du modèle républicain", il cite aussi la liberté de la presse, soulignant que les caricatures n'ont pas été publiées à l'initiative du gouvernement mais par "des journaux libres et indépendants". Les caricatures se moquent "des dirigeants politiques", de lui "le premier, et c'est normal, et de toutes les religions", dit il.
"Ca ne veut pas dire que je soutiens à titre personnel tout ce qu'on dit, qu'on dessine", souligne-t-il.
"Dans beaucoup de pays qui ont appelé au boycott" des produits français, "il n'y a plus de presse libre, c'est-à-dire qu'il n'y a plus de possibilité de caricaturer, pas seulement le prophète ou Dieu ou Moïse, mais les dirigeants mêmes du pays", fait-il remarquer.
Revenir sur ce droit en France reviendrait à "instaurer" une "forme d'ordre moral ou d'ordre religieux", avertit Emmanuel Macron, en regrettant que "beaucoup de pays dans le monde" aient "renoncé à la liberté d’expression ces dernières décennies parce qu’il y a eu des polémiques, par la peur, par le chaos des réactions".
AFP/VNA/CVN