France
Macron à La Réunion, attendu par une grève générale

Une grève générale pour accueillir le président : après Mayotte et un crochet par les îles Eparses, Emmanuel Macron arrive mercredi 23 octobre dans une île de la Réunion toujours en situation de crise sociale aigüe, un an après le mouvement des "gilets jaunes".

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Le président Emmanuel Macron, à M’Tsamboro (Mayotte), le 22 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Le chef de l'État poursuit son voyage dans l'océan Indien par une escale de près de trois jours à la Réunion, seul territoire d'outre-mer à avoir connu un mouvement de "gilets jaunes" en novembre 2018, pour dénoncer la cherté de la vie et les inégalités sociales.

Pour la première visite d'Emmanuel Macron en tant que président, l'ensemble des syndicats réunionnais ont lancé un appel à la grève générale pour jeudi 24 octobre. "Nous entendons ainsi, à l’occasion de la venue du président de la République, alerter sur la situation sociale de la Réunion, l’absence de réponse à la hauteur des enjeux en matière d’emplois, salaires, retraites, vie chère, logement, services publics, indemnisation-chômage,...et sur le fait que les politiques menées aggraveront encore davantage les difficultés sociales de la population", ont-ils indiqué.

Malgré des appels au blocage diffusés sur les réseaux sociaux, les "gilets jaunes" contactés par l'AFP ont indiqué qu'ils n'avaient "pas l'intention d'aller au contact ou à l'affrontement avec les forces de l'ordre".

Dans ce territoire de plus de 850.000 habitants, 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté, le taux de chômage atteint 24%, et même 42% chez les jeunes.

Manifestation de "gilets jaunes" pendant la visite de la ministre des Outremer, Annick Girardin,à Sainte-Marie, le 28 novembre 2018.
Photo : AFP/VNA/CVN

De plus, le coût de la vie pour un budget moyen de ménage réunionnais, est de 7,1% plus élevé à La Réunion que dans l’Hexagone, selon l'Insee, alors que le revenu médian réunionnais est inférieur de 30% au niveau national (AFD, 2015). Après une inflation record en 2018 (+1,8%), les prix augmentent toujours en 2019 (+0,6% depuis le début de l'année).

"On comptait nos sous avant les +gilets jaunes+, on les compte encore plus maintenant", s'agace Kévin, qui participait au mouvement il y un an.

Emmanuel Macron le reconnaît : "la Réunion a été bousculée par des conflits sociaux très importants", et le problème de "la vie chère reste essentiel", a-t-il dit mardi soir lors d'une conférence de presse à Mayotte.

"La situation n'est pas facile, il y a un doute qui s'est installé sur l'action publique au sens large", a-t-il poursuivi.

"Mais là aussi, nous avons un engagement, des réponses et une action", a-t-il assuré. "Mais parfois les choses prennent du temps et il faut l'accepter".

"Projets concrets"

Une de ses réponses est la mise en place d'un dispositif "Choose La Réunion", forum économique en présence d'une cinquantaine de grands investisseurs français et étrangers, destiné à renforcer l'attractivité du territoire et "projeter les acteurs économiques réunionnais" vers les régions voisines, l'Afrique australe et le sous-continent indien.

"Ce type de forum permet de mettre en relation chefs d'entreprises, investisseurs et acteurs publics pour promouvoir les atouts de l'île avec des projets concrets qui y seront annoncés", précise l'Élysé.

Au cours de son séjour, qui s'achèvera vendredi, le président, accompagné notamment par les ministres de l'Économie, du Travail et de l'Agriculture, devrait rencontrer jeudi 24 octobre des demandeurs d'emploi dans une mission locale de Saint-Paul, s'entretenir avec des participants aux nouvelles "représentations citoyennes" mises en place après la crise des "gilets jaunes", et pique-niquer avec des représentants des filières de la production agricole locale à Petite-île (Sud). "J'aurai des messages très forts sur l'agriculture et l'emploi", a assuré le chef de l'État. Ce déplacement intervient juste après une brève escale mercredi matin 23 octobre aux îles Glorieuses, un petit archipel de 7km des îles Eparses, présumées riches en hydrocarbures, administrées par la France et revendiquées par Madagascar. "J'irai avec plusieurs scientifiques sur ce territoire extrêmement stratégique dans la région pour marquer notre engagement en faveur de la biodiversité et le choix d'aller au bout de la protection de ce territoire et de le sanctuariser pleinement", a-t-il promis.

AFP/VNA/CVN

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