>>Diverses activités en faveur des victimes de l'agent orange
>>Des messages pour soutenir les victimes de l'agent orange
>>Agir ensemble pour adoucir la douleur de l'agent orange
>>Huit mille personnes à une Marche pour les victimes de la dioxine
Luong Van La est aujourd’hui âgé de 65 ans. Originaire de l’ethnie minoritaire Thai, il habite le petit village de Chang, quelque part dans la province de Diên Biên (Nord).
Le vétéran Luong Van La est l’égérie du développement de l’économie familiale dans le village de Chang. |
En 1971, frais émoulu de l’École secondaire de l’agronomie et de la sylviculture de la province montagneuse de Son La (Nord), lui et ses amis étudiants rédigent chacun - et de leur propre chef - une demande pour effectuer leur service militaire. Engagé en tant qu’éclaireur, Luong Van La participe à de rudes batailles au Centre et au Sud du pays, notamment la province de Quang Tri, ainsi qu’au Sud du Laos. C’est peut-être lors des journées de combat dans le Sud qu’il est entré en contact avec l’agent orange, ce défoliant à forte teneur en dioxine, une substance hautement toxique.
Le lourd tribut de la guerre
En 1977, Luong Van La est démobilisé et retourne à Chang, le village qui l’a vu naître. Il épouse une jeune fille locale. En gage de solidarité, son grand frère donne au jeune couple cinq bols, les mariés élisant domicile dans une petite bicoque, construite à la lisière de la forêt. Sa femme met au monde sept enfants. Mais l’agent orange fait son œuvre... Les deux premiers bébés sont mort-nés. Les trois suivants naissent paralysés et ne sont pas capables de se déplacer. Quant aux deux derniers, ils sont atteints de troubles psychomoteurs qui les empêchent d’être scolarisés.
Luong Van La s’occupe avec dévouement de deux de ses filles, victimes collatérales de l’agent orange. |
Consternés, les villageois pensent que le diable a ourdi un complot à l’encontre de la famille de Luong Van La, qui vend ses buffles, cochons et fait venir un thây cung (un chaman) pour chasser le démon de la maison. Mais rien n’y fait. Il apprend la vérité quelques temps plus tard, à l’occasion d’un examen médical dans un hôpital provincial qui révèle que tous ses enfants souffrent des suites de son exposition à l’agent orange.
Prendre le taureau par les cornes
Mais le couple ne se laisse pas abattre et se lance dans la production pour sortir de la pauvreté. Bénéficiant d’un prêt de 5 millions de dôngs auprès du Fonds pour l’éradication de la pauvreté, il achète un buffle, des cochons et des coqs. Puis, il creuse cinq étangs de 900 m² chacun pour l’élevage piscicole, sans compter les terres destinées à la culture du riz et d’autres céréales.
Travaillant sans relâche, le vétéran tire rapidement profit de son labeur. Son activité lui rapporte en moyenne 70-80 millions de dôngs de chiffre d’affaires par an. Sa famille dispose aujourd’hui d’un important cheptel de buffles, chèvres, cochons et volailles. Ses cinq étangs donnent plus d’une tonne de poissons chaque année, sans compter la pension d’invalidité que perçoivent Luong Van La et ses enfants depuis 2007.
Luong Van La et sa femme devant leur nouvelle maison sur pilotis. |
Photo : Quôc Hùng/CVN |
Ces nouvelles mannes financières lui permettent d’investir dans l’achat d’une décortiqueuse de riz, d’une moto, d’un téléviseur et d’autres équipements modernes. Une nouvelle maison sur pilotis, imposante et cossue, a même pris la place, il y a peu, de la modeste habitation d’antan.
Outre le développement de l’économie familiale, Luong Van La participe avec ardeur aux activités sociales. Il est le chef de l’Organisation des vétérans du village de Chang, qui compte 12 membres. Ces derniers n’ont pas la vie facile. Toujours actif, M. La a l’idée de lever des fonds dans le cadre de l’organisation. Une initiative qui permet d’acheter deux vaches, lesquelles ont depuis donné naissance à sept veaux. Ce sont les familles des membres de l’organisation qui prennent en charge les bovins.
L’investissement initial a été largement rentabilisé. Cette opération est même très lucrative pour l’Organisation des vétérans du village de Chang, qui peut désormais œuvrer pour le bien commun des villageois.
Dernièrement, Luong Van La a offert 2.000 m² de terrain pour la construction d’une maison culturelle et d’une école maternelle, qu’il jugeait trop éloignée du village. Et gageons que ce bienfaiteur, qui fourmille d’idées pour la communauté, n’en est pas à son dernier fait d’armes.
Quê Anh/CVN