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Une usine sidérurgique à Hambourg, en Allemagne, le 7 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La proposition, qui fera l'objet de négociations entre eurodéputés et États membres, s'intéresse aux techniques de capture et stockage du carbone (CCS). Elles supposent de capter le CO2 sur des sites industriels (sidérurgie, cimenterie, chimie, centrales électriques...) pour l'injecter dans des réservoirs géologiques hermétiques.
Mais à côté de cette élimination "permanente", Bruxelles vise également les activités agricoles et de sylviculture permettent de stocker du CO2 dans des prairies, forêts ou tourbières.
Pour atteindre la neutralité carbone de l'Europe en 2050, les écosystèmes naturels et les technologies de capture "doivent contribuer à éliminer de l'atmosphère plusieurs centaines de millions de tonnes de CO2 par an (...) Avec les politiques actuelles, l'UE n'est pas en mesure d'y parvenir", souligne l'exécutif européen, dans un projet du texte consulté par l'AFP.
La Commission entend donc fixer "un cadre de certification (...) crédible" pour encourager les projets d'absorption -des règles harmonisées et stables ouvrant la voie à l'obtention et à la vente de crédits sur le marché carbone européen.
Les absorptions ne pourraient être certifiées que si l'activité concernée "a un impact neutre ou positif" sur l'environnement, si le carbone capturé est stocké sur "le long terme" et sous surveillance, et, pour l'agriculture ou la sylviculture, si le volume absorbé est supérieur aux émissions du même site.
Bruxelles prévoit des "mécanismes appropriés", non précisés, en cas de relâche dans l'atmosphère du CO2 stocké. Il veut, également, inclure les "produits durables" - potentiellement les meubles ou bâtiments en bois.
"Bien trop vague"
La certification est "une brique de base" garantissant aux agriculteurs une incitation financière suffisamment attractive pour les pousser à adopter des pratiques permettant de capturer davantage de CO2, relève Pascal Canfin (Renew, libéraux), président de la commission Environnement au Parlement européen.
De quoi "contribuer à financer les changements de pratiques agricoles", juge-t-il.
"C'est une première étape pour que les Européens prennent au sérieux le stockage de carbone, mais le cadre proposé est bien trop vague quand il s'agit des principes fondamentaux", estime cependant Wijnand Stoefs, de l'ONG Carbon Market Watch. La durée du stockage de "long terme" n'est même pas précisée, a-t-il expliqué.
La centrale éolienne à Eaglesham Moor, en Écosse. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
En guise de garde-fous, l'expert préconise de fixer des objectifs distincts pour l'absorption de carbone et pour la réduction des émissions, et de se concentrer sur le stockage de "haute qualité", celui garanti pour une durée "suffisamment longue" : réservoirs géologiques, mais aussi tourbières et écosystèmes complexes.
Mais M. Stoefs fustige la distribution de crédits carbone aux agriculteurs : "Comment évaluer combien de carbone ira dans les sols (agricoles) et pour combien de temps ? Dans une perspective climatique, il faudrait qu'il y reste au moins 200 ou 300 ans. C'est une promesse que personne ne peut faire".
"Chimère"
Le changement d'usage d'une terre, l'impact d'inondations ou de sécheresses, un incendie de forêt peuvent faire disparaître un stock de carbone "naturel". "Dans ce cas, qui sera responsable et paiera la facture ?", abonde Shefali Sharma, directrice Europe de l'Institute for Agricultural and Trade Policy (IATP).
"L'expérience montre que c'est un stockage de carbone extrêmement temporaire et une activité risquée pour les agriculteurs", indique-t-elle, notant que le texte "squelettique" ne dit rien "des énormes risques de spéculation foncière et d'accaparement des terres agricoles".
Des géants de l'agrochimie et des énergies fossiles pourraient y voir "une gigantesque opportunité de compenser leurs émissions sans les réduire fondamentalement", s'inquiète-t-elle.
Donner la priorité à la capture du CO2 à grande échelle "est un fantasme de +greenwashing+", tonne une déclaration initiée lundi par plusieurs ONG (Fern, Friends of the Earth...) et signée par plus de 200 organisations.
Le projet "s'appuie sur une justification dangereuse et fausse, qui légitime la poursuite des émissions. L'idée que quelqu'un pourrait dans le futur retirer de l'atmosphère une tonne de carbone émise actuellement, estime cette déclaration. Une telle chimère est le moyen le plus sûr de brûler la planète".
AFP/VNA/CVN