L'Union européenne à l'heure des choix pour verdir ses modes de vie

L'Union européenne (UE) s'est engagée à "verdir" ses modes de vie et de production d'ici à 2050 pour limiter le réchauffement du climat, mais passer des promesses aux actes s'annonce douloureux et va imposer des choix politiquement difficiles à assumer pour ses dirigeants.

La Commission européenne, laboratoire de propositions, a présenté le 8 mars une feuille de route préparée par les services de la commissaire au Climat, Connie Hedegaard, pour accompagner la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'UE jusqu'à leur suppression.

"C'est le début d'un travail d'anticipation ambitieux qui représente de gros enjeux et va imposer de faire des grands choix en matière de technologies", a expliqué un négociateur européen.

Ce document suit le plan d'investissements à "mille milliards d'euros" du commissaire à l'Énergie, Gunther Oettinger, pour éliminer le pétrole.

Il sera complété par une série de mesures pour réduire les émissions de CO2 dans les transports et une taxe sur le CO2 qui prendra en compte l'efficacité énergétique et la pollution. Elle concernera l'essence, le diesel, le gaz, le pétrole et le charbon.

La feuille de route élaborée par Mme Hedegaard détaille les efforts à accomplir et propose des étapes pour la période 2020-2050. Les besoins en financements sont estimés à 270 milliards d'euros par an.

L'UE s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95% par rapport à leurs niveaux de 1999 pour 2050 au titre de sa contribution pour limiter le réchauffement de la planète à 2° Celsius.

Cet effort doit être réalisé "par l'UE, dans l'UE", insiste la commissaire. Pas question de se défausser en finançant des projets verts à l'étranger, a-t-elle averti.

Les États européens ont pratiquement atteint leurs objectifs de réduire leurs émissions de 20% pour 2020 grâce aux contraintes imposées à l'industrie lourde et aux producteurs d'électricité.

Mais les prochaines étapes s'annoncent plus délicates, car l'essentiel de l'effort se concentrera sur des catégories de pollueurs jusqu'à présent peu impliquées : l'agriculture va devoir réduire ses émissions de 42 à 49%, le bâtiment de 88 à 91% et le transport de 54 à 67%.

Ces secteurs représentent 60% des 4,9 millions de tonnes de CO2 émises chaque année par l'UE. Ils ont été impliqués dans l'effort, mais sur une base volontaire. Or cela ne fonctionne pas, déplore la Commission, qui veut imposer des objectifs contraignants en 2013.

La menace vaut également pour les économies d'énergies. L'UE s'était engagée sur un objectif de 20% en 2020, mais l'effort patine à 10%, a déploré le président de l'exécutif, José Manuel Barroso.

Les gouvernements refusent cette manière de procéder par la contrainte. Au sein même de la Commission, certains résistent. Ainsi, M. Oettinger a mis en garde dimanche contre des objectifs trop ambitieux de réduction d'émissions de gaz à effet de serre de la part de l'UE.

"Je crois que les 20% sont la voie moyenne idéale. Les Fédérations allemande et européenne de l'Industrie, auxquelles appartiennent aussi des firmes spécialisées dans les techniques de l'environnement, mettent clairement en garde contre une baisse à 30% si l'Europe est seule à le faire", a-t-il déclaré dans un journal allemand.

La manière de "verdir" telle qu'elle est conçue par les gouvernements fait en outre blêmir les écologistes, convaincus que les énergies renouvelables vont se substituer au pétrole.

La France ne l'entend pas ainsi. Elle a obtenu la prise en compte du nucléaire comme source d'énergie "faiblement carbonée" par Mme Hedegaard et le met en compétition avec l'éolien, le solaire, la géothermie.

AFP/VNA/CVN

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