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Des avions de la compagnie allemande Lufthansa sur le tarmac de l'aéroport de Munich. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Il s'agit dans un premier temps d'acquérir une part minoritaire et de convenir d'options pour l'achat des parts restantes à une date ultérieure", a indiqué l'entreprise allemande dans un communiqué, après des mois de négociations en coulisse avec Rome. Le groupe n'a pas précisé la participation visée dans la compagnie publique italienne, née en 2021 des cendres d'Alitalia, que le gouvernement tente de vendre depuis un an.
Selon la presse italienne, Lufthansa convoite une part de 40%, évaluée à environ 300 millions d'euros. "Sous réserve de la signature du protocole d'accord par les deux parties, d'autres négociations et discussions seraient menées sur une base exclusive", précise le communiqué.
Peu avant, le concurrent Air France-KLM, membre d'un consortium retenu par le précédent gouvernement italien pour la privatisation d'ITA, avait annoncé ne pas se porter candidat, laissant Lufthansa seul en piste.
Le groupe allemand pourrait ainsi suivre la voie déjà empruntée pour sa montée au capital de Brussels Airlines, acquise en deux étapes, en 2009 et 2016. Lufthansa possède également les compagnies Swiss et Austrian.
Le ministère italien de l'Économie a confirmé dans la soirée dans un bref communiqué avoir reçu une seule offre, celle de Lufthansa. Le gouvernement "se réserve le droit de l'examiner" à la lumière du décret paru début janvier sur la privatisation d'ITA Airways qui demande notamment au futur repreneur des garanties sur l'emploi et le développement du réseau international.
Compagnie à redresser
Une cession d'ITA Airways, si elle se concrétise, mettrait fin à une longue période d'incertitude marquée par des soubresauts et tensions au sein de la compagnie qui a pris son envol en octobre 2021 et reste en quête de rentabilité. Elle constituerait une bouffée d'oxygène pour l'État italien, car au fil des années, il a dû débourser plus de 13 milliards d'euros pour tenter de remettre à flot la compagnie nationale.
Dès l'acquisition d'une part minoritaire d'ITA, Lufthansa devrait prendre les commandes du successeur d'Alitalia, même si l'État italien garderait un droit de regard sur les décisions stratégiques.
La meilleure solution serait à terme une prise de contrôle "complète" d'ITA par Lufthansa pour s'affranchir de tout risque d'ingérence de l'État italien, a commenté Andreas Jahnke, expert chez Accenture.
L'avion de la compagnie ITA à son décollage de l'aéroport de Rome Fiumicino. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le Pdg de Lufthansa Carsten Spohr lorgne depuis longtemps sur le marché italien, "le plus important" pour le groupe "en dehors de ses marchés intérieurs et des États-Unis", selon le communiqué.
L'annonce a été bien accueillie à la Bourse de Francfort, où le titre de Lufthansa a clôturé en hausse de 5,17% à 9,26 euros. L'offre du premier groupe européen du transport aérien survient après deux tentatives avortées de Lufthansa d'entrer au capital d'Alitalia, en 2009 et 2019.
Géant européen
Rome avait donné en février son feu vert à la privatisation d'ITA Airways, contrôlée à 100% par l'État. L'ancien gouvernement de Mario Draghi avait sélectionné fin août l'offre concurrente du fonds d'investissement américain Certares, associé à Air France-KLM et Delta Air Lines, en vue de l'ouverture de négociations exclusives.
Devant l'absence de progrès dans les discussions, le ministre de l'Économie, Giancarlo Giorgetti, avait annoncé en octobre sa décision de ne pas renouveler la période d'exclusivité, remettant ainsi Lufthansa en piste.
Une entrée au capital par Air France-KLM n'aurait pas pu dépasser 10%, car la compagnie a les mains liées en raison des conditions imposées par Bruxelles en contrepartie de l'aide publique reçue pour surmonter la crise du COVID-19.
En l'absence de partenaire, ITA n'avait guère de chance de survie face à la concurrence très rude des compagnies à bas coûts. "Il n'y a pas d'autre voie pour ITA que l'intégration au sein d'un grand groupe", a commenté sur Twitter Andrea Giuricin, économiste des transports à l'université Bicocca de Milan.
AFP/VNA/CVN